Prologue

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Comprenez-moi bien : ma vie étant aussi vide que le no man's land séparant les deux Corées, je me fichais bien de la fac dans laquelle je finirais par poser les pieds. Sauf que je me retrouve maintenant dans un bus en direction d'une école tenue secrète par le gouvernement, perdue au milieu des montagnes. Moi qui aime avoir des magasins à porté de mains, je ne suis pas ravie-ravie...

Le front appuyé contre la vitre, je regarde défiler le paysage automnal. Soudain apparait en amont une immense bâtisse style baroque, suivit de plusieurs autres bâtiments aux architectures variées. Je sors de mon mutisme pour la première fois depuis le début du voyage et donne un coup de coude à la personne assis à côté de moi. Yumi, ma meilleure amie (et la seule bonne surprise de cette rentrée) lève à son tour les yeux :

« Pas mal, mais pas autant que ce qu'il y a derrière... »

Je me retourne et aperçois à l'arrière du bus ce qui est sans aucun doute l'objet de son intérêt. Affaler sur les sièges se tiennent trois garçons.

Sexys.

Se sentant sûrement observer, l'un d'eux relève la tête et me transperce du regard. Mon cœur loupe un battement et je me retourne précipitamment. Mais Yumi, comme à son habitude, soutient son regard et le gratifie même d'un sourire à faire pâlir de jalousie la plus provocante des pouffiasses de Gangnam.

Il faut dire que Yumi est plutôt...à l'aise avec la gente masculine. Je la connais depuis l'enfance (nos mères étant collègues et amies). Mais tandis que je passe mon temps à la bibliothèque ou devant des dramas, elle pratique se qu'elle appelle très subtilement « partir à la chasse », sautant d'aventures d'un soir à aventures d'un jour. Cette différence ne nous empêchait pas de nous adorer, et je prends un incontestable plaisir à l'écouter me raconter certaines de ses...expériences (je ne suis pas une nonne tout de même...).

Je la vois du coin de l'œil se lever pour aller taper la discute (ce qui, dans son langage, veut dire sortir le fusil et viser le lapin...). Pas longtemps cependant car nous arrivons. Je descends du bus en faisant bien attention à ne pas regarder derrière moi et vais récupérer ma valise. On nous fait ensuite entrer dans une grande salle digne de Poudlard, qui sert apparemment de réfectoire, afin de nous donner quelques informations pratiques. Je ne vois plus Yumi depuis un moment et je commence à m'inquiétée. Agacée, je décide de retourner sur mes pas pour voir se qu'elle fiche. Je passe dans l'entrée et, ne la voyant toujours pas, sors et m'approche du bus. J'entends alors un bruit ressemblant à des gémissements...

Non... ne me dite pas que...

Si.

Elle en loupe pas une.

Je monte dans le bus et me fige en voyant qu'ils en sont déjà bien plus loin que je l'imaginais...

Yumi, la jupe relevée, a un genou sur un siège et se tient, enfin essaye de se tenir, penché face au dossier avec derrière elle le mec au regard de killer de tout à l'heure. Plaqué contre elle, il la tient par les hanches tandis qu'il lui assène de grands coups de reins à en faire trembler tout le bus. Je jurerais avoir ressentis les secousses.

Il n'y a cependant pas que mon corps qui est secoué... Face à cette vue inattendue mais non moins déplaisante, mon innocence (déjà souvent mis à mal) vient lamentablement choir à mes pieds tandis que je sens une vague d'envie s'emparer de moi.

Cela ne dure malheureusement que quelques secondes vu que le hoquet mis-étonné mis-fasciné que je lâche les prévient de ma présence. Les deux relèvent vers moi des yeux surpris et emplis de désir. Le garçon me fixa, le visage encore transpirant de l'effort, avec une expression passant de l'étonnement à l'amusement. Je ne peux pas m'empêcher de noter que cette créature est magnifique...

Yumi se dégage de son emprise pour remettre à la hâte de l'ordre dans ses vêtements.

« Soo... » me dit-elle avec un regard embarrassé.

Sortant de mon hébétude, je me rends enfin compte de la gêne que peut occasionner mon comportement de voyeuriste. Je me retourne honteusement et lance un «désolée !» en quittant le bus prestement.

Alors que je retourne vers l'entrée, j'entends le garçon éclaté d'un rire tout droit venu des enfers pour me tourmenter...

Don't spy the pretty boy (Jimin) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant