~CHAPITRE 9~

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- ...Et rendre le bouquin de merde sur nos rêves pour lundi, résonne la voix grincheuse de Jason dans le combiné.

- D'accord, merci, je réponds faiblement.

Il y a un petit silence au bout duquel, n'y tenant plus, Jas me demande :

- Mec, tu es sûr que ça va ?

- Oui, oui, dis-je d'une voix qui se veut assurée.

- Ça fait quand même une semaine que tu as « un petit rhume », fait remarquer mon ami, sceptique. Je t'ai vu venir en cours avec une jambe dans le plâtre et une tête de hamster post opération dents de sagesse...On ne me la fait pas à moi, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Rien, asséné-je avec humeur. Je suis juste malade.

- Enzo, grogne Jas, accouche !

- Nan.

- Ah, ah ! DONC il y a un truc, en déduit mon ami d'un ton enjoué.

- Nan, ronchonné-je avec mauvaise foi.

- C'est ta mère ?

- Hmm.

- Ta sœur ?

- Hmmm.

- Tu es amoureux ?

- ...

- Aaaaaaaah ? S'écrie la voix surexcitée de mon ami.

Parfois, ce mec est insupportable. Je soupire en secouant la tête.

- Non.

Jas cesse de parler, semblant réfléchir.

- Est-ce que ça a un rapport avec l'Ensorceleuse ? Demanda-t-il enfin d'une voix plus calme et dangereusement innocente.

Je prends un ton méfiant :

- Pourquoi ça en aurait un ?

- Elle aussi n'a pas donné signe de vie depuis une semaine.

Mon cœur rate un battement. Qu'est-ce que cela signifie ? Notre altercation l'aurait-elle affectée aussi ? A moins que les personnes dont elle pensait que je faisais partie ne s'en soient prises à elle ?

Malgré la peur que la jeune fille m'inspire, je ne peux m'empêcher d'éprouver un sentiment d'inquiétude.

- ...Je prends ça pour un oui, dit Jas en adoptant un ton brusquement sinistre.

- Hein ?

La tonalité qui résonne désormais au creux de mon oreille m'indique que le jeune homme a raccroché. Mon dieu, que va-t-il s'imaginer encore ? Et c'était quoi cette voix d'outre-tombe ?

Une chose est certaine : lundi, je retourne en cours. En attendant, le pense qu'un petit passage chez mademoiselle la sorcière s'impose.

Je muselle la petite voix qui me hurle que ce n'est vraiment pas une bonne idée et saute au bas de mon lit.

Un bref coup d'œil par la fenêtre m'indique qu'il fait assez chaud pour me permettre de sortir en tee-shirt et j'en enfile donc un à la hâte, avec un de mes éternels pantalons noirs. Après un passage prompt -mais obligatoire si je ne veux pas ressembler à un ananas- dans la salle de bain, je m'éclipse de la maison en silence afin de ne pas réveiller ma mère qui dort, épuisée par sa nuit et sa matinée de travail.

La route pour aller chez Esmérya passe en un clin d'œil et je me gare bientôt dans une rue adjacente à la sienne.

Je m'observe une dernière fois dans le reflet du rétroviseur intérieur et, essayant de palier aux cernes qui marquent le dessous de mes yeux ainsi qu'à mon teint fatigué, je plaque un sourire colgate sur mon visage et sors du véhicule.

Les Ailes de l'EnsorceleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant