Le Royaume des Dragons

Quand l'amour décide enfin de pointer le bout de son nez

- Fanni ?

Mais, elle me suit, ou comment ça se passe ?

- Sophie ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Je retire ce que j'ai dit. Elle a l'air tout aussi étonnée que moi. N'empêche, je comme à trouver bizarre qu'elle soit partout où je vais. On dirait un complot Reptilluminazi ou je ne sais quoi.

- Sophie ? Tu vas bien ?

- Pousse-toi !

Je tente de la dégager avec ma main, mais elle la retient et me dit :

- Qu'est-ce qui se passe ? Ce sont tes parents ?

Je commence à devenir hystérique, et je crie comme une folle :

- Lâche-moi ! J'ai pas le temps !

Me regardant avec incrédulité, Fanni desserre son emprise de ma main, et je m'enfuis en courant jusqu'à la maison de ma Lou adorée. Tremblante, en sueur, exténuée, je me laisse tomber sur les marches du perron pour souffler un peu. Puis, je me relève et je tambourine contre la porte.

La mère – qui, au passage, s'appelle Martine – m'ouvre avec un sourire apeuré. Je pense effectivement que je dois faire peur à voir. J'ai les cheveux en bataille, il manque une chaussure à mon pied droit, j'ai le visage rouge et luisant de sueur et des yeux étincelant d'une folie hystérique.

- Tiens ! Sophie ! Te revoilà. Tu viens voir...

Je la bouscule et entre dans la maison, puis je monte les escaliers quatre à quatre, en laissant au passage tomber ma chaussure, et je cours vers la porte de la chambre de Lou. Elle est fermée à clé. Je frappe de toutes mes forces, en hurlant :

- Lou ! Ouvre-moi !

J'entends une voix tremblotante me répondre.

- So... Sophie ? C'est... toi ?

- Oui ! Allez, ouvre ! Bouge-toi !

Mon vacarme fait sortir Baptiste de sa chambre, qui me sourit.

- C'est cool. Tu es venue !

Je ne lui réponds pas (je me contente d'un sourire), et je m'engouffre par la petite ouverture que ma Lou a ouvert avec la porte.

J'entre dans une pièce noire. Les rideaux ont été tirés, et la lumière éteinte. Je trébuche sur quelque chose, et je me retrouve par terre. La lumière s'allume, et le quelque chose s'avère être ma meilleure amie. Je ne lui laisse pas le temps de dire quoi que ce soit, et je bondis sur elle. Je lui fais un câlin, qu'elle me rend. Nous restons comme ça, allongées sur le parquet, en pleurs.

Au bout de quelques minutes, je me relève pour observer le visage de ma Lou. Même s'il est boursoufflé et rouge, il reste le plus beau visage du monde. Je me penche, et je pose mes lèvres sur les siennes. Elle me rend mon baiser. On se décolle, et je lui murmure :

- Je t'aime.

Elle éclate en sanglots, mais j'arrive à comprendre « moi aussi ».