Adécrallia

Chapitre 2

Mais où est elle ? Il est 17h45, elle devrait être arrivée depuis longtemps ! 17h50. 17h55. Ah ! La voilà enfin ! Méliane marche sur le trottoir, à pas rapides. Elle porte un jean délavé et un top rouge. Il s'agit du top que nous avons acheté ensemble, dans le « Nuage habillé », un magasin de mode près de chez moi, en prévision du beau temps. C'était ce jour-là que je me suis aussi achetée la magnifique jupe bleue marine rayé blanc que je porte très souvent.

- Salut ! Tu en as mis du temps ! lui dis-je.
- Je sais. Le bus a été pris par la circulation.

Nous nous dirigeons vers la caisse puis elle demande deux entrées pour « Le Royaume d'Isidard », sorti récemment. La caissière fait la moue quand elle s'apperçoit qu'elle devra encaisser deux fois. Nous donnons, chacune à son tour, l'argent nécessaire. $19,90. Pas très cher pour un film qui vient de sortir...
Nous achetons également des pop-corn au stand, juste à côté. Nous entrons le plus vite possible et le plus discrètement possible dans la salle de cinéma. Ouf ! Le retard de Méliane ne nous a fait rater que la publicité.

Lorsque nous nous installons, des « Chuttttt » se font entendre.

- Les cinémas de l'Étoile sont Heureux de vous présenter votre film, fait une voix mécanique.

- C'est parti ! chuchoté-je à Méliane.
- Chuttttt ! murmure quelqu'un.

[...] Trop tard ! Isidard ne pare pas assez vite le coup d'épée de son adversaire et se fait blesser à l'épaule. À ce moment précis je sens une présence étrangère à Méliane, juste sur ma gauche...

- Salut ! nous dit quelqu'un en essayant de chuchoter.
- Arina ? Tu n'étais pas à ton cours de violon ?
- Oh, que si ! Mais je ne raterais pour rien au monde notre petite soirée entre BFF !?

Arina glisse sa main dans le cornet de pop-corn et en retire une grosse poignée.

- Vous ne m'aurez pas, maître du mal ! Ni moi, ni les autres ! Isidard ponctue sa phrase en montrant son poing menaçant.

Je retire à mon tour une grosse poignée de pop-corn. Mmmm ! Délicieuses ! Sucrées juste comme il faut ! Je m'étouffe en mâchant mes pop-corn, quelque chose leur bloque l'accès à mon œsophage.
- Kof, kof, kof ! Kof, kof kof kof kofffff !
On me tape dans le dos,sans succès.
- Kof, kof, kooofffff !
J'introduis ma main dans ma bouche et essaie de dégager le passage. Je sens quelque chose de dur, gros, qui prend toute la place. Je le chope par le côté et l'extirpe de ma bouche. Qu'est-ce que c'est que ça ???!!! Une boule grise, de la taille d'une boule de billard, couleur marbre avec de petites incrustations de bleu se tient dans la paume de ma main.

- Ben ça alors ! Si on s' y attendait !

Toutes trois, nous regardons cette petite sphère gris-bleu, qui aurait pu me causer la mort.

- Qu'est-ce qu'elle faisait dans tes pop-corn, à ton avis ?
- Aucune idée, répondé-je à Méliane.
- Quelqu'un aurait-il voulu t'étouffer ? propose Arina.
- Prenons David par exemple. Il ne te supporte pas et il est jaloux de l'intérêt que te portent les profs, non ? complète Méliane.
- Ou alors, David aurait fait appel à des extraterrestres pour l'aider à devenir premier de classe en t'éliminant !
- Je ne suis pas dupe de vos théories. D'après-moi ce serait juste un accident ! Quelqu'un aurait laissé tomber cette boule par accident dans les pop-corn ! Ils ne pouvaient pas savoir que ce serait moi qui la goberait ! Ça pourrait être toi, Méliane, non ? Ou toi, Arina ?
- Ce qui repousse la théorie de David, comprennent en cœur Arina et Méliane.
- Nous devrions faire des recherches sur cette boule ! Qui sait, c'est peut-être les extraterrestres qui essaient de nous envoyer des signaux ?!

Aaaaahhh ! Méliane ! Tu regardes trop de films !! C'est vrai ça, