HÔTEL FANTASIA

CHAPITRE 6 PARTIE 1

J'essuye une larme de rage qui perlait sur mon visage fatigué. Comment je la déteste cette garce, je sens que je vais devenir une meurtrière si ça continue. Que lui avais-je fait à cette connasse ? Je n'arrive toujours pas à croire qu'elle leur aie insinué que j'avais tué cette "Leah" et Aaron. C'est tout simplement impossible, j'étais tout ce temps avec eux, ces stupides humains. Je commence sérieusement à regretter de les avoir sauvés et protégés pendant toute la soirée. Qu'ils se débrouillent, qu'ils se fassent tronçonner par le croque-mitaine, bouffer par les âmes perdues, harceler par les fantômes hantant le manoir. J'en ai strictement rien à foutre. Je les emmerde tous !

Je ne peux pas m'empêcher de trouver répugnant le cafard en train de ramper jusqu'à la dépouille d'Aaron. Pourquoi je suis encore restée dans cette putain de bibliothèque ? J'aurais du partir après tout ce qui s'est passé et retrouver Alcide pour lui dire mes quatres vérités. Et puis zut, c'est dégueulasse, mais je lui dois bien ça quand même. Je m'approche de la fenêtre et me penche pour attraper l'insecte qui entrait dans la bouche entrouverte d'Aaron. Comme il est déjà loin, je dois me mettre encore plus près de son visage et, s'il n'était pas mort, un spectateur aurait sûrement pu croire que je voulais l'embrasser, j'enfonce rapidement mes deux doigts dans sa bouche et enleve rapidement le cafard en me frottant les doigts sur mon vieux pantalon sâle.
-Punaise... " marmonnais-je dans ma barbe, j'arrive pas à croire ce que je viens de faire. C'était strictement inutile de me salir les mains juste pour un cadavre. Il allait quand même pas me remercier et dans quelque heures il sera de toute façon rempli de larves.
- C'était...spécial." dit une voix dans mon dos. Je sursaute en me retournant. Sans même regarder, j'assène un coup violent dans le bas de la silhouette mystérieuse et cours de toutes mes forces vers l'un des étages. Je les monte rapidement en jetant des regards furtifs derrière moi. Mais il n'est plus là. Je me calme et prend un des livres comme si ça pouvait me servir d'arme.
Sans crier gare, la silhouette se manifeste devant moi à seulement quelques centimètres de moi. Je crie et descends à nouveau les escaliers en colimaçon et appelle à l'aide. Je me rends compte bien trop tard que plus personne n'est là pour me sauver. J'ai un pincement au coeur en pensant à ce qu'Alcide m'a dit. Il sait très bien que je suis innocente ! C'est même lui qui a jeté la dépouille de "Leah" dans la gueule du chien. Pourtant, il n'a rien fait pour plaider ma cause et a préféré suivre cette aguicheuse.
- Eve... Arrête ! C'est moi, Aaron..." murmura-t-il, essouflé.
Lentement, je me retourne et vois ce jeune homme, qui presse sur son entre jambe. L'entre jambe des garçons qui est sensible. Purée. C'est un fantôme à présent.
- Aaron, c'est bien toi ?" lui demandais-je.
- Techniquement, je suis le cadavre là." répliqua-t-il en me pointant sa dépouille "Mais me revoilà !"
Sûrement, je m'approche de lui pour lui palper la peau. Peut-être qu'il était entre la vie et la mort, qu'il avait encore une chance de mourir pour de bon et de ne pas devenir un fantôme perdu.
- Bas les pattes !" S'écria-t-il "Evelyn, je t'apprécie énormement mais tu ne m'intéresses pas... "
- Imbécile. Je ne cherche pas à te draguer, je veux juste sentir si tu es transparent." l'informais-je.
- Une fois c'est déjà assez ! Tu m'as sûrement castré...
- Tais-toi. Tes couilles sont déjà en train de pourrir alors ça n'a aucune importance" Je me rendis compte que je m'étais méchamment moquée du fait qu'il était mort. Pour du vrai. Il pensait sûrement que c'était un effet spécial ou autre, pas qu'il était réellement mort. J'aurais préféré lui expliquer ce que la vie et la mort est ici avant de lui claquer la nouvelle dans la face. Intérieurement, j'ai envie de me frapper tellement mon erreur était stupide.
Il reprit son sérieux et me demanda tristement.
- Alors... C'est vraiment mon corps ?
- Oui...
- Mais comment je peux avoir survécu ?
- C'est compliqué... Pour résumer ton âme n'a pas passé la frontière et est resté coincée entre les deux mondes..
- Evelyn, c'est n'importe quoi ! Je suis sûr que je ne suis pas mort ! C'est impossible ! Je suis beaucoup trop jeune..." Il commença lamantablement à pleurnicher sur mon épaule. Je prends pitié et sent les larmes revenir dans mes yeux. C'est tellement triste ; il ne méritait pas ça. C'étais littéralement le garçon le plus adorable et gentil du groupe. Il essayait toujours de faire rire ses compagnons et arrivait quand même à garder ce beau sourire sur son visage avec tous les monstres qui n'attendaient que sa mort. Timidement, je prends ses épaules et essaye de le retirer de moi. Je ne suis pas très affectueuse avec les étrangers. Sans crier gare, il se détache de mon t-shirt trempé par ses larmes et se laisse négligemment tombé au sol, à côté de son cadavre.
- C'est fou... Quand je me suis retrouvé ici, je pensais sincèrement que c'était un gag. Pas que j'étais réellement un fantôme !" Il s'arrête pour renifler et continue "Mais putain ! Ce fils de pute m'a pas raté ! Regarde mon état !"
Je pouvais entrevoir la lueur de rage qui régnait dans ses yeux. Je comprenais la haine qu'il ressentais pour le Croque-mitaine. En plus de le tuer, il l'avait profondément humilié. Il avait violé son corps sans vie. Sa jambe manquait et son sang s'était répandu sur les fenêtres tellement ce monstre l'avait battu et maltraité. Ses bras étaient désarticulés et sa tête avait été retournée à 360 degrés et ses yeux avaient été arrachés et arrivés je ne sais où. J'espère ne jamais avoir à le savoir. Certains de ses doigts avaient été tronçonnés et enfoncés dans ses globes oculaires. En plus, il avait enlevé le pantalon d'Aaron et s'était fait plaisir. C'est dégueulasse, ce monstre est écoeurant.

