Syara

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- Secteur 03 est appelé à la cafétéria !
Un cliquetis dans la serrure indique qu'un surveillant est en train de déverrouiller la porte. Celle-ci s'ouvre dans un grincement horrible laissant apparaître un jeune homme que je n'ai encore jamais vu. Pourtant, je les connais tous jusqu'au Sergent Hower. Ca me surprend que la prison recrute, le bruit courait de cellule en cellule qu'elle rencontrait d'importants problèmes financiers.

Il m'examine comme si j'allais lui sauter dessus puis se redresse en tendant une paire de menotte :
- Heu... Salut ?
- Salut... fis-je dans un froncement de sourcil perplexe, surprise qu'il m'adresse la parole.

- Tourne toi, il faut que je te menotte, tenta-t-il avec peu d'autorité.


Je me retourne, en liant les poignets. La morsure glacée du métal me brûle. Il les a serrées bien trop forts ! Quel idiot ! Il me fait sortir de ma cellule tout en veillant à bien fermer derrière lui. Je sens son regard dans mon dos.

Le nouveau m'escorte le long des corridors sous les néons vieux et grésillant qui brûlent les yeux :
- Je m'appelle Milio, fait-il en brisant le silence.
- Tu me parles ?
- Bah, pourquoi je te parlerai pas ? s'étonne-t-il en me fixant de ses yeux beaucoup trop grands pour le reste de son visage.
- La plupart du personnel ne daigne même pas de nous regarder.
- Ah...
- Si tu tiens vraiment à le savoir, je m'appelle Syara.
- J'ai une cousine qui s'appelle comme ça, fait-il remarquer.
- Génial...

Arrivés devant les portes à battant grises du réfectoire, il me libère de mes menottes :
- Merci, dis-je, un peu amer.
- De quoi ?
- Du peu d'attention que tu m'as accordé et de m'avoir enlevé ces satanées menottes trop serrées, déclarais-je en le regardant droit dans les yeux, me retenant d'esquisser un tout petit sourire.


Il sourit et part sans se retourner, sa frêle silouhette disparaissant à l'angle du couloir. Je me tourne vers la file des prisonnières qui vont manger, le Sergent J.Hower, directrice de la prison, une femme à l'allure stricte presque militaire derrière des yeux bleus électriques et une mâchoire carrée, notant les prénoms et matricules des prisonnières, en tête de file. Quand vient mon tour :
- Matricule et prénom ?
- Matricule 03865, Syara.
- Ne lève pas les yeux au ciel. Prends ton plateau et va t'asseoir. Ne traîne pas !

Je parcours la pièce du regard espérant trouver une table de libre. Au fond, sur la droite, à côté des brots sont attablées Dyvia, Selinda et Lynaël. La table d'à côté par Vitalie, Deïna et Aelie. Une proximité qui en règle général fait des étincelles.
Des nouvelles, reconnaissables à leur habits oranges, se lèvent, et je me jette presque sur la table enfin libre, sous le regard dur du gardien Ahodren qui surveille ce jour-là. Eowyn a du mal à le piffrer et j'ai bien l'impression que c'est réciproque : rien d'habituel jusque là, vu que gardiens et détenues ne sont pas là pour devenir les meilleurs amis du monde. Mais le truc, c'est que ces deux là ne se le cache pas !

Je commence à piocher dans mon assiette lorsque je vois cette dernière s'approcher à grands pas vers moi. Elle est superbe. Jolie métisse avec une particularité : des yeux d'un bleus intense presque électrique. La détenue possède également une cicatrice le long de sa joue gauche qui part du nez jusqu'au début de la mâchoire.

Elle me sourit et s'assoit juste en face de moi :
- Tu me croiras jamais si je te dis que c'est encore ce boulet d'Aslan qui m'a escorté ! On dirait que le Sergent fait exprès de me le coller aux fesses, sûrement parce que j'ai traité l'autre boulet d'imbécile bourge qui pète plus au que son cul, devant elle, fait-elle en désignant Ahodren d'un geste de la main désinvolte...

Je vous l'ai dit, une grande histoire d'amour ces deux là !

Passé et regretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant