Les enfants du Gwall

La curiosité est le pire ennemi de notre esprit (2)...

_ Skrupp ! Skrupp ! Skrupp ! s'exclama Adénora. 

_ Qu'est-ce qui se passe ? demanda son mari en regardant autour de lui.

_ Ils nous suivent, répondit-elle rapidement.

_ Quoi ? demanda-t-il en se retournant.

Ayant abaissé la vitre en entendant les cris de l'impératrice, le chauffeur préféra prendre les devants. 

_ Ne vous inquiétez pas votre majesté, nous sommes sortis de l'autoroute bien plus tôt que prévu. J'essaye de les semer sur cette route de campagne pendant que les gardes élaborent un plan. D'ailleurs, accrochez-vous bien, je vais passer par ce champ.

Le couple n'eut pas le temps de réagir qu'ils sentirent l'arrière de la voiture déraper.  

***

Kelya était de plus en plus stressée et faisait maintenant les cent pas devant la grille. Cela faisait déjà trente minutes qu'ils attendaient et elle commençait sérieusement à croire que ses parents se payaient sa tête. Son oncle avait pourtant reçu trois coups de fil, mais n'ayant pas eu de commentaires, elle doutait qu'ils s'agissent d'eux. 

En voyant une berline noire tourner dans la rue quelques minutes plus tard, elle se pétrifia. Elle était aussi terrifiée à l'idée de parler à ses parents. Comment allait-ils réagir ? Allaient-ils la reconnaître ? La jeune fille tremblait comme une feuille, fébrile.

_ Courage !  murmura son oncle à son oreille.

La voiture s'arrêta. Le chauffeur sortit avant d'ouvrir la portière arrière, laissant descendre Célérius et Adénora. Ne voulant surtout pas leur montrer que cela l'affectait, la jeune fille se ressaisit juste avant que sa mère ne lui saute au cou. Elle essaya de s'écarter sans y parvenir.

_ Kelya, ma chérie ! cria Adénora en la serrant dans ses bras. Puis, la plaçant devant elle, elle l'examina. Comme tu es grande et belle, termina-t-elle en lui touchant les cheveux et le visage.

L'adolescente se contenta de foudroyer ses parents du regard. Elle dit au revoir à son oncle et sa tante avant de monter en voiture. Le chauffeur mit ses affaires dans le coffre et la voiture démarra quelques minutes plus tard. Comme si son esprit sentait qu'elle ne reverrait plus cet endroit, elle ne put s'empêcher de regarder une dernière fois derrière elle alors que la voiture s'engageait dans la rue. Ses parents se mirent à lui raconter leur vie "étrange" ballotée entre affaires et voyages d'affaires aux quatre coins du monde. Agacée, la jeune fille regrettait déjà d'avoir accepté ces vacances. Néanmoins, polie, elle fit semblant d'écouter. Sa mère ne s'arrêta que lorsque les hôtesses annoncèrent l'embarquement.

            Une fois confortablement installée, l'adolescente chercha frénétiquement son baladeur dans son sac. À peine l'avait-elle dans les mains qu'elle mit la musique en route. Elle n'avait aucune envie d'entendre de nouvelles anecdotes sur les aventures extraordinaires de ses parents. L'avion décolla et ses parents laissèrent la jeune fille tranquille. Après le repas, Kelya remit ses écouteurs et ferma les yeux et finit par s'endormir, bercée par ses musiques préférées.

Seules les bandes jaunes posées au sol étaient encore allumées lorsqu'elle se réveilla. Près d'elle, les passagers avaient abaissé leur siège pour s'en faire un lit confortable avec des oreillers et des couvertures. Seuls ses parents assis à sa gauche discutaient à voix basse. Elle devait bien admettre que les sièges en première classe étaient moelleux. Ses écouteurs n'étaient plus dans ses oreilles. Il avaient dû tomber pendant qu'elle dormait. elle tapota doucement son corps jusqu'à trouver son baladeur. Celui-ci était posé sur ses genoux, les écouteurs enroulés autour. Sans aucun doute une oeuvre de sa mère.