Le temps.
C'était tout ce qui comptait. Nous étions en 2170 et le système dans lequel nous vivions était établit depuis si longtemps que personne ne se souvenait comment c'était arrivé. Le temps déterminait la vie et la mort. Nous étions programmés pour ne plus vieillir à partir de 21 ans. Une horloge interne intégrée dans notre avant-bras émettant une lumière verte commençait son décompte une fois que nous atteignions cet âge. Quand on manquait de temps, on mourrait. C'était simple. On gagnait du temps, on le dépensait. Le temps était partout. Certains étaient immortels et disposaient de quelques siècles ou de millénaires. D'autres vivaient au jour le jour. L'Angleterre était divisée en 5 districts, le 1 étant le plus riche le 5 le plus pauvre.
Je m'appellais Louis Tomlinson, j'avais 21 ans depuis 2 ans et je venais du district 5. Ici chaque jour était un combat contre le temps. À mon réveil, ce matin j'avais 20 heures à vivre. Maintenant il était huit heures du soir et je venais de recevoir ma paye. 1 jour et demi. J'avais tout juste assez pour prendre le bus et retourner travailler demain. La même routine tous les jours. Au moins je restais en vie. Et quand les choses devenaient trop dur pour ma mère Jay et moi, je faisais des heures supplémentaires pour l'aider à payer les dettes, le loyer, les emprunts. Les vols étaient fréquents dans le district 5, et la police du temps ne faisait rien contre. Les fauche-minutes comme on les appellaient, arrivaient à ne pas se faire remarquer auprès des autorités. Il fallait toujours être prudent. Les cadavres jonchaient souvent le sol de la ville, tous ceux qui ont manqué de temps. Il existait un moyen de gagner du temps autre que travailler. On appellait cela le bras de fer. On pouvait prendre le temps de quelqu'un en tournant son avant-bras vers la gauche, si on tournait à droite c'était lui qui nous en prennait. C'était un jeu dangeureux où beaucoup on perdu la vie. Ma mère m'avais fait promettre de ne jamais y jouer, et pour l'instant je n'avais pas briser ma promesse. Mon père était l'un des plus doué au bras de fer. Il gagnait tout ses combats. Et puis il mourru. Ma mère m'avais toujours dit qu'il avait finit par perdre, mais je n'y croyais pas, il n'aurait jamais pu perdre la vie de cette façon. Il était bien trop doué et rusé pour cela.
Le vent soufflait à travers les ruelles sombres et humide de Doncaster. L'air était frais et les nuages s'amassaient, nombreux, dans le ciel noir d'encre. J'ajustais la capuche de mon sweat et envoyais valser une canette de coca cola du bout du pied. Demain, 24 décembre 2170 j'aurais 21 ans pour la troisième année consécutive. Je ne savais pas vraiment si cette idée me réjouissais ou si elle me consternais. Le fait que je doive passer le restant de mes jours dans ce quartier miteux me donnait envie de vomir. Enfin le restant de mes jours, il fallait être réaliste, ça pouvait être rapide... Après tout je n'avais plus beaucoup de temps devant moi. Je m'engouffrais dans le corridor qui menais à l'appartement où j'habitais avec ma mère et claquais la porte derrière moi. J'ouvris plusieurs placard, enfournais quelques paquets de chips dans les poches de mon blouson et allais m'enfermer dans ma chambre. Allongé sur mon lit dans la pénombre je contemplais fixement ce décompte sur mon avant-bras qui chaque seconde me rapprochait un peu plus de ma mort. La pièce était plongée dans une pâle lueur verte dû à l'Horloge. Après plus de dix minutes passées dans le silence de l'obscurité, je me levais enfin de mon lit, faisant grincer les lattes de bois décrépies. Ma mère devait déjà être rentrée depuis 5 minutes. Just au moment où je posais ma main sur la poignée en fer de la porte de ma chambre, celle-ci s'ouvrit lentement, laissant apparaître le doux visage d'une jeune femme. Johannah, autrement dit ma mère, leva ses yeux soucieux vers moi et la première chose qu'elle dit lorsqu'elle ouvrit la bouche fut:
« Combien te restes-il de temps Louis ?
- J'ai encore 2 jours maman, ça va t'inquiète pas. »
Elle soupira de soulagement, une once d'inquiétude ne quittant pourtant jamais son visage pâle et jeune. Ma mère était censée avoir 45 ans mais elle avait l'apparence d'une femme de 21 ans comme tous les habitants. Ses cheveux bruns foncés tombaient raides jusqu'à ses épaules, elle avait la peau très blanche, les yeux bleus très pâles et elle était maigre. Il faut dire qu'on n'avait pas beaucoup à manger ces derniers temps, depuis que mon père était mort. Mais on faisait avec. Je prenais ma mère tendrement dans mes bras, la serrant avec douceur, sentant son parfum sucré de cannelle mélangé à celui de la suie et la poussière qui ne la quittait jamais. Elle répondit faiblement à mon étreinte pui s'éclipsa dans la cuisine pour faire le dîner. J'avais promis à Zayn que j'irais le rejoindre au bar ce soir puisqu'il venait d'avoir une faible promotion et voulait nous payer la tournée.
