Chapitre 32

437 18 6
                                    

May: Je te préviens je suis de très mauvaise humeur.

Je passe en trombe devant mon meilleur ami pour aller m'asseoir à la table afin de petit déjeuner, en colère.

Alek: T'essayes de marcher vite mais avec ta jambe tu perds toute ta crédibilité!

Je lui lance un regard noir, et je vois à son expression qu'il a compris qu'il ne fallait pas me chercher aujourd'hui. On me dit souvent que je fais "peur" quand je regarde quelqu'un comme ça.

Alek: À ce point là? Qu'est ce qu'il se passe?
May: Il se passe que j'ai du dormir au maximum une demi-heure cette nuit parce que la position allongée me défonce les côtes, et que je ne pouvais pas m'occuper intelligemment puisque je ne peux rien faire avec mon bras.
Alek: Et assise?
May: J'ai tout aussi mal.
Alek: Et du coup?
May: Et du coup j'ai passé la nuit debout sur une jambe comme un flamant rose à rien faire.
Alek: Rien faire du tout?
May: J'ai essayé de lire mais sur un pied avec une seule main pour tenir le livre c'est pas hyper agréable.

Je vois bien qu'Alek se retient d'éclater de rire devant le ridicule de la situation. Sauf que ça ne m'amuse absolument pas. Ça m'énerve encore plus et je décide d'aller me doucher.

Alek: Maylys reviens! C'est pas pour te vexer mais c'est quand même assez drôle!

Je ne reponds pas et je m'enferme dans la salle de bain. Avant de me rendre compte que je suis incapable de me débrouiller seule. Je soupire fortement avant de sortir de la pièce et de retourner voir Alek.

Alek: Ça va déjà mieux?
May: Négatif. Le fait est que j'ai malheureusement besoin de ton aide.
Alek: Je t'ai connue plus persévérante et autonome, Générale!
May: Aleksey.
Alek: J'arrive... De toute façon je n'ai pas trop trop le choix je crois!

Il essaye de détendre l'atmosphère, sans succès. Rester calme...
Alek m'aide à enlever mon attelle au bras et au genou, puis mes vêtements et mon bandage aux côtes. Je suis gênée et il le remarque.

Alek: May, c'est pas la première fois...
May: C'est pas une raison. Et c'était il y a longtemps.
Alek: Arrête d'en parler comme si c'était la pire expérience de ta vie!
May: Je dois te rappeler ce qu'il s'est passé ou ta mémoire fonctionne encore?
Alek: *soupire* Non c'est bon... T'as besoin d'aide pour te laver?
May: Ça ira merci. Tu peux sortir s'il te plaît?

Il s'exécute. Je me lave rapidement, avec beaucoup de mal, puis je sors de la douche. Mes joues sont mouillées, mais de larmes. Je baisse la tête en voyant mon reflet dans le miroir. Je n'avais pas envie de me souvenir de ça. Et surtout pas maintenant.

Je m'avance vers ma chambre en boitant et je vois qu'Alek m'a préparé mes vêtements. Premier petit sourire de la journée. Et en plus, il connaît mes goûts par coeur et il a choisi une tenue qui me plait. Je m'asseois sur mon lit et entreprends de m'habiller. Au bout de 10 minutes de patience infinie, Aleksey frappe à ma porte. Je soupire et il vient m'aider.
Ce souvenir me hante depuis tout à l'heure, et le fait de le voir n'arrange rien. Je vois que lui aussi est troublé...

Flashback-Mars 2014-
St Pétersbourg

Mme Pojarski: Maylys! Mets y un peu du tien s'il te plaît! Tu fais plein d'erreurs techniques ce matin, qu'est ce qu'il se passe?
May: Je... Je sais pas... Je ne me sens pas très bien...
Pojarski: Tu ne m'as pas l'air à l'article de la mort, alors essaye de faire un effort!

Je ne reponds pas. Ça ne sert à rien de toute façon. Je vais me remettre en position, sous le regard inquiet d'Aleksey. Après quelques pas, Mme Pojarski coupe une nouvelle fois la musique. Ma tête tourne.

Pojarski: Maylys.

Prise d'une violente nausée je coure me réfugier aux toilettes. Les larmes devastent mon visage. Je me laisse glisser le long du mur pendant qu'Aleksey me supplie de le laisser entrer. Au bout d'un moment, je rassemble mon courage et je me lève pour aller déverrouiller la porte.

Aleksey: Maylys!! Ça va?
May: Je suis enceinte.

Il vacille, sous le choc. J'avoue que j'ai été très directe. Trop peut être.

Alek: Qu.. quoi?
May: De toi.

Il ferme les yeux un instant, puis souffle.

Alek: Et...
May: De quatre mois.
Alek: Donc...
May: Donc oui, c'est trop tard pour l'avortement.
Alek: C'est une blague?!
May: Absolument pas.
Alek: Mais et notre carrière de danseurs? Notre avenir? Notre jeunesse putain? T'as 18 ans bordel!! Pourquoi t'as pas avorté?
May: Est ce que tu as conscience d'à quel point j'ai souffert de ne pas avoir de mère? Tout ce que ça a provoqué dans ma vie?
Alek: Mais...
May: Tais toi. Alors oui, ça va foirer ma vie, pas forcément la tienne, je ne t'oblige à rien, mais je ne pouvais pas avorter, impossible après ce que j'ai subi.
Alek: Comment tu peux dire ça?! C'est degueulasse Maylys! Je suis le père ça m'implique autant que toi!
May: On n'est plus ensemble.
Alek: C'est aussi mon enfant!
May: Continue ta vie ne te soucie pas de moi. Je suis qu'une merde de toute façon. Je suis née pour ne faire que des conneries.

Je baisse la tête, mes larmes s'écrasent par terre. Surprise, je sens les bras d'Alek m'entourer.

Alek: *chuchotant* T'arrête de dire des bêtises? T'es une personne juste incroyable Maylys. Je t'en veux beaucoup mais je ne t'abandonnerais pas. Jamais, tu m'entend? Jamais. Je serais toujours là.

2 mois plus tard

Nous nous étions fait à cette grossesse non prévue. Nos proches l'avaient très mal pris au début, "Mais vous êtes champions du monde vous pouvez pas vous arrêter comme ça pour au moins deux ans!", "Vous êtes beaucoup trop jeunes, vous avez perdu la tête?", mais avec le temps tout s'était arrangé. J'étais heureuse, je crois.
Jusqu'à aujourd'hui. Nous avions décidé de vivre ensemble avec Aleksey, même si nos sentiments n'étaient plus vraiment présents. Nous avions rendez-vous à l'hôpital pour une échographie. Le bébé, un petit garçon, n'allait pas très bien en ce moment. Rien de très grave avaient dit les médecins. Mais c'était juste "au cas ou".

J'étais en place pour l'échographie. Le médecin étudia longtemps le petit corps dans mon ventre. À chaque fois que je le voyais j'en avais les larmes aux yeux... Plus que deux petits mois à patienter...
Le médecin s'eclipsa quelques minutes et revint avec deux de ses collègues. Il discuterent longuement, mais trop bas pour que je puisse les entendre. Je commençais à paniquer. Un des médecins, une femme, s'approcha de moi.

Femme: Ou est votre compagnon?
May: Il n'a pas pu venir...
Femme: Oh... Bien, écoutez mademoiselle. Ce que je vais vous dire va sûrement vous briser, mais je n'ai pas le choix...

Sa voix était douce et calme. Mais ses paroles me faisaient peur.

Femme: Mademoiselle... Votre bébé ne se développe pas bien. Il a beaucoup de malformations et ne grandit plus. Et ses organes sont en très mauvais état.

Elle fit une pause. Je n'étais pas sûre de vouloir entendre la suite.

Femme: Vous ne pouvez pas le garder... De toute façon il mourra à la naissance. Je suis sincèrement désolée...

Le petit monde que j'avais réussi à reconstruire depuis la fin de ma dépression s'ecroula. Encore. Je m'étais déconnectée de la réalité, je sentais juste mon fils bouger doucement dans mon ventre. Mon fils. Qui allait mourir.

Fin du flashback

Alek: Maylys? Ça va pas?

Je me ressaisis. Il faut que je sois et que je reste forte... Allons affronter cette journée.

May: Si. Tout va bien.

Dals, une nouvelle vie... (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant