1. L'incendie

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     NOTE: Les noms de familles sont écrits en majuscule. C'est important pour comprendre l'histoire et ne pas confondre nom et prénom.

     Ça ne fait qu'une semaine que je suis ici ; la cité universitaire. C'est la première fois que je quitte vraiment ma maison pour me prendre en main, si je peux dire ça, puisque je rendrai visite à mes parents chaque mois au maximum. Et puis, si je suis ici, ce n'est que pour les études ; donc je rentre pour les vacances.

    Je suis devant mon chalet, assise sur un banc, ma tablette entre les mains. Eh oui, ma résidence n'est pas comme les autres. J'ose imaginer que c'est la seule en Algérie qui soit constituée de chalets. Il fait frais en cette soirée de septembre. C'est le week-end, ce qu'il fait que c'est calme ; la plupart des résidentes en profitent pour rendre visite à leurs familles. J'aime passer mes soirées dehors. Je me sens libre, heureuse même si mes parents me manquent, Isaac me manque. Isaac est mon grand frère. Il est en troisième années à l'école de formation des professeurs comme moi. Vous allez vous dire : mais quelle famille ! Tel frère telle sœur. Mais contrairement à moi, lui est en sciences, spécialisé en chimie, et moi en littérature -sauf que pour moi, je suis en langue française- Je ne suis pas excellente ou même pas bonne étudiante. J'aime les langues. J'aime cette langue. Et c'est suffisant pour moi.

    Pour être honnête, je voulais faire une matière scientifique mais j'ai renoncé... pour Isaac.

    Je baisse la tête pour replonger dans mon roman -qui est dans ma tablette- et reprends la lecture du « Le Rouge et le Noir » de Stendhal quand j'entends des hurlements provenant d'un chalet voisin.

    Je ne suis pas du genre hystérique à paniquer. Je prends mon temps pour étudier la situation avant d'agir. Je me lève, pose ma tablette sur le banc et cherche d'où viennent les sons stridents. Je sens une odeur de brulé. Je vois une lumière orangeâtes provenir du chalet voisin. Je ne me suis pas trompée alors. Il y a le feu. Des têtes somnolentes surgissent de partout. Curieuses, apeurées, paniquées mais personnes n'agit.

    — Appelez les pompiers ! Que quelqu'un prévient la sécurité ! (Je ne sais pas si c'est vraiment moi qui ai dit ça. Sûrement. Je suis d'habitude discrète mais là... pas moyens de l'être). Zineb !

    J'accours vers mon chalet et ouvre la porte qui fait un grand fracas en rebondissant du mur. Je regarde autour de moi. Je suis dans le hall. Je me rue vers la salle de bains, prends une énorme serviette épaisse et la trempe dans l'eau en ouvrant le robinet de la douche, ce qui fait que je me retrouve moi aussi trempée. Mais c'est le cadet de mes soucis.

    J'entends la porte de la salle de bains qui grince et je me retourne pour voir Zineb, la peur se lit sur son visage, les yeux écarquillées.

    — Q... Que ce passe-t-il ? arrive-elle à articuler.

    — Hafsa ! Où est-elle ? dis-je en criant presque sur elle ce qui fait qu'augmenter sa peur.

    — El... J... à côté.

    Elle tremble de tout son corps. Je vois la terreur dans ses yeux et je sais que c'est ce qu'elle lit aussi dans les miens.

    — Appelle les pompiers ! Vite ! Et préviens la sécurité !

    Je la bouscule en passant à côté d'elle et me rue dehors avec ma serviette ruisselante.

    — Où vas-tu ?

    Je l'entends crier derrière mon dos mais je ne me retourne pas. Plus le temps passe, plus ma panique augmente. Je refuse de paniquer. Pas maintenant.

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