Je l'entends murmurer des phrases incohérentes et en regardant son malheureux cadavre il me demande.
- Alors... Toi, tu es aussi morte?" Je m'offusque et manque de m'étouffer avec ma salive.
- Euh... Non, je suis encore vivante.
- Mais comment s'est possible que tu aie survécu tout ce temps? Tu es dans l'hôtel depuis plus longtemps que nous et pourtant tu n'as pas de jambes en moins ou de défiguration étrange...
- Franchement. Je ne sais pas, je n'en ai aucune idée.
- Alors tu ne sais pas comment sortir d'ici ?" La pointe de déception qu'il y avait dans son ton était bien présente.
- La seule chose que je sais, c'est que des indices sont cachés dans le manoir et que si tu les trouves avant le premier septembre, tu peux t'enfuir... Mais tenir deux mois avec tous les monstres de l'hôtel n'est pas chose facile, Aaron. C'est presque impossible....'' je m'assis à mon tour à côté de lui.
- Peut-être dur, mais pas impossible...
Je roulais des yeux, une manie que j'ai gardée du vrai monde.
- Aaron... Tu es mort, c'est trop tard." lui dis-je calmement.

Lentement, il se leva et tourna autour de son cadavre, comme pour mieux voir la scène de crime.

- Il n'y a rien que je puisse faire alors ?" me demanda-t-il.

Comme prise d'un déjà vu, je me fige et réfléchis à mon plan.

- Aaron, tu sais que c'est le croque mitaine, celui qui t'a assassiné, non ?