Sex VS The World : Chroniques Sexuelles d'une personne d'aujourd'hui

4. Le Jour où je suis devenu une Femme

Enfin, virtuellement, je veux dire.

Déjà, il faut savoir que je suis profondément féministe. Cela fait des années que je prône l'égalité homme-femme, et ce n'est pas près de changer. Mais quand je vois le comportement de certains mecs, je me dis qu'il y a encore du chemin à parcourir. J'ai donc voulu procéder à un petit test, en me faisant passer pour une femme sur un tchat. Sans photo, rien, ni changement d'âge, juste un changement de sexe virtuel. Au mieux, j'indiquais que j'avais une webcam. Et après quelques heures, je n'ai qu'un truc à dire : mesdames, je compatis.

A peine débarqué, 5 messages privés. Ça va du simple « cc, sa va » (oui, avec cet orthographe), à la proposition de cul tout ce qu'il y a de plus banale (« t chaude ? » et j'en passe). Ce qui est le plus surprenant dans tout ça, c'est de voir la fréquence à laquelle les messages arrivent : en à peine 10 minutes, presque une vingtaine de messages, tous plus dérangeants les uns que les autres. Et il y a de tout : du fétichiste des pieds au dominateur et au soumis, en passant par le pigeon qui veut tout vous payer, l'ado en chaleur qui ment sur son âge pour espérer choper plus âgé, le fake qui prend la photo d'un autre, et persiste à dire que c'est lui alors que vous l'avez grillé (merci Google Images) ou encore le gars qui insiste à demander votre cam alors que vous lui avez clairement dit non, j'en ai vu de toutes les couleurs. Et encore, je vous fais grâce des plus trash qui m'ont donné envie de vomir. Déjà que sur un tchat gay, j'ai presque honte d'être homo quand je vois certaines annonces, mais dans le genre, certains mecs hétéros ne font guère mieux. Ça prend la femme pour acquise, ça les appelle « bb » à tout bout de champ, ça envoie des photos de bite sans savoir pourquoi on est là...

Mais le pire dans tout ça, c'est de voir leur réaction face à un refus catégorique. Ça va de soi que je ne profite pas de la situation pour mater (ça n'a jamais été mon genre), mais dès que je disais NON, les réactions sont presque toutes les mêmes : « t lesbienne ? Timide ? Complexée ? »...Et encore, je vous fais grâce des innombrables « Coincée » que j'ai pu avoir. Et visiblement, le cliché de « non, ça veut dire oui » a la vie dure : « on sait toutes que quand vous dites non, ça veut dire oui, vous aimez bien vous faire désirer ». Eh, mon gars, où tu as vu qu'une femme aimait qu'un gars insiste lourdement parce que c'est ce qu'elle désire secrètement ? Tu la connais mieux qu'elle-même, peut être ? Un NON, c'est court, simple et facile à comprendre par tout le monde. Mais visiblement pas par toi, on dirait. Alors oui, il y a eu des personnes très polies, mais disons que dans la plupart des cas, c'est comme ça. Parfois, même, ça essayait de me faire culpabiliser en disant que je ratais un truc. Oui, en effet, un gros vantard sûr de lui. Ah si, j'ai eu mieux une fois : le gars me laissait le choix de le mater ou pas, j'ai dit non, et il a menacé de pirater mon ordinateur en me citant une adresse IP sortie de nulle part... Sauf que visiblement, tu aurais dû te renseigner un peu plus, parce qu'une adresse IP, c'est des chiffres, pas des lettres... Encore heureux que le ridicule ne tue pas, certains seraient morts depuis longtemps.

C'est dingue de voir à quel point l'être humain le plus normal qui soit peut devenir basique et primaire dès qu'il a des envies de sexe. Je veux bien croire que c'est naturel, mais quand même. Au lieu de vous cacher derrière l'excuse de « c'est virtuel,on s'en fout, ce n'est pas grave », rentrez vous ça dans la tête : oui, c'est peut être virtuel, mais la personne que vous harcelez parce que vous avez une envie soudaine, elle est aussi réelle que vous. C'est tout sauf acceptable, et dites vous bien que si elle en a envie, elle peut aller porter plainte.

Comme disait Albert Einstein : « il y a deux choses infinies, l'univers et la connerie humaine. Pour l'univers, je n'en suis pas sûr ». Et c'est triste de constater qu'il avait raison.