Indivisibles.

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Je marche lentement dans les rues crépusculaires de la ville, repoussant l'échéance d'une torture neurologique. Je ne veux pas y aller. J'effleure du bout de mes pieds nus l'eau tombée dans l'herbe quelques heures avant. Il faisait lourd ce soir là.
J'arrive enfin à destination et mes yeux se posent sur cette immense façade.
« Tu dois y aller.  »
Écoutant la petite voix qui sommeille en moi, j'avance d'un pas assurant mais une légère grimace se manifeste, étirant les traits fatigués de mon visage.

« -Bonjour, monsieur, deuxième étage.

-Merci.  »

C'est toujours la même brune qui m'indique mon chemin. A force de venir, je m'en souviens, nul besoin de me rappeler où est l'endroit où ma migraine est mon seul remède pour me taire.
Je monte alors les deux étages en traînant des pieds, refusant d'y aller et franchi finalement la grande porte noir qui donne sur une pièce assez moyenne composée d'un bureau, un canapé et de store aux fenêtres.

« -Bonjour. Je suis venu suite à votre énième convocation.

-Monsieur Dragneel, asseyez-vous, je vous prie.  »

Je déglutis devant ce désagréable moment qui m'attend. Elle me sourit et part en direction des petites fenêtres pour fermer les stores, bloquant cette lumière orangée qui, entre nous, n'est pas vraiment désagréable.

« -Bien. Nous allons commencer. »

Je la regarde l'air serein, mais elle sait. Inutile de feindre l'indifférence, elle me connaît d'avance, comme si qu'elle jouait les dés à ma place et que le résultat ne dépendait que de sa main.

« -Que se passe-t-il en ce moment dans votre vie ?

-Rien de bien intéressant.

-Vous mentez.  »

« Tu ne gagneras pas à ce jeu là. »
Je sais. Je sais que je perdrai. Comme j'ai toujours perdu, de toute évidence.
Que dire, mise à part la triste vérité ? Que dans mon crâne, ça s'agite et que ma vie est une fente dans  mon lobe occipital.
J'ai plus rien à dire, plus d'idées pour m'en sortir, plus d'échappatoire à mentir.

« -C'est Lucy. C'est moi. C'est lui. J'ai encore l'impression parfois... Qu'elle me touche... Quand il me touche...

-Développez.

-Je sais que je ne suis pas seul dans mon corps. Nous sommes deux. Je... Je le sens, je...

-Pourquoi n'avez-vous pas de chaussures ?  »

Je regarde alors mes pieds glacés et remarque avec étonnement que -non- je ne porte pas de chaussures.
Voilà pourquoi je dis que nous sommes deux. Mon autre partie n'aime t-elle pas les chaussures ? Question idiote, mais si vague à la fois.

« -Je, euh... J'avais chaud, sans doute...

-Sans doute ?  »

« Tu t'enfonces, Natsu, tu t'enfonce...  »
Elle me regarde tendrement en sachant bien que je lui cache quelque chose. Elle le sait. Elle le sent. J'ai fauté.

« -Ce n'est rien. Continuez, s'il vous plaît. Vous parliez de Lucy, c'est bien ça ?

-Ce n'est pas amusant de ne pas savoir contrôler... Ses pulsions... Démoniaques.  »

« T'es qu'un perdant, gamin. Elle va encore d'extirper une vérité mensongère de la gueule que tu ne peux même pas contredire.  »
La ferme ! J'ai conscience de la situation mais je vis avec comme j'ai toujours fait jusqu'à présent.
« Toujours ?  »
Non... Jamais. Là est mon erreur.

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