Chapitre 7

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Les jours qui suivirent cet échange, Hortense se sentait mieux. Elle avait enfin dit ce qu'elle avait sur le cœur, et elle avait l'impression d'être plus libre. Elle sentait juste confusément que l'attitude de Lysandre à son égard avait changée, mais elle n'aurait pas su dire en quoi. Dakota avait eu beau s'excuser un nombre incalculable de fois, elle ne lui avait pas pardonné, et elle n'allait pas le faire tout de suite. Le soir où il était venu la chercher au château, il l'avait attendue plus loin sur le chemin, car il l'avait remarquée à la fenêtre, et avait constaté qu'elle n'était pas descendue immédiatement. Lorsque, dans l'obscurité tombante, elle était passée devant lui, il l'avait attrapée par le bras, et, avant qu'elle ne puisse dire un mot, il lui avait demandé pardon. Elle s'était dégagée, et avait continué à marcher seule. Mais il l'avait suivie, et s'était contenté de rester silencieusement à côté d'elle. Et il n'était pas revenu la chercher après cela.

Et puis, un après-midi, Lysandre l'avait de nouveau laissée seule dans le bureau. Elle en avait profité pour nettoyer le secrétaire, car elle avait remarqué que la poussière s'était accumulée sur ce meuble. Avec d'infinies précautions, elle déplaça les feuillets amoncelés, et les posa près d'elle, par terre. Elle commença à passer le chiffon sur le bois, mais, au moment où elle voulut refermer le battant de bois pour le dépoussiérer, un tas de feuilles qui lui avait échappé vola, et les papiers s'éparpillèrent dans la pièce. La rousse pesta, et abandonna sa tâche pour ramasser les feuilles. Lorsqu'elle les eut toutes en main, elle commença à les placer à côté des autres, puis resta figée devant l'écriture de Lysandre. Elle avait beau ne pas savoir lire, les élégantes arabesques qui dansaient sur le papier l'émerveillait. Sans réfléchir, elle s'assit par terre, arrangea ses jupes, et examina un par un les feuillets. Devant chaque boucle de chaque lettre, elle restait en extase. D'instinct, elle savait que cette écriture devait être une des plus raffinées, mais pour la rousse, c'était la plus belle. Et elle savait que jamais elle n'en verrait une autre. Cette pensée lui serra le cœur, alors elle s'empressa d'étaler tous les feuillets sur le tapis. Puis, elle s'arrêta sur chacun d'entre eux, reconnaissant parfois les mêmes lettres, mais sans pouvoir les associer ensemble pour former des mots. Elle suivait des doigts les courbes élégantes, en essayant de les reproduire dans le vide.

Soudain, un bruit la fit sursauter, et, en relevant la tête, elle vit que la porte était ouverte. Lysandre, appuyé contre le chambranle, la fixait d'un air froid. Aussitôt, Hortense se releva, et commença à ramasser les feuilles en s'excusant :

« - Je suis désolée, Monsieur, mais j'étais en train de...

- Donnez-moi ça ! la coupa-t-il. »

Il se rapprocha d'elle à grands pas, et lui arracha les feuillets des mains :

« - Vous m'aviez dit que vous ne saviez pas lire !

- Mais c'est la vérité, je...

- Taisez-vous ! »

Elle qui le voyait habituellement si calme recula devant sa colère, et manqua se prendre les pieds dans le tapis. Elle se rattrapa à une chaise, et elle baissa la tête, honteuse. Il continua, parlant avec un ton colérique qui lui transperçait le cœur :

« - Dans ce cas, si vous ne savez pas lire, que faisiez-vous devant tous mes écrits ?

- Je... »

Elle se mordilla la lèvre. Jamais elle n'allait pouvoir lui avouer la vérité, il se moquerait d'elle. Mais, à la réflexion, elle préféra cela plutôt qu'il demeure fâché contre elle. Alors, dans un geste désespéré, elle se rapprocha de lui et tendit les mains :

Son âge? Quelle importance puisque je l'aime... (Amour Sucré) ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant