"Stalker"

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Pour la troisième fois de la soirée, je posai les yeux sur les verres de mes jumelles. Je pris mon carnet à croquis et commençai à dessiner les courbes délicates de son visage. Je m'imaginai près d'elle, passant ma main dans ses cheveux, libérant son délicat parfum... Je l'observai encore un instant avant de prendre la décision de descendre, ayant entendu ma mère m'appeler pour le dîner. Un éclair de joie me transperça quand, en abaissant mes jumelles, nos regards se croisèrent.

***
Je fus soulagée lorsque je vis le voisin d'en face s'éloigner de sa fenêtre. Depuis mon arrivée dans le quartier, il y a deux ans, il me vouait une obsession opressante et terriblement malsaine.
Au début, tout allait bien. Je le voyais de temps en temps regarder vers ma fenêtre mais dès que j'y faisais attention et que je le prenais sur le fait, il disparaissait et je ne le voyais plus pendant plusieurs jours.
Mais au fil du temps, il commença à m'observer de plus en plus souvent. Et puis un jour, je remarquai un éclat de lumière venant de sa chambre,comme s'il me regardais à travers des jumelles... J'avais peur mais je n'osais pas en parler.
Mais ce soir toute cette histoire n'a plus d'importance, car nous partons toute la semaine en vacances ma famille et moi.

***
Ce soir , c'est le grand soir. J'ai organisé mon expédition depuis plusieurs jours ! Elle part en vacances avec ses parents pendant toute la semaine. J'ai de la chance, j'ai entendu la voisine en parler à ma mère il y a deux semaines.
J'attendis que la maison soit calme pour me faufiler dehors. Armé d'un pied-de-biche, j'ouvris délicatement la porte de la maison en face de chez moi. Coup de chance, l'alarme n'était pas activée. Je grimpai rapidement l'escalier et je me surpris à courir pour rejoindre sa chambre. J'ouvris sa porte d'un coup sec et inspirai un grand coup... Son odeur sucrée était telle que je me l'étais imaginée... Je vis sa brosse sur sa commode, quelques cheveux y étaient encore accrochés. J'ouvris le sac posé sur mon épaule et l'y déposai délicatement. Je fis pareil avec les vêtements que j'avais si souvent observés depuis deux ans. J'étais en train de contempler une photo d'elle, étendu sur son lit, lorsque son père débarqua dans la piece, armé d'un long couteau de cuisine...

***
- Tu es sûr d'avoir bien mis l'alarme ?
- Maintenant que tu le fais remarquer je ne pense pas non... Bon, on fait demi-tour pour être sûrs... On est pas loin après tout. Si quelqu'un a besoin de quelque chose c'est le moment de retourner le chercher !
- Oh moi je pense avoir oublié ma brosse sur la commode de ma chambre...
- C'est tout ? Très bien je vais chercher ça et je reviens.

Quand je poussai la porte de la maison, elle s'ouvrit doucement... J'étais pourtant sûr d'avoir fermé la porte à clé... J'avançai à pas de loup, guettant le moindre mouvement suspect. J'entendis des pas au dessus de ma tête, provenant directement de la chambre de ma fille. Je me dirigeai vers la cuisine et y pris un couteau à viande, puis appelai discrètement la police.
À petits pas, je montai les escaliers, tressautant au moindre bruit. La lumière de la chambre de ma fille était allumée, et un homme était étendu sur son lit, contemplant une photo. Il se tourna vers moi et quelle ne fut pas ma surprise de reconnaitre le voisin d'en face, du même âge que ma fille. Mais ma surprise ne fus rien à côté de celle du jeune homme quand son regard se posa sur mon arme de fortune.

***
Le temps que la police arrive, j'eus le temps de raconter tout se qui s'était passé depuis deux ans, racontant que déjà quelques objets à moi avaient disparus. Mon père décida de réveiller nos voisins et de faire une fouille dans la chambre du voyeur et on y retrouva tout ce qui manquait.
Sur ce laps de temps, la police avait eu le temps d'arriver, et se mit à établir un constat des dégâts, ainsi qu'un dossier complet sur les agissements de mon voisin. Nous décidâmes de ne pas porter plainte mais nous prîmes la décision de déménager.

***
Tout c'était passé beaucoup trop vite. En deux semaines, ils étaient partis, ils me l'avaient enlevée. Le temps que la maison d'en face soit relouée, je n'avais pas eu le temps de me remettre de sa perte. Je regardais dans le vide à travers ma fenêtre, quand un gros camion de déménagement se mit dans mon champ de vision. Une famille en sortit : un enfant, les parents et... Une jeune fille de mon âge. J'avais trouvé ma nouvelle proie.

StalkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant