Une voûte noire formée par la pénombre, s'étendait sous les rangées de sapin, où perçaient par endroit des rayons de lune.
Des bruits angoissants se faisaient échos. Un hululement de chouette ou d'hibou, des branches qui se balançaient sous l'effet du vent ou d'une chose mystérieuse, des craquements, des pas, des hurlements. Était-ce un loup ? Un renard ? Autre chose ?Un bruit de pleurs, secoués d'effrois. Une petite fille se tenait là, au milieu de cette forêt, pieds nus, vêtue d'une légère robe bleue pâle, et d'un legging noir. Elle tenait ses épaules, à moitié recroquevillée. Ses cheveux tombaient devant sa figure, ils semblaient l'isoler, la cacher de ce lieu terrifiant. A chaque respiration, de la buée sortait de sa bouche.
La période printanière s'était pourtant installée mais la nuit, l'air était glacial dans ces bois.
Elle frissonnait de froid et de peur. Ses pieds étaient noircis par la terre et la boue, des plais s'ouvraient sur ses talons et ses orteils.Depuis combien de temps avait - elle marché là ? Elle sursautait à chaque bruit, pleurait de plus belle.
Mais quel âge avait-elle ? Pas plus de cinq. Elle était toute petite, toute frêle.
Elle tomba à genoux et sanglota, les traits de son petit visage d'ange déformés par la terreur. Elle serrait dans ses mains la montre de son collier, si fort qu'elle s'enfonçait dans sa peau.Un bruit de pas et d'halètements ne la rassura guère, elle enfouit sa tête contre ses genoux, en boule et cria.
Deux yeux jaunes brillants la fixaient, ils se rapprochèrent d'elle. La petite fille redressa la tête lentement quand elle sentit un souffle pousser les mèches de ses cheveux sales.
Ses yeux bleus se plantèrent dans les yeux jaunes de la louve qui se trouvait devant elle. Elle arrêta de pleurer. Ses larmes avaient laissé des sillons sur ses joues poussiéreuses. La louve vint lécher son visage, comme si elle nettoyait son petit.D'autres pas, légers mais audibles, vinrent près d'elles. C'était la meute au complet, sept autres loups les avaient rejoint.
Un gris, grand, costaud, aux yeux sombres et noirs, se plaça devant la petite fille, qui s'était enfouit dans les poils de la louve blanche. Il semblait communiqué avec sa congénère.- Papa.... Il est où mon papa... ?
La louve reporta son attention sur la petite fille. Elle semblait percevoir de la tristesse dans les yeux de l'animal.
Deux petites boules de poils déboulèrent de derrière le groupe avant de s'écraser dans les bras de l'enfant. La lumière regagna son visage, elle sourit, son cœur s'apaisa, elle n'avait plus peur à présent. Elle caressa les petits louveteaux.La mère prit doucement un volant de sa robe et le tira. La petite se leva et comprit qu'il fallait suivre la troupe, elle se sentait d'ailleurs plus en sécurité. Elle marcha alors à côté d'elle qui tenait toujours sa robe, le mâle au devant du groupe. Deux loups fermaient la marche. Les petits louveteaux couraient et slalomaient, débordant d'énergie.
Ils s'enfoncèrent au plus profond de la forêt, et débouchèrent sur un lieu digne des contes de fées. Une petite cascade s'écoulait depuis un amas de roches, et venait s'écraser dans un bassin en contrebas. Il était bordé d'arbres et formait une ouverture céleste où la lune apparaissait et reflétait sa lumière sur l'eau calme. Des cailloux étaient déposés minutieusement ça et là comme si quelqu'un avait décidé de leur emplacement. Ils étaient recouverts d'une fine mousse verte et jeune.
La petite fille regardait cet endroit avec des yeux grands ouverts. Ils luisaient à la douce lumière de l'astre de nuit.
La louve la poussa vers l'eau. Elle y trempa ses pieds pour les nettoyer. Le froid du liquide lui glaça le sang et elle se dépêcha d'en ressortir. L'animal la regardait avec bienveillance et se mit à lécher les plaies qu'elle avait.Chacun des loups étaient montés sur les rochers en cercle autour du bassin. C'est alors qu'ils redressèrent leur gueule, la tirant au plus haut vers les cieux, le corps tendu et hurlèrent à la lune. Cela devrait paraître effrayant mais l'enfant les regardait un à un. Il y avait de la tristesse dans leur cris. Ils pleuraient leur peine à leur mère. La petite fille les imita et cria elle aussi sa tristesse à l'astre.
Cela faisait bien 10 semaines qu'elle vivait parmi les loups. Ils la nourrissait de chair de lapin, de perdrix et lui ramenait même du chevreuil. Elle n'en raffolait pas vraiment et avait du mal à les digérer.
Ce jour-là, elle décida de suivre la louve blanche, au petit matin. Le soleil venait juste de pointer son nez et il réchauffait déjà le sol, d'où émanaient les odeurs de la terre, et la senteur des tapis de fleurs.
Elle courrait, toujours pieds nus, dans cette même robe sale, à la recherche de baies des bois, ce qu'elle adorait, bien plus que la chair fraîche de la viande. Beurk. Elle dévora des mures sauvages avant de repartir de plus belle.Soudain, la louve qui la suivait, se figea et bougea ses oreilles dans tous les sens. Elle se mit à couiner. L'enfant regarda l'animal qui semblait paniqué. Elle écouta à son tour. Il y avait les bruits de la forêt, les bruissement des feuilles, les lièvres qui bondissaient pour échapper à des prédateurs, et...oui, des conversations, deux hommes qui discutaient, ils se rapprochaient.
- Quand on aura retrouver ce monsieur, il faudra retourner au poste, nous avons une nouvelle affaire.
- Ça n'arrête pas ces temps ci.
- Eh, tu entends ?
- Quoi dont ?
La louve gémit et courra près de la petite fille. Les deux hommes s'arrêtèrent au bord d'un ravin et en regardant en contre bas, ils les aperçurent.
- Oh mon dieu ! S'écria un homme en dégainant son arme. Petite, ne bouge pas !
- Non! Non ! Hurla celle ci.
Un des hommes tira près de la louve. Celle ci la queue entre les jambes se recula et couina.
- Nooooon ! Va t'en ! Va t'en ! Cria de plus belle l'enfant à son amie. Va t'en !
L'animal la regarda avec tristesse et recula dans les sous bois. La petite tenta de la suivre mais les deux policiers dévalèrent la pente et l'attrapèrent avant. Un tira dans le bois en direction de la bête. L'enfant mordu le tireur au poignet ce qui le fit lâcher son pistolet. Elle pleurait. Lui, était abasourdi.
- Mais...
- Petite, je suis lieutenant de police, tout va bien maintenant, nous sommes là.
- Vous avez fait mal ! Vous avez fait mal !
- Calme toi, regarde moi.
Elle pleurait en serrant contre elle son pendentif. Le policier le remarqua, le prit délicatement de ses mains. C'était un médaillon en argent, de forme ovale, sur le devant des motifs étaient gravées. Il l'ouvrit. A l'intérieur sur le coté gauche était gravé le nom Alice, sur la face droite, un petite horloge qui semblait s'être arrêtée sur 20h00.
- Bonjour Alice, je m'appelle Matias, et lui c'est Louis, mon coéquipier, nous sommes là pour t'aider, nous allons te ramener chez toi d'accord ?
- Là-bas !
- Tout va bien se passer, d'accord ?
Elle se débattit et couru dans la direction que la louve avait prise.
- Non Alice ! Reviens !
Les deux policiers se mirent à la poursuivre. Elle trébucha sur une racine et piqua en avant, sa tête vint s'écraser contre un malheureux rocher qui s'était trouvé là.
Elle ne vit plus rien après. Du sang s'écoulait à flot de son front.- Matias ! Appelle les pompiers ! Vite !
L'agent de police, affolé, lui fit un bandage de premier secours avec un morceau de sa chemise pour stopper l'hémorragie, puis prit son pouls. Son cœur battait encore.
- Elle est inconsciente !
Il la souleva dans ses bras et courut hors de la foret.
Tapis dans l'ombre derrière un sapin, deux yeux jaunes avaient observé cette scène.
Cette nuit là, les loups hurlèrent à l'astre.FortisInArduis - 2016
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Enfants lune
Fantasy« Chacun de nous a en lui deux loups qui se livrent bataille. Le premier loup représente la sérénité, l'amour et la gentillesse. Le second loup représente la peur, l'avidité et la haine. Le loup qui gagne est celui que l'on nourrit. » - Citation am...