Take me home.

Prologue.

A l'heure où j'écris ceci, mon âme est déjà morte. A l'heure où vous lisez ceci, mon corps lui-même est probablement mort. Mais j'ai encore assez de force pour vous parler de la merveilleuse histoire d'amour que j'ai vécu, une histoire... presque parfaite, hormis les jugements que j'ai reçus et que je recevrais à jamais.

Je me rappelle surtout du premier jour, la première fois où je l'ai vue. Elle venait d'avoir 15 ans, encore jeune et belle. J'approchais doucement de mes 35 ans, moi, vieux et déjà aigri par la rupture difficile que je venais de vivre. Et il n'a suffi que d'une œillade furtive pour que ma douleur s'envole. Je l'ai vue, avec ses binocles orange et son haut un peu court qui laissait apercevoir son ventre, et j'ai su qu'elle était en or, un vrai trésor, une perle rare. Elle n'avait pas encore ouvert la bouche, n'avait pas prononcé une seule parole que j'étais déjà amoureux de sa voix, de son âme et son corps. Et à qui aurais-je pu en parler, si ce n'est qu'à un vieux journal intime que je n'avais jamais ouvert ? Un bout de papier ne me jugera pas, c'est ce que je me disais. Parce qu'un homme ne peut pas tomber amoureux d'un enfant, moi-même à l'époque j'ai puni la pédophilie, ''comment peut-on toucher un gosse quand on est un homme ?'' et je le punis encore, parce que je n'en fais pas partie. J'avais un désir certain envers cette jeunette, parce que je suis tombé amoureux, pas parce que le corps informe et fragile d'une gosse m'attire. Non, je suis tombé amoureux, c'était comme attraper une maladie, personne ne veut ça... Mais c'est arrivé, je n'étais pas prévenu, et ce n'est jamais parti. Parlons d'un cancer amoureux qui n'a jamais guéri et qui m'envoie dans la tombe.

Danie Olsman, je me rappelle de sa voix douce et qui m'illuminais. « Je m'appelle Danie, Danie Olsman. » Il y eut une brise de vent et je l'ai vue frissonner. Moi aussi j'ai frissonné, mais pas de froid. Elle me restera dans la tête jusqu'à ce que mon cerveau éclate en mille morceaux, elle sera Danie pour toujours, ma Danie. En or, un vrai trésor.