Sentimentalement Opposés [boy x boy]

Chapitre 9

Mardi 9 août

Mardi 9 août

Asha, comme il l'avait pressenti, ne s'était pas laissé faire. En un rien de temps, elle l'avait repoussé des deux mains, violement. Il ne s'était pas attendu à un miracle, il voulait juste, à la base, la sentir contre lui, s'assurer qu'elle allait bien. Si son état mental se dégradait, c'était de sa faute, et il ne le supportait pas. D'ailleurs, il aurait été capable de bondir dans le Tennessee juste pour râler après son beau-père d'avoir fait un infarctus au même moment de leur dispute, ce qui n'arrangeait rien. Mais s'il avait fait cela, son destin aurait été scellé. Il aurait été condamné à vivre seul éternellement, à signer les papiers du divorce, démissionner et déprimer seul dans son coin sans jamais connaître son enfant. Asha était hargneuse, et elle ne le laisserait jamais voir son bébé si elle n'était plus en couple avec lui. A la rigueur, elle l'aurait remplacé, et n'aurait jamais dit au petit qui était son vrai père. Elle en était tout à fait capable. Non, en fait non. Elle ne ferait jamais cela, si ?

-Laisse-moi tranquille, Lane ! Va draguer Luke, puisque c'est...

Elle n'eut pas le temps de terminer qu'il lui avait bouché les voies orales d'une main audacieuse, qu'elle mordillait, tentant de se libérer. Le concerné, derrière eux, avait viré vers lui un regard noir qu'il ne sut interpréter. En fait, il avait tourné la tête vers le couple dès que Lane s'était échappé de sa place jointe. En revanche, à cet instant, s'il balaya la cour du regard, c'était surtout pour vérifier si ses mots n'avaient pas franchi le seuil des trois énergumènes qu'ils étaient. Visiblement, non. Méfiant, il la lâcha, avant qu'elle n'en vînt aux griffes. En effet, lorsque les dents ne fonctionnaient pas, la jeune femme aimait beaucoup se servir de ses ongles et les lui enfoncer dans la peau du poignet... Et comme elle les avait acérés, il finissait toujours par lâcher prise.

-Je n'en ai rien à foutre de Luke, merde !

Le concerné détourna le regard, et lui attira un haussement d'épaules assez particulier. Il se demandait comment il avait fait pour le vexer, alors que c'était, habituellement, mission impossible. Si à ce jour il paraissait glacial et réservé, habituellement, il était plutôt un homme souriant, charmeur et protecteur, attentionné même, quoique rêveur et puéril. Il n'avait rien d'un gars susceptible. Lane ne le comprenait pas. D'ailleurs, Mike intervint à ses côtés, et s'assit à son tour sur la rambarde avant de tourner les yeux vers lui, un sourire d'encouragement au bord des lèvres. Il reporta alors toute son attention sur sa femme, dont le regard était persuasif. Rien qu'en plongeant dedans, il imaginait toute la rancœur qu'elle nourrissait à son égard.

-Je t'aime Asha ! Toi et personne d'autre ! Je t'aime, et je veux faire ma vie avec toi... Rien de plus ! Asha, s'il te plait, écoute-moi...

-Je n'ai plus à t'écouter, Lane !

-Au contraire... Il y a trop de non-dits entre nous. Je sais que je ne te récupèrerai pas facilement, j'en ai bien conscience... J'en ai bien trop conscience d'ailleurs. Mais ce n'est pas pour ça que je vais baisser les bras. Tu as ma collègue, ma meilleure-amie, tu es devenue mon amante, ma femme, puis aujourd'hui tu es la mère de mon futur bébé. Tu es tout pour moi, toute ma vie. Je ne veux que toi. Si je t'ai dit ça sur Luke, c'était la colère qui parlait. Je ne peux pas nier que je le pensais, et j'ai vraiment pensé à essayer de le séduire... Je ne veux pas te mentir à ce sujet...

Elle blêmit et des rides apparurent sur son front, qui lui indiquèrent immédiatement que ce qu'il lui disait ne lui plaisait pas. Evidemment, il était en train de lui avouer qu'il avait voulu la tromper ! Comment aurait-il réagi si c'était elle qui lui avait tendu ce discours ? Très mal, probablement. Il n'avait rien à lui reprocher : la faute était à lui. Il avait tenu des propos plus que blessants, et s'il y avait quelqu'un qui devait tout réparer, c'était bien lui. Pour cela, il pourrait faire n'importe quoi. Oui, bon, il ne tuerait peut-être pas forcément, et ne se suiciderait pas, sinon il risquait de ne plus la voir pour des raisons précises : la prison et la morgue n'étaient pas vraiment des lieux très propices aux réconciliations.