Chapitre 1-L'assemblée des dieux

89 8 6
                                    


 Être dieu, ça à l'air facile comme ça. Avoir tous les pouvoirs, dominer l'univers. Le problème, c'est que je ne suis pas LE dieu. J'ai un univers, certes, mais j'ai des comptes a rendre. Il m'est hélas impossible de faire n'importe quoi. Pardon? De qui un dieu a-t-il peur? Des autres dieux. Nemesis, est le nom d'une telle assemblée. Pour nous rappeler que même nous dieux ne sommes a l'abri de la vengeance de nos peuples déchus. C'est là que les dieux peuvent mourir. Si ils sont juges incapables de faire perpétuer la vie dans leur univers, ils meurent. Telles sont les règles. Simples. Mais étonnamment, elles sont terrifiantes: pour nous dieux qui avons vécu si longtemps, la mort est oubliée. Mais étrangement, plus on vieillit, plus on a peur de mourir: voilà pourquoi nous devons tous nous plier aux règles. Et moi, je suis le dernier des glandeurs: je pensais avoir le temps, et je n'en ai déjà plus. Dans moins de 20 heures maintenant, se déroulera l'assemblée, et croyez moi, je ne pense pas m'en sortir. Vous pensez que l'humanité ne s'en sort pas trop mal? Arf, vous êtes marrant. L'issue est pratiquement certaine, la plupart des dieux le pensent. Je suis tellement mort. Enfin, je vais essayer de survivre, comme je l'ai toujours fait auparavant. C'est vrai, ça. J'ai parfois tendance a oublier par où je suis passé, et quel meilleur moment que celui où ma mort ne semble faire plus aucun doute pour faire un petit flash-back?

Non. Je secoue la tête pour revenir a la réalité.

Survivre avant tout.

Et en l'occurrence, ma survie passe par celle des milliards d'humains qui s'agitent sur leur planète.

C'est pas gagné.


      Au cours des heures qui suivirent, je m'essayais par tous les moyens possibles d'améliorer le niveau global de l'humanité: pas résoudre leurs problèmes, non, mon maître me l'a clairement enseigné: le devoir d'un dieu est de guider son troupeau, pas de créer les ponts pour lui. Pour cela, je m'employais a utiliser les médias les plus utilisés, en essayant de faire passer le message le plus clair possible: soyez tolérants les uns envers les autres, arrêtez de vous taper dessus, lisez pour vous éclaircir l'esprit, cessez d'être révoltés sans faire changer les choses: agissez. Je me suis également essayé a tuer les dictateurs, tous de la même manière, histoire de leur faire comprendre qu'il y a quelqu'un qui veille sur eux. C'est une méthode indigne des pires débutants, je sais, et je vais me faire exécuter si ils apprennent que j'ai tué des humains, mais la situation est désespérée. Honnêtement, je ne sais pas si ça va marcher en si peu de temps: a vrai dire, c'est pratiquement impossible. Mais je me devais d'essayer. Tant pis si j'échoue, un autre prendra ma place.

"-Tu comptes aller a l'assemblée sous quelle apparence?" Me demande Eva, curieuse.

Il faut dire que l'apparence compte beaucoup dans le milieu divin: c'est un reflet de la personnalité, et je n'ai jamais quitté mon apparence banale d'humain.

"-Comme d'habitude, celle de l'humain. Elle en impose moins que celle qu'ils prennent tous, mais elle leur montre que contrairement a eux, j'ai mérité ma place."

En effet, j'étais humain auparavant. Je ne vous l'avait pas dit? Il faudra que j'y remédie un jour, si j'en ai encore l'occasion. Prendre cette apparence montre a tous que contrairement à eux arrives par chance (bah ouais, il sont nés comme ça) au statut de dieu, j'ai du me battre pour avoir cette place. Et encore, se battre est un doux euphémisme.

Après de nombreuses heures de concentration, je relève la tête de mon ouvrage. Plus que deux heures. Cette fois, au lieu de contempler mes humains dans la mare, c'est mon visage que je contemple. Le même depuis toujours: yeux verts, cheveux sombres, un visage digne de n'importe quel être humain lambda. J'ai conscience de pouvoir changer de visage. Mais je ne le fais pas. Je me contente de faire disparaître la barbe et l'excès de cheveux d'un léger effort de volonté (littéralement). On ne sait jamais, être présentable ça peut jouer. C'est alors que je prends conscience a quel point mon cas est désespéré: la mort m'attend peut être au tournant, et j'en suis au point où je pense que me raser pourra me sauver. Dans un accès de désespoir, je me lance dans un rire sans joie, et, pour rajouter un effet dramatique, je décide de faire tomber la pluie. Que j'enlève tout de suite après, je déteste être mouillé.

Némésis: Highway to godOù les histoires vivent. Découvrez maintenant