"...réveille toi et viens manger un peu."
Une voix douce me réveille et un instant s'écoule avant que j'analyse les paroles qui me sont destinées.
Ma mère m'appelle de la cuisine pour qu'enfin je sorte de ma chambre, et que je mange avec elle.Cette phrase m'entraîne dans une habitude quotidienne durant laquelle toutes les parties de mon corps se remettent en marche pour faire circuler le sang normalement dans mes veines à nouveau. Je lance un regard vers mes mains: ma vue encore floue due à mon réveil récent ne me permet de ne voir que des veines bleutées et gonflées sur mes mains pâles.
Une fois ma vue rétablie, j'entreprends de sortir cette masse de mon lit et d'arranger mes cheveux bleus mêlés avant de rejoindre ma mère. C'est une heure tardive pour se lever, je peux l'affirmer rien qu'à la lumière chaude qui s'infiltre à travers les lattes de mes volets.
Je jette un œil à mon réveil négligemment posé au sol pour le confirmer: il est midi et demie. Mais je ne m'inquiète pas, je ne suis pas pressé aujourd'hui.Je n'ai toujours pas répondu à ma mère, mais elle n'attend pas de réponse de ma part. Cela fais presque un an que j'ai arrêté de parler. Je ne suis même plus sûr de la raison précise de cette décision, mais ce dont je suis certain c'est que la parole n'est pas chez moi quelque chose qui risque de revenir de sitôt. Je me suis lassé trop vite de la communication de sentiments et me suis habitué au silence d'une vie sans paroles.
Ce vide est comblé avec de la musique, et ainsi les paroles de centaines de personnes différentes emplissent mon espace et donnent de la vie à cette maison sans expression. Parfois même, je m'aventure à émettre quelques notes sur ma vieille guitare... Mais le manque de talent est tellement évident que je me retiens pour épargner les oreilles de ma mère. Et les miennes.
Mon pied droit touche le sol, entraînant le gauche à le suivre dans son élan. Et me voilà enfin apte à me lever et avoir un contact humain avec ma mère, au lieu de me traîner comme à mon habitude avec une attitude de zombie.
Un pas, puis un autre en direction de l'escalier, et je me met peu à peu à descendre les dix-sept marches qui me séparent du rez-de-chaussée. Chacune d'elles émettent sous mes pieds un choc qui se repend dans tout mon corps et m'invite sans attendre à retourner me coucher pour arrêter ce calvaire. Mais je ne flanche pas et arrive finalement dans la cuisine.
Là, mon cerveau fatigué transmet machinalement l'information à ma bouche de sourire en remerciement à ma pauvre mère qui me supporte à présent depuis 17 longues années. Celle-ci doit être devenue folle à cause de moi, depuis le temps.
Je m'affale en face d'elle dans une chaise, soulagé que celle-ci soit si proche.
"J'ai préparé du café."
Ces mots me font redresser la tête. Oui, un café me ferait le plus grand bien. Je lui tend ma tasse pour qu'elle m'en verse, puis une fois fait je colle mes mains froides autours pour les réchauffer. Je regarde ma mère qui boit le sien: ses cheveux à elle sont bien coiffés comme d'habitude, et elle à déjà pris une douche et s'est habillé avec autre chose qu'un pyjama depuis bien longtemps.Mes yeux se ferment automatiquement après l'avoir observée et je place ma tête un peu au dessus de mon café pour que la fumée s'engouffre autour de mon visage. La chaleur qui se diffuse semble me redonner vie, et un sourire sincère apparait enfin sur le bout de mes lèvres éternellement fermées.
"Écoute..."
Ma mère commence sa phrase juste par ce mot, puis marque une pause le temps qu'elle soit sûre que je l'écoute parler. Je suis à présent bien réveillé, alors je relève la tête et ouvre les yeux pour lui accorder toute mon attention. Je remarque sur son visage que quelque chose ne va pas, sans pouvoir définir la source de son problème.
VOUS LISEZ
.Aleks.
ParanormalIls veulent donc tous savoir ce que j'ai dans la tête, la "source de mes maux". Vous voulez savoir? Alors regardez vous! La voici, elle tellement proche et évidente qu'elle vous est passée sous les yeux. Vous êtes les démons que vous cherchez à sor...