À HugoNous étions en Histoire-géographie. Notre enseignant d'alors était le sosie de Richard Gere. Grand, mince, élégant dans son costume gris de la couleur de ses cheveux mais qui pour autant ne le fait pas paraître plus vieux. Il porte une montre-gousset dorée à sa ceinture (j'ignore si elle est en or ; cela se pourrait, et je dirais même se devait d'être, mais si tel était le cas, j'ignore s'il l'aurait amené au collège ; mais la question la plus importante était de savoir si elle marchait encore ; probablement puisqu'il la regardait à chaque intercours, mais peut-être n'était-ce là qu'un réflexe ; je ne me souviens plus s'il nous demandait l'heure juste après ou non). Je l'admirais. Il était sobre et charismatique en même temps. D'un charisme discret, nous pourrions dire. Malheureusement pour lui, déjà en ce temps-là, je n'aimais pas l'Histoire, d'ailleurs cela n'est pas étonnant puisque je n'ai jamais aimé l'Histoire. Enfin si, mais non. J'aime les histoires ; aussi aimais-je lorsqu'il nous faisait la leçon. Mais non lorsqu'il fallait apprendre, il n'y avait plus personne ; je faisais la sourde oreille. En fait, je n'ai jamais aimé le par coeur non plus ; les deux vont ensembles vous me direz.
J'ai appris depuis qu'il avait écrit des livres.
Mais je m'égare. Toujours est-il qu'après le cours d'Histoire-Géographie du mercredi en fin de matinée, mon amie et moi allions manger au restaurant du golf situé tout près du collège. Pourquoi là-bas ? Eh bien parce que ses parents tenaient le dit restaurant.
Il faisait incroyablement chaud ce jour-ci. Nous arrivions au moi de mai et il faisait déjà aux alentours des 25°C. Charlène et moi sortîmes de l'enceinte de notre établissement. Nous continuâmes une dizaine de mètres afin de sortir de l'impasse dans laquelle était fichu notre collège, puis nous primes à gauche. Là, l'on passait devant des habitations de banlieue, dans lesquelles nous avions un ou deux copains, mais le plus gros de nos amis n'était pas d'ici. Pour la plupart il venait des campagnes environnantes ; le Périgord étant une région magnifique, les gens préféraient s'installer en bordures des villes voir dans la campagne profonde quitte à envoyer leurs enfants en bus à l'école, ou, pour les plus chanceux, en voiture. Charlène et moi-même étions donc favorisées ; nous habitons non loin de la ville, et nos parents nous amenez en voiture.
Il fut un temps, postérieur au notre (qui n'a rien à voir avec notre récit donc), où Charlène et moi-même avons été voisines. Enfin, tout du moins, nos deux maisons furent situées à quelques kilomètres l'une de l'autre, que nous faisions en vélo ; soit elle, soit moi, chacune notre tour.
Ce fut probablement une des plus belles époques de ma vie.
Nous passions alors notre temps l'une chez l'autre, à jouer aux jeux vidéos, à regarder des films , mais, et surtout, à inventer des histoires fantastiques à base de déesses et d'animaux de compagnie légendaires. Nous voulions écrire la prochaine épopée. Qu'on se le dise : nous n'avions aucune expérience en la matière ; j'aimais lire et écrire et j'avais de bonnes notes en français, Charlène avait l'imagination. Enfin, j'en avais un petit peu aussi, tout comme elle avait aussi du vocabulaire, mais moins. L'imagination m'a toujours fait défaut. Ca, et la volonté. C'est pour ces deux raisons que j'écris peu, et que je n'écris que ma vie.
Je me souviens du chemin que nous prenions pour aller l'une chez l'autre, mais je ne vais vous le conter que dans un sens, de chez moi à chez elle, sinon, vous allez vous ennuyer, mais avant toute chose, il faut que je vous décrive ma maison.
Nous habitions alors sur les hauteurs ; enfin, quand je dis hauteurs, je veux dire sur un joli petit plateau vallonné, juste au sortir de la ville, tout près du collège. Pour s'y rendre, il fallait tourner après le rond-point du lycée professionnel tout de suite à gauche, et ensuite, cela grimpait jusqu'à ma maison, ou à partir de là cela redescendait, comme si notre maison en était le point culminant. C'est incroyable que je la visualise bien, et pas vous. Peut-être est-ce parce que je la décris mal. Mais tant pis, continuons. Le chemin que nous empruntions donc, montait, montait, et tout en montant, nous faisait tout d'abord voir une allée étroite, mais plate celle-ci. Ah oui, j'ai oublié de vous en parler. C'était comme si la route prenait son élan avant de démarrer la course sur la colline, et dans cette allée, habitées alors deux filles de mon collège, que je n'aimais pas particulièrement, donc nous n'en parlerons pas particulièrement. Ensuite, la route nous faisait voir...(faites un roulement de tambour dans votre tête s'il-vous-plaît, c'est une information importante qui arrive, je vous l'assure)