Chapitre 32

45 5 0
                                    

J'arrive à ma voiture et j'enfonce ma clé dans la serrure pour déverrouiller ma caisse. J'entends par les mouvements de foule qu'il m'a suivi, qu'il arrive, qu'il sera bientôt derrière moi. Je ne cherche même pas à regarder la terreur qu'il pourrait avoir dans les yeux que j'ouvre la porte et monte dans ma voiture. Il me fait peur quand il est en colère, comme ça. Tout ça parce que j'ai voulu garder cet évènement comme secret... Je m'apprête à fermer la portière mais trop tard, j'ai surement été trop long. En m'agrippant le t-shirt, il me sort rapidement de là et je n'ai même pas le temps de protester que je suis plaqué contre ma propre voiture toute merdique.

- Pourquoi tu parles de mon père ?

- Calme toi Louis, tout le monde nous regarde.

- Non ! Tu as vu mon père ?

- ...

- Et tu ne m'as rien dit ?

- Louis, monte dans la voiture s'il te plait.

- Pourquoi ?

- Pour que je t'explique tranquillement...

Il souffle pour me montrer son mécontentement et il me lâche. Après quelques secondes et quelques regards sur la foule commère, il me contourne pour monter dans ma voiture, côté passager. Je prends ensuite place et je démarre sans plus attendre. Être le phénomène de l'université ne me plait pas du tout. J'essaie de reprendre mon calme et de ne pas péter mon câble.

- Arrête-toi !

Je ne cherche pas à comprendre et je me mets sur le bas-côté. J'arrête le moteur et il descend de la voiture. Surement par nervosité de savoir que j'ai vu son père, il passe une main dans ses cheveux sans même me jeter un regard par le pare-brise. La route est tellement vide qu'on pourrait croire être dans un dessert. Des prés et des vaches nous entourent, on est seul. Je le rejoins dehors et m'approche de lui.

- Louis, je voulais te le dire...

Il pose son regard plein de dégout sur moi et ça me brise de le voir si déçu pour ce petit secret.

- Il m'a abandonné, tu le vois et tu ne me le dis même pas ? C'est ça être amis pour toi ?

- Non, ça n'a rien à voir avec être amis.

- Si, ça a tout à voir ! Tu me l'as caché !

Je soupire doucement et m'appuie contre le capot de ce vieux tacot. Il me fixe en espérant des explications mais quoi lui dire ? Je soupire de nouveau en imaginant ce qu'il peut passer de moi, de ça, de cette histoire, de cette connasse qui sait peut-être tout sur cette soirée.

Je baisse les yeux.

- Harry, s'il te plait.

Mon cœur ratte un battement à sa voix enrouée et pleine de tristesse.

- Il est venu avec mon père sinon, je ne serais pas resté.

- Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ? Qu'est-ce qu'ils te voulaient ?

- Simplement m'expliquer qu'ils ne nous ont jamais abandonné Louis.

- Comment ils peuvent dire ça alors que c'est le cas ?!

Je le sens s'énerver. En un sursaut, mon regard remonte à lui.

- Ce n'est pas le cas. C'est dans nos gênes d'être ce que l'on est, d'être comme eux.

- D'être quoi ?

Son froncement de sourcils me fait me demander si je ne suis pas le seul à réellement penser tout ça. C'est peut-être trop dingue comme histoire pour que ça soit vrai. Ma voix s'enroue de stress et j'ai du mal à placer mes mots. Je finis tout de même par sortir ce que je pense.

- Qu'on soit gay, que je t'aime et qu'on est peut-être vraiment fait pour être ensemble...

- Alors ils sont ensemble, nos pères ?

- Oui.

Qu'il ne réponde pas à ma déclaration me blesse mais je ne laisse rien paraitre.

- Je ne suis pas sûr de pouvoir pardonner à mon père Harry.

- Tu devrais. Ils sont heureux maintenant, ils ne l'étaient pas en étant avec nos mères. Elles nous ont d'ailleurs empêchées d'être amis pour ne pas qu'on les abandonne, ces égoïstes. On aurait pu vivre plein de bonnes choses Louis, mais elles nous empêchées de connaitre une vie d'adolescents normaux.

- Tu crois sincèrement que je vais croire tout ça ? Tu crois que tu peux me dire que nos pères sont ensemble et qu'ils ne nous ont pas abandonnés alors que c'est ce qu'ils ont fait ? Et si tu avais monté ce plan avec Eleanor hein ?

- Pour toi, je mens ?

- Oui !

J'hoche la tête avec cette boule dans l'estomac, cette envie de pleurer et ce désir de me barrer et de le laisser au milieu de ces prés, au milieu de nulle part. Je l'ai mauvaise, qu'il me croit capable de comploter avec cette conne. Je le regarde un instant puis je vais m'asseoir dans mon véhicule.

Tu es fort, ne pleure pas.

Il est vraiment idiot pour penser que je serais capable de lui mentir, que j'ai inventé une histoire pour lui donner une raison d'être avec moi. Je serre les dents et j'allume la radio pour tout évacuer. Je la mets suffisamment forte pour ne rien entendre, pour me sentir seul et dans mon monde. J'appuie mes bras contre le volant et j'y enfuie ma tête dedans. J'évacue toutes ces mauvaises ondes et je respire calmement en repensant à ce qu'il vient de me dire. Il ne me connait pas, en fait. Il ne mérite même pas que je veuille être avec lui. Je vais me changer les idées, je vais arrêter de penser à ce gars et je vais trouver quelque chose pour ne plus avoir l'envie de ses lèvres à chaque instant passé avec lui. Il ne mérite rien. La radio s'éteint d'un coup alors je relève la tête. Il a baissé le son au maximum. Je démarre sans rien dire et le voyage bien trop long à mon gout se fait dans le silence le plus lourd et le plus pesant que j'ai connu de toute ma vie. Je le dépose devant chez lui puis je vais me garer dans mon garage. Je ne lui adresse même pas un regard même si je sens sa tristesse me fixer. Je rentre chez moi et je monte directement en haut.

En le trouvant dans la cuisine à mon réveil, je ne m'imaginais pas le moins du monde finir ma journée en voulant le railler entièrement de ma vie.

Monsieur Le Président des USAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant