Resurrection.

- 0 -

On dit toujours que la perte d'un être cher, est ce qu'il y a de plus dur à vivre. Mais peut-on imaginer vivre avec l'idée de perdre une personne que l'on aime à tout moment, alors qu'elle est encore en vie ? Peut-on envisager l'idée d'être aux côtés de celle-ci, alors que nous ne sommes même pas sûrs de savoir si elle entend nos mots, nos murmures, si elle sent notre peau entrer en contact avec la sienne, si simplement elle peut respirer par elle-même, ou si ces énormes tuyaux placés dans les narines ou dans la gorge, le font à sa place ? Imaginons-nous un seul instant si nous pourrions vivre la souffrance d'un espoir explosé dû à son décès, après des années et des années dans l'attente qu'il ou elle puisse ouvrir enfin les yeux, et puis au final ? Rien ?
Oui, rien. Rien, d'ailleurs n'était autour de lui. Il était au beau milieu de la pièce. Une pièce bien vide. Hormis la présence constante des machines qui l'aidaient à vivre. Mais le monde dans lequel il vivait, survivait même, rien n'a su le remettre sur pieds. Pas une potion, pas un sortilège, pas même un rituel n'ont su l'aider à rouvrir les yeux. Il était là, Harry Potter, le survivant, à Sainte-Mangouste, le célèbre hôpital du monde des sorciers. Alors on a fait appel aux services moldus, à leurs moyens de garder quelqu'un étant dans le coma, en vie.
Personne n'a réellement su ce qui a bien pu se passer pour qu'Harry soit plongé dans un profond coma. Pas même ses amis. Oui, c'était une affaire étrange qui a inquiété le ministère de la magie durant de longs mois. De nombreux moyens avaient été employés ; toutes les personnes ayant assistées à la chute du jeune sorcier, avait été interrogées et leurs souvenirs extraits afin de pouvoir les analyser. Des tentatives de voyage dans le temps avaient été faites. Mais en vain.

Comment la seule personne ayant pu survivre à Lord Voldemort, puisse tomber mystérieusement dans un sombre sommeil avant même de pouvoir en finir avec lui ? Qui avait réduit au silence le plus redouté des mages noirs ? Personne n'a pu le savoir non plus. Oui, la fin de la guerre a été particulièrement difficile sans le garçon qui avait survécu. Plus nombreux en furent les morts, que vous ne le pensiez.

Heureusement, Harry n'était oublié de personne dans son entourage. Ses amis Hermione et Ron passaient très régulièrement le voir à Sainte-Mangouste. Enfin, Hermione y était chaque soir, pour lui raconter sa journée, faire en sorte de continuer à vivre, comme s'il était avec elle, en train de parler, de la féliciter ou de la rassurer lorsqu'elle en avait le besoin. Ron et elle, ça n'avait pas durer très longtemps après la guerre. Lorsque Harry avait été transféré à Sainte-Mangouste, la peine pour Hermione était beaucoup trop grande et malheureusement Ron ne sut pas comment la dissiper. Alors elle a préféré partir du terrier, en quête d'une vie solitaire, juste le temps de panser ses blessures.
Quand à Ron, la chute de son meilleur ami dans le coma, l'a lui-même mis au fin fond des abysses. Mais trop fier, à l'orgueil surdimensionné, et ne laissant rien paraître, il portait un masque. Comme si la vie continuait son cours, qu'il valait mieux vivre plutôt que s'apitoyer sur le sort de quelqu'un coincé dans un lit. Certes, il fallait y penser, il n'était pas aussi cruel et dénué de sens que cela, mais rien n'empêcherait le jeune rouquin à la façade de fer de continuer sa vie comme il le voulait.
De temps à autre, Neville, Luna, Dean ou encore Simus, passaient eux aussi voir Harry. Neville lui raconte tout un tas d'histoires sur la botanique, tout en espérant que ses anecdotes pourraient faire rire le garçon. Luna, elle, eh bien c'était Luna ... Dean et Simus venaient ensemble raconter les derniers exploits des Canons de Chudley. Ginny Weasley elle, n'allait jamais voir Harry. Après qu'il lui ait fait comprendre en sixième année qu'il n'avait pas de sentiments pour la jeune fille, elle lui avait fait vivre un enfer à Poudlard. Donc évidemment ...

Aujourd'hui, cela fait déjà trois ans que la guerre a pris fin, et que Harry est à Sainte-Mangouste. C'est un vrai calvaire pour tout le monde, que de le savoir là où il est.
À Londres, dans une rue commerçante, la pluie tombait en abondance, le ciel montrait ses éclairs par ci par là, et au beau milieu de ces trombes d'eau passait une jeune femme abritée sous un parapluie noir. Elle portait un trench-coat beige qui dessinait parfaitement sa silhouette. Elle avait aussi des cernes en dessous des yeux, leur profondeur comparable à celle d'un grand canyon. Oui, elle était totalement fatiguée. Avançant d'un pas assuré, elle s'arrêta devant la vitrine d'un ancien grand commerce abandonné de vêtements qui portait encore son enseigne ; Purge & Pionce Ltd. Elle s'était arrêtée devant un mannequin féminin à la perruque châtain et frisée, portant une longue cape noire et un petit chapeau blanc avec écrit en lettres noires et brodées "Nurse". La jeune femme ouvrit la bouche et dit avec émotion :