- Unique - Tome 2

Chapitre 12 - Faustine

Les coups derrière la porte redoublent d'intensité.

Je n'ai rien trouvé dans la salle de bains qui puisse m'aider à écrire ce que je sais. J'ai tout de même piqué l'eye-liner pour annoter mon bras.

Ils veulent te tuer.

Je ne sais pas encore si c'est l'exacte vérité. Mais au moins, en voyant cette inscription, je saurais qu'il faut que je me méfie d'eux.

Croire Jake est facile et tentant. Mais croire Myla est presque naturel. Sa présence est tellement réconfortante, tellement habituelle...

D'ailleurs, pourquoi est-elle la seule personne dont je me souviens ?

Peut-être que ce n'est pas un hasard. Peut-être que je ne perds pas la mémoire. Peut-être que quelqu'un contrôle ce dont je me souviens.

J'essaie de me persuader que cette idée est absurde. Mais d'un autre côté, qu'est-ce qui serait plus absurde que ma situation actuelle ? Je suis enfermée dans une salle de bains, défiant la seule personne dont je me souviens, après que mon Partenaire ait révélé que j'aurais dû être envoyé dans une base militaire pour que l'on m'assassine.

Franchement, même en cherchant bien, je ne pense pas avoir vécu une situation plus absurde.

Lorsque l'encre sur mon bras a séché et que j'ai recouvert l'inscription de ma manche, j'inspire un bon coup et m'apprête à sortir de la salle de bains.

Auparavant, je récupère les pinces à cheveux, ciseaux et autres objets métalliques de la pièce et les jette par le velux. Puis je plaque mon oreille contre la porte et m'applique à faire attention à tous les détails. La respiration saccadée de Myla, la présence de Jake au bout du couloir, la régularité des coups... et je déverrouille au moment où Myla s'apprête à enfoncer la porte de nouveau.

Elle s'écroule de tout son long dans la salle de bains, furieuse. J'en profite pour refermer la porte derrière elle et utilise la clé que j'ai subtilisée pour l'enfermer à l'intérieur.

La seconde d'après, Myla tambourine contre la porte en me lançant une poignée d'insultes bien senties. Mais après tout, je les mérite.

-Tu n'as pas l'intention de l'aider à sortir ? je demande à Jake sans prendre la peine de me retourner.

Surpris que je sois déjà au courant de sa présence, il bégaie et finit pas répondre par la négative. Lorsque je me retourne en reprenant la clé avec moi, je l'affronte du regard.

-Qui veut me tuer ? je demande aussi durement que possible.

Il soupire et passe la main dans ses cheveux pour faire passer son malaise. Cette habitude m'agace prodigieusement.

-Réponds, j'insiste pour qu'il n'ait pas le temps d'inventer une excuse.

-Franchement, ce serait plus simple de te dire qui ne veut pas te tuer. Ou te capturer.

-Pourquoi ? je surenchéris.

-Parce que tu es une menace pour la société. Pour le Système.

Je ne comprends pas ce qu'il veut dire.

-Comment je peux être une menace si je ne me souviens de rien ?

Cette fois, pas de soupir, pas de malaise. Il me fixe droit dans les yeux et un frisson me parcourt l'échine. Je connais ce regard. Mais impossible d'y associer le souvenir.

-Il n'y a pas cinq minutes, tu étais prise au piège. Et maintenant, tu es là, et Myla enfermée. Tu n'as pas besoin de ta mémoire pour être dangereuse.