Chapitre 7 - Peeter

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Lorsque Miles remet le contact, je sens que la conversation est close.

La voiture devant nous éteint ses phares et s'éloigne dans la semi-obscurité où seule la Lune éclaire notre chemin. Nous les suivons lentement, dans un silence pesant. Par la fenêtre, je  distingue à peine la cime des grands pins qui nous entourent.

Ma frustration ne s'apaise pas, mais je sais qu'il est inutile d'insister auprès de Miles. Il semble déjà absorbé par d'autres pensées lointaines, se préparant probablement à ce qui va suivre. Mais mon esprit à moi reste bloqué sur Faustine : Miles sait où elle se trouve et il pourrait m'y conduire dès à présent. Afin que sa diversion fonctionne, il faut d'abord que l'on se débarrasse de Jay Balder et de sa voiture. Mais ensuite, il faudra qu'on aille la chercher.

Les révélations que je viens d'entendre sur Miles m'ont permis de mieux le connaître. De mieux le comprendre. Et je ne peux empêcher mes poumons de s'emplir d'une certaine fierté lorsque je repense à ce qu'il m'a dit plus tôt : que je suis digne d'être avec Faustine.

Les évènements de la journée se sont tellement précipités les uns après les autres, que j'ai encore du mal à réaliser tout ce qu'il vient de se passer. Je savais que cette journée serait riche en émotions, mais je dois dire que je suis épuisé par tous ces retournements de situation. De voir Faustine dans cet état, que le gouvernement ait décidé de faire de Jake son Partenaire, l'intervention de Myla, l'enlèvement de Faustine par Jake, l'attaque des journalistes sur scène et l'intervention des soldats sur des civils... jusqu'à l'homme que j'ai tué.

Comment ai-je pu oublier si facilement que quelques heures auparavant, j'ai pris la vie d'un homme sans aucune hésitation ? Pourquoi ne suis-je pas assiéger par une culpabilité grandissante ?

Je repousse ces pensées alors que nous nous engageons dans un chemin de terre entre les arbres. La Résistance a décidemment un goût prononcé pour se cacher au fond de la forêt, tel les héros justiciers des contes pour enfants.

-Peeter, quand nous serons sur place, laisse-moi gérer la situation d'accord ?

J'acquiesce mais il me regarde, septique.

-Je suis sérieux. Tu ne dis rien. Nous devons garder toutes nos informations pour nous.

Au moment où il dit ça, je réalise que j'ai moi aussi gardé une information secrète : j'ai toujours le dossier de Faustine dans ma veste, bien à l'abri.

-Miles, il faudrait que je te dise quelque chose...

-Ca peut attendre, me coupe-t-il, visiblement sur les nerfs.

-Mais...

-Peeter, s'il te plaît. Promet-moi juste que tu ne diras rien quand on sera là-bas, peu importe ce qu'il se passe.

Je soupire et acquiesce à nouveau, mais il insiste du regard.

-Je promets, je dis en faisant les gros yeux.

Il sourit mais son visage redevient rapidement sombre. Il doit réfléchir à un plan et j'espère qu'il sera bon. Je commence à en avoir sacrément marre de ces mensonges et de ces secrets. J'aimerais vivre dans un univers parallèle où Faustine et moi pourrions être Partenaires et mener des vies complètement normales. Maintenant que je sais que Henry n'était pas le vrai père de Faustine, je ne peux m'empêcher de lui en vouloir d'avoir pris la décision de la mettre dans cette situation. De nous mettre dans cette situation.

Au bout d'une allée, nous apercevons enfin de la lumière qui se répercute sur les vitres de la voiture devant nous. Miles se retourne et couvre le corps du fils du Gouverneur avec une couverture. Les secousses se font plus intenses alors que nous débouchons dans une clairière où brule un immense feu de camp. Il y a des torches plantées tout autour du camp et les hommes et femmes présents sont lourdement armés, ce qui donne à la scène un aspect effrayant.

- Unique - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant