- Ça va ?
Je relève les yeux. Baptiste se tient devant moi. Le terme le plus exact serait au-dessus de moi, puisque je suis recroquevillée par terre. Pour ceux qui auraient déjà oublié, Baptiste est le frère de Lou. Le petit frère, il a deux ans de moins qu'elle. Mais il la dépasse (et m'arrive à l'épaule).
À travers mes yeux brouillés par les larmes, je ne vois qu'une silhouette. Mais j'ai reconnu sa voix. À sa question, je secoue la tête. Non, je ne vais pas bien. Pourquoi est-ce que j'irai bien ? Je viens de me fâcher avec la personne qui m'est la plus chère. Alors non, je ne vais pas bien.
Baptiste s'accroupit, et il me relève. Il me soutient, et nous asseyons sur un banc. En bon futur psy, il s'apprête à écouter mes problèmes. Docile, je m'exécute.
- Je viens de me disputer avec Lou !
Du moins, c'est ce que j'essaye de dire, difficile avec ma voix tremblante et entrecoupée de sanglots. Patient, le petit frère/Baptiste/futur psy/tout ça à la fois écoute avec un sourire commercial aux lèvres. Il me tend finalement un mouchoir et me laisse essuyer mon visage ruisselant. Je l'observe. Lou et Baptiste ne se ressemblent absolument pas, mais ils sont les portraits crachés de leurs parents – en plus minces. Le visage du petit frère est encadré de boucles blondes, et son corps mince est habillé d'un T-shirt et d'un jean trop grands.
Je récapitule la fameuse phrase, cette fois beaucoup plus compréhensible.
Il me regarde de son visage grave, et je le vois presque me demander si j'ai subi quelque traumatisme ou autre dans ma jeunesse. J'esquisse un sourire amusé. Puis je fonds de nouveau en larmes. Je sais, c'est vraiment à se demander si je n'ai pas quelques tendances lunatiques, ce à quoi je répondrai que pas à ma connaissance mais que c'est fort possible.
Le futur psy abandonne la communication et fait la seule chose vraiment réconfortante. Non, il ne tue personne pour moi, non, il ne hurle pas de rage.
Je me blottie contre ses bras et je pleure toutes les larmes de mon corps.
Ça doit durer une bonne dizaine de minutes. Quand je me décolle de son épaule, elle est trempée.
- Tu veux allez chez moi ? Je demande à maman de te préparer un chocolat ou...
Il est con ou quoi ? Je le regarde en plissant les yeux, pas certaine qu'il soit sérieux.
- Ah, merde ! Oui, y a Lou... Euh... Je te paye un milk-shake ?
Ce qu'il y a de cool, quand on pleure devant des gens qui nous aiment bien, c'est qu'ils croient qu'on est un petit faon effarouché et qu'ils font tout pour nous réconforter. Ce qui est moins cool, c'est justement qu'ils nous prennent pour un Bambi de 3 jours, fragile et incapable de tenir debout (sans oublier le combo yeux bouffi + visage rouge). Mais bon. On me propose un milk-shake, c'est presque une déclaration d'amour. J'acquiesce sans grand entrain, mais mon ventre est en train de sauter de joie.
Je suis Baptiste en essayant de me cacher du soleil derrière son ombre, chose difficile puisque je le dépasse. En plus, il ralentit à chaque fois pour me permettre de le rattraper. Genre. Comme si je marchais moins vite que lui.
On arrive assez vite au magasin, pas assez vite pour mon ventre mais trop vite pour mon visage qui n'a pas encore eu le temps de reprendre ses couleurs originales. Je commande un milk-shake à... la vanille, bien sûr, et mon bienfaiteur/sauveur/chevalier servant/tout ça à la fois en prend un au chocolat. Je savoure en fermant les yeux. Quand je bois un milk-shake, m'interrompre est presque suicidaire. C'est pourtant ce que fait Baptiste. Bon. Il m'a payé mon délice, je veux bien faire une exception.
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Le Royaume des Dragons
ParanormaleRÉÉCRITURE EN COURS Couverture par @BecauseILikeIt1999 Sophie Carrie Delamaison est une jeune fille de 14 ans. Fan de dragons, avec des parents chiants et une meilleure amie adorable, elle profite de sa dernière semaine de cours avant les grandes va...