Os Jelsa

Au revoir, Snowflex.

Dans un conte de fée, dans ce genre de récits pour enfants où le héros retrouve son âme sœur, dans les romans à l'eau de rose où ils s'embrassent devant leurs famille complètes, dans ces histoires idylliques, où le scénario aurait été paradisiaque, il aurait pu avoir un belle fin, joyeuse, telle que "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants", on encore "et ils s'aimèrent toute leur vie". Mais la réalité est bien plus difficile. Jack en avait bien conscience. Il haïssait toutes ces conneries. Il détestait tous ces mensonges. Il n'aimait pas ces pauvres rêves de gamins qui espéraient un destin merveilleux, coloré. Jack avait grandi trop vite. Il avait été trop jeune confronté aux problèmes d'un monde sans couleur, terne, usé. Enfin, la réalité quoi.

La capuche rabattue sur ses épis blancs, le garçon alors âgé de 19 ans marchait, seul, sous la pluie grise de Portland, les yeux rivés sur le sol. Il arpentait les rues sans faire attention aux immeubles qui se dressaient, vieux et désertés de toute vie. La nuit déclinait peu à peu sur la cité HLM, couvrant les quelques avenues d'ombres inquiétantes. L'adolescent n'y faisait pas attention. Depuis des années il prenait ce même chemin, à la même heure, et comme toujours, ces fantômes immobiles apparaissaient, gardant, ou plutôt hantant les lieux dévastés par la misère. Jack tourna dans une rue assombrie par l'obscurité. Il ouvrit une porte de bois, et entra dans le petit studio qu'il occupait. Il passa dans la cuisine qui faisait office de salle à manger et entra dans sa chambre. Un lit bleu, des murs blanc, un bureau et une armoire, quelque chose de simple. Jack jeta son sac sur la couverture. Il retira son pull et son t shirt trempés par la pluie avant de les étendre sur une chaise pour les faire sécher un peu. Par chance, Jack n'était ni frileux, ni quelqu'un de facilement malade.

- Mmh, sexy Snowflex.

- Combien de fois je t'ai dis de ne pas m'appeler comme cela? Et d'ailleurs, tu fous quoi ici?

Le garçon se tourna vers son meilleur ami qui, assit en tailleur à l'autre bout de la pièce le regardait, un sourire sincère sur le visage.

- Détends toi Frosty, je suis venu t'apporter de ses nouvelles.

Ledit "Frosty" sembla soudainement très attentif à la tournure que prenait la discussion. Il lui demanda d'une voix hésitante et anxieuse:

- Elle... Comment elle va?

Son ami le regarda longuement et ouvrit la bouche mais Jack le coupa.

- Sans mensonges s'il te plaît, Flynn.

Celui-ci se passa la main sur la nuque avant de lui répondre d'une voix hésitante.

- On est à cours d'excuses pour justifier ton absence. Elle veut te voir au cas où..

Jack se passa la langue sur ses lèvres sèches.

- Elle.. elle a une chance de s'en sortir?

Sa voix étranglée trahissait sa douleur. Son ami se leva et posa une main sur son épaule.

- Viens la voir s'il te plaît.

Jack se détourna et essuya du revers de la main ses yeux mouillés.

- Je peux pas.

- Si tu peux Jack. Tu prends ton bordel et tu ramène ton cul à l'hôpital et après on va chez Mérida.

Sa voix était sèche et autoritaire. Le garçon regarda son ami, implorant.

- Mais Flynn.. Tu te rappelles ce qu'on s'était dit? On ne se met jamais en travers du chemin de l'autre..

Flynn sourit et répliqua.

- Sauf quand il va dans la mauvaise direction. Aller, viens. Ma moto est en haut de la rue.