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-Bonjour mademoiselle Mirage, comment vous sentez vous ce matin ? me demanda Leila l'infirmière de garde. Elle ferma la porte derrière elle et entra dans cette immense chambre blanche, cette grande pièce froide que j'occupe depuis deux semaines.

Comme chaque matin elle est vêtue de sa longue blouse blanche et ses cheveux blonds sont détachés.

Je soupire. Toujours les mêmes questions : comment allez-vous ? Vous allez bien ? Comment je peux aller bien suite à ma chute sur scène ? Et oui Mia c'est ça quand on mélange maladie et show sur scène... au bout d'un moment ça dérape.

L'infirmière reprend : J'ai vos résultats... ils ne sont pas très bons, je vous propose un nouveau traitement, qui vous permettra de sortir de l'hôpital et faire votre rentrée comme une étudiante normale ! C'est plutôt une bonne nouvelle, non ? Dit-elle sur un ton enthousiaste. Un ton léger qui a le don de m'énerver.

-Normale ? Pour vous je suis une simple adolescente de 20 ans, qui a une vie comme tout le monde ? Je suis reliée à une machine qui permet de respirer, de la morphine injectée continuellement dans mon bras, et vous me dites que je suis une adolescente normale ? C'est quoi votre pronostique encore ? Il me reste un an à vivre, c'est bien ça ? 

-Je ne voulais pas dire ça Mia, je sais que tu n'es pas en forme, mais faut voir le bon côté des choses, tu vas pouvoir reprendre l'université, cela fait deux semaines que tu es hospitalisée ici tu vas pouvoir rentrer à Manhattan en fin de semaine. Tu devras prendre des gélules trois fois par jour, tu n'auras normalement plus besoin de masques à oxygène, seulement en cas de besoin.

–Au moins une bonne nouvelle. Dis-je pour me rassurer. Je sais très bien que ce nouveau traitement ne fonctionnera pas comme les dix autres avant lui.

Leila quitta ma chambre en laissant la télé allumé, et la télécommande à l'autre bout de mon lit. « Comment je vais faire pour éteindre cette foutue télé ». Me dis-je en regardant les nombreux fils suspendus près de mon lit, je n'ai pas le droit de me lever.

La télévision continue de brailler, entrainant les publicités ridicules. Soudain, une musique que je connais bien retentit. Celle qui marque le début du journal télévisé.

« Bonjour à tous et à toutes. Voici les titres de cette édition de 13h. »

Peu intéressée, je ne suis pas très attentive, mais au bout de quelques minutes, je reconnais le bâtiment qui est en train de passer à la télévision. C'est l'hôpital où je suis actuellement.

La présentatrice s'adresse alors à une autre journaliste.

-Bonjour Alesia vous êtes en direct, devant l'hôpital où séjourne Mia Mirage, la jeune chanteuse brésilienne. Que pouvez-vous nous dire sur son état de santé actuel ?

-Bonjour. Effectivement vous pouvez le voir derrière moi, c'est ici que Mia, la chanteuse la plus écoutée sur les stations de radio, est hospitalisée, depuis maintenant deux semaines. Cette jeune femme de talent est devenue la nouvelle icone préférée et nous avons essayé dans savoir plus.

Evidement sa famille à préférer garder le silence, mais la jeune star a publié une vidéo sur les réseaux sociaux, pour rassurer en quelques sortes ses fans. Voici un extrait de cette vidéo.

« Salut, tout le monde c'est Mia, je vous envoie cette petite vidéo, pour vous donner un peu de mes nouvelles, j'ai lu tous vos messages de soutien, j'ai pris le temps de tous y répondre. [...] je prends soin de moi comme vous pouvez le voir. Je reviendrai bientôt avec un nouvel album, des nouvelles vidéos beautés et surtout la tournée prévue le mois prochain. Je vous embrasse fort.

Nous le rappelons Mia est tombée lors de son dernier concert.

Ce qu'on peut dire en tout cas, c'est qu'elle a reçu la visite de son Manager, pour évoquer la reprise de la tournée, ou encore le tournage dont elle est l'héroïne. Beaucoup de question se posent encore vis-à-vis de Mia.

-Merci Alesia nous reviendrons avant la fin de ce journal sur l'état de santé de Mia Mirage. »

La télé s'éteint. Ma mère.

-Tu en as pas marre de regarder ces conneries.

-Bonjour à toi aussi. Dis-je d'un ton sarcastique, agacée par si peu de considération. J'y peux rien si l'infirmière pose la télécommande à l'autre bout de la pièce.

- Comment tu te sens ? me dit-elle d'un ton mielleux, faisant semblant de s'inquiéter pour mon état de santé. Ma mère et moi nous ne partageons pas grand-chose encore moins le même point de vue. Elle trouve que je devrais me concentrer a cent pourcent sur ma carrière et non sur l'école et la maladie, qu'une vie d'étudiante n'est pas faite pour moi Ces nombreuses réflexions m'horripilent, mais pour ne pas envenimer encore plus la situation je lui réponds d'un ton neutre.

- Un peu mieux que ces derniers jours, mais ce n'est pas encore ça.

-J'ai croisé ton Manager, reprend-telle, tu n'as pas de répétitions avant les prochaines vacances, tu pourras reprendre tes études, mais n'oublies pas ta carrière. Dans sa bouche, cette dernière phrase sonnait comme un ordre. Fatiguée de ses directives, je lui rappelle mon état de santé.

-Sofia, j'ai besoin de me reposer... on peut en parler plus tard ?

-Ouais, je rentre à Manhattan cette semaine de toute façon.

-Encore une fois tu me laisses seule à Sao ?! Dis-je énervé. Dans le fonds pourquoi jouer l'étonné pensais-je. C'est pourtant bien la première fois que ma mère passe autant de temps dans la même pièce que moi. Il fallait si attendre à ce que ça ne dure pas.

-J'ai du boulot qui m'attend ! lança-t-elle comme si rien d'autre ne comptais. Tu crois vraiment que ça me plait d'être ici. Je sais que tu es malade, mais soigne toi et on en parle plus ! Moi, je dois bosser.

- Très bien. Dis-je d'une colère froide. Préviens le médecin que je veux rentrer demain matin. Je n'ai pas envie déranger madame dans ses projets plus important que sa fille.

-C'est parfait, je vais chercher le médecin. Tu vois quand tu veux. Dit-elle avec un large sourire.

Son comportement ne me blesse plus depuis longtemps, mais je ne la supporte plus. Elle m'agace plus que de raison. Je n'ai pas choisi non plus cette maladie !

Les médecins ont décelé une maladie qui touche mes poumons. Chaque effort est difficile à accomplir. A l'époque, ils avaient estimé que je ne vivrais pas plus de 5 ans avec cette maladie. J'étais haute comme trois pommes, j'avais seulement quatre ans. Mais voilà 15 ans plus tard je suis toujours là, la maladie aussi.

Malgré mon combat de tous les jours que je dois assurer, la relation avec ma mère s'est dégradée suite au départ de mon père. J'aurais pensé qu'elle serait là pour moi, mais je me suis lourdement trompée... elle me le prouve encore aujourd'hui... Merci maman.


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