Nyotaimori: BoyxBoy

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Les bruits de la nuit étaient assourdissants, emplis de crissements d'insectes en tout genre et de craquements inquiétants dans les auteurs n'étaient même pas visibles. Parfois il y avait un gazouillement d'oiseau, presque craintif, comme s'il n'osait pas déranger les ombres envahissantes du soir tombé. Il y avait là un chemin banalisé sagement par l'homme, dont l'une des extrémités était une ville florissante, et pour l'autre un carrefour menant à d'autres endroits de la sorte. Quatre personnes s'y déplaçaient tranquillement sous l'œil bienveillant d'une pleine lune miroitant sur la nature environnante d'un éclat diaphane magnifique. Elle laissait un voile gris sur les feuillages, les troncs, et autres chemins connus ou à peine esquissés. Enveloppés dans des capes qui recouvraient même leurs têtes, elles marchaient près des uns et des autres, profitant des ombres pleines pour disparaître par moment de ceux qui auraient pu les voir.

Le calme de la nuit et de la forêt environnante commença bientôt à disparaître, laissant place à un brouhaha humain qui grandissait à mesure que le groupe s'approchait des bâtiments grisâtres. Ensemble ils empruntèrent une ruelle sale et puante où un chien se mit à aboyer sur leur passage. Il le regretta bientôt, geignant de douleur en courant s'abriter sous un carton. L'animal avait senti l'aura d'un des hommes augmenter dangereusement, au point de sentir qu'il voulait le tuer. D'ailleurs sous l'une des capuches, il avait deviné un œil jaune, brillant d'une lueur sauvage et meurtrière.

-Calme-toi.

Un avertissement plus qu'un conseil dit d'une voix froide et insipide par celui qui se tenait souvent un pas devant le reste de la bande. Ne se voyant pas écouter, il se tourna vers celui qui faisait une bonne tête et demie de plus que lui, et lui montra son seul argument qu'était une paire d'yeux d'un rouge flamboyant. Le chien se mit à glapir et se sauva en quatrième vitesse, la queue entre les jambes. Tellement pressé, qu'il se prit un coin de mur en détalant. Il se releva néanmoins, presque instantanément, pour fuir à nouveau en hurlant à la mort. L'autre baissa la tête et en hocha pour lui dire qu'il avait compris. Un gloussement féminin se fit entendre, aussitôt suivi par un :

-Salope.

-Ferme-là, espèce de …

-Taisez-vous maintenant vous deux.

L'air s'était fait tout d'un coup beaucoup plus froid, et ils se turent en attendant que leur chef les guide de nouveau et arrête de les fixer. Chose qu'il fit après quelques secondes, marchant calmement comme s'il se promenait, avançant sans aucune difficulté malgré la noirceur des lieux. Ils rejoignirent bien vite une rue passante où il y avait beaucoup plus de monde et où les odeurs se mêlaient. Les gens allaient çà et là, tantôt devant un snack, tantôt devant des salles de jeu ou d'autres du même genre. L'air était empli de parfum, d'odeur de nourriture et d'alcool. La vie de la nuit avait pris le pas sur celle imposée le jour, les énormes affiches attirant les badauds tout comme les néons lumineux captaient leurs regards, leur faisant oublier le ciel qu'ils ne distinguaient que très mal d'ici. Plusieurs groupes riaient, d'autres parlaient un peu plus fort, certains se faisaient discrets, l'endroit était vivant alors qu'eux semblaient n'être que des zombies.

Ils errèrent un moment dans cette ville, découvrant des lieux, des gens, beaucoup de choses qui les éloignaient du monde dans lequel ils vivaient depuis si longtemps. Le leur était rempli de meurtres et de trahisons, c'était la loi du plus fort qui prévalait si ce n'était quelquefois celle du plus malin. Il y était important de faire les bonnes alliances et de ne jamais hésiter sur les coups-bas, cela sans aucuns sentiments des liens qui auraient pu se créer. C'était un univers bien plus dur que celui où ces personnes évoluaient sans se rendre compte de rien, suivant le flot et s'énervant pour un rien. Eux ne savaient pas ce que c'était que de mourir parce qu'on l'avait ordonné. Le chef du groupe serra le poing, ne supportant plus cette ambiance. Très vite il bifurqua dans une ruelle quasi déserte, et il continua de les mener pour une destination qui leur était inconnue.

Nyotaimori: BoyxBoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant