Le Royaume des Dragons

Où je découvre le palace de la famille Williams

Je suis cette fois-ci réveillée par la mère qui m'appelle avec une voix mielleuse et dégoulinante d'hypocrisie.

- Sophie ? Ma chérie ! Debout !

Suspicieuse, je me lève quand même. Elle fait claquer ses lèvres sur ma joue dans une bise sonore.

Ça y est. Tu es grillée. Je suis persuadée que tu veux quelque chose. Voyons voir... Tu veux une signature de tes acteurs préférés. C'est sûr.

- Maman ?

Je me surprends à l'appeler comme ça. La dernière fois que j'ai dû le faire, ça devait être... il y a 3 ans, je crois.

- Tu veux un autographe de Sève et Mike Williams, c'est ça ?

- Je... Pas du tout !

- Maman...

- Si... Je me disais... si tu pouvais...

Si tu crois qu'après toutes ces années où je n'ai rien été pour toi, je vais t'obéir, tu te fourres le doigt dans l'œil.

- Rêve pas. Fanni et ses vieux ne sont pas des bêtes de cirque.

Je pars dans la cuisine sans me retourner, j'y mange ma pomme, je vais me laver et m'habiller sans un mot de plus. Mathilde ne vient pas me déranger, puisque sa maîtresse est malade aujourd'hui.

Je quitte la maison en claquant la porte fort, puis j'y retourne parce que j'ai oublié mes affaires de toilette, Fanni m'ayant précisé par mail que j'irai directement chez elle après les cours. J'avais totalement oublié que je suis censée dormir chez elle. Ce n'est pas que j'ai pas envie mais... je ne le sens pas du tout. J'ai comme un mauvais pressentiment.

J'ai peur qu'il se passe quelque chose de bizarre. Mais bon, mes parents ont promis pour moi, alors j'irai.

Je fourre dans mon Eastpack ma trousse de toilette, et un grand T-shirt. Pas besoin de m'encombrer davantage.

Je sors de chez moi pour la deuxième fois, en claquant la porte tout aussi fort.

Je marche avec entrain, en fredonnant Wind of Change. J'arrive au collège plutôt rapidement, et je repère tout de suite ma Lou. Je lui fais un signe, et je marche vers elle d'un pas enjoué. Nous embrassons, après une petite hésitation de ma part, puis nous rentrons dans l'établissement en parlant de maintes et diverses choses. Je l'informe « soit dit en passant » que je vais dormir chez Fanni, sans beaucoup insister dessus. Qui sait, peut-être que Lou est une personne jalouse. Mais non, ça ne la dérange pas.

Nous nous séparons quand la sonnerie retentit. Aujourd'hui encore, elle finit plus tôt que moi. Je ne sais as qui a décidé des emplois du temps, mais cette personne ne voulait pas que je vive mon premier amour tranquillement !

Je retrouve Fanni devant la porte de la salle 206 (je suis d'humeur à raconter des détails inutiles). Je fais par ailleurs la connaissance de son jumeau, j'ai nommé Arthur Williams ! Il est beau. Bizarrement beau. Si je ne venais pas de me mettre en couple avec Lou et si Lou n'était pas Lou, je la quitterais immédiatement pour les beaux yeux (verts perroquets) de ce garçon.

C'est marrant, parce que Fanni a l'air d'être l'alter ego féminin de son frère, et inversement. Ils sont tous les deux grands et minces, avec le même visage et les mêmes cheveux (quoique pas la même coupe).

Je m'entends bien avec eux, et, à la fin de la journée, mon mauvais pressentiment s'est totalement effacé. J'ai même hâte de notre soirée ensemble.

Quand la sonnerie de quinze heures retentit, je range mes affaires précipitamment et attend les jumeaux en dehors de la salle. Nous allons chez eux en limousine – une différente de celle d'hier, ce qui m'amène à penser qu'ils sont encore plus riches que je le pensais.