« Erm, Maman, je n'ai pas très faim ce soir et puis je dois aller voir... un ami, vers 22h donc, je te vois plus tard ? »
Je n'attendis pas de réponse, l'embrassais sur le front et quittait l'appartement claquant la porte derrière moi, faisant trembler les fins murs poussiéreux. Je n'avais pas prévenu ma mère du fait que Zayn était l'ami que j'étais censé retrouver puisqu'elle ne m'aurait jamais laissé sortir si elle avait su. Elle n'avait jamais eut confiance en lui. C'était vrai qu'il avait un passé plutôt... mouvementé. Avant que je ne le rencontre il y a deux ans, c'était un fauche-minutes. L'un des plus redouté même. Il avait tué. À plusieurs reprises. Il avait eut beaucoup de problèmes avec la police du Temps. Et puis il y a deux ans, en sortant de prison où il séjournait depuis trois mois il avait changé. Personne ne pouvait l'expliquer. Peut-être était-ce la prison qui l'avait profondémment bousculé. Peut-être pas. Mais tout ce que l'on savait c'était que maintenant, il s'était trouvé un travail, une magnifique femme, qui attendait un enfant, et on ne pouvait trouver plus honnête homme. Malgré sa rédemption, ses actes passés restaient gravés dans les mémoires de tous les habitants. Comme celle de ma mère par exemple.
Les lumières néons du bar Jekyll brillait dans toute la rue humide et déserte. Je poussais la porte d'entrée qui émit un grincement sonore. L'ambiance était plutôt morose, comme d'habitude, excepté une faible musique provenant du jukebox au coin de la pièce. Deux hommes étaient assis au comptoir, sirotant tranquillement leurs bières, me lançant des regards vides. Quelques autres clients occupaient les tables vers le fond du bar et c'est dans le coin le plus sombre et le plus reculé que je répérais Zayn. Sa barbe avait poussé depuis la dernière fois que je l'avait vu et parsemait sa machoîre de poils d'un noir de jais. Ses cheveux de même couleur étaient sales et en bataille tombant de façon désordonnée sur son front suant. Le métis releva ses yeux marrons vers moi et sourit de toute ses dents quand il m'aperçut. Malgré la fatigue présente dans son regard et l'épuisement que l'on devinait sur son visage Zayn avait belle allure. Il avait toujours été beau et avait fait chavirer beaucoup de cœurs avant de se marier avec Perrie, une jolie blonde, mince, dotée d'yeux bleus azur. Elle avait été la seule à accepter le changement de Zayn, et à effacer ses erreurs passées pour reprendre tout à zéro. Petit à petit ils étaient tombé amoureux et il y a moins d'un an ils s'étaient mariés. En ville on ne leur prêtait pas grande attention, tout le monde les connaissait mais personne ne semblait les remarquer. Cela ne les dérangeaient pas, ils aimaient la vie qu'ils avaient, une vie simple, discrète, presque heureuse. Presque parce que bien sûr, comme nous tous ils se battaient pour rester en vie, ne possédant que peu de temps chaque jour. Zayn venait même de prendre un nouveau boulot puisque Perrie avait du arrêter de travailler à cause de l'enfant qu'elle attendait.
Zayn me fit un petit signe de la main, m'invitant à la rejoindre. Il tira une dernière bouffée de sa cigarette puis l'écrasa lentement dans le cendrier.
« J'ai cru que tu viendrais jamais, finit-il par dire sans même relever les yeux du cendrier.
- Désolé, j'ai perdu du temps à discuter avec ma mère, je répondis me laissant tomber sur une chaise à ses côtés. »
Il se tourna vers moi et me lança un regard narquois avant de tourner son attention vers le bar et de demander deux vodka au barman.
« Alors, cette promotion c'est de combien? lui demandais-je.
- Une demi-journée en plus. C'est pas grand chose mais c'est déjà ça. »
Je lui souris faiblement. Il avait raison, c'était déjà une bonne chose qu'il ait eu une augmentation. Ça n'arrivait pas souvent par ici, ou bien ce n'était que de quelques heures. Et bien que personne ne crache sur deux ou trois heures de vie en plus, ça ne changeait pas grand chose à notre combat quotidien contre la mort et la famine.
« Écoute Louis, je t'ai pas demandé de venir ici seulement pour l'alcool ou pour ma pauvre augmentation. J'ai quelque chose d'important à te proposer. »
Il fit une pause, m'observant fixement sans doute dans l'attente d'une réaction de ma part. Ma curiosité était piquée et je mourrais d'envie de savoir ce qu'il avait de si important à dire.
« Mais alors, qu'est-ce que t'attends dis-moi ! M'exclamais-je.
- J'ai un plan pour nous sortir d'ici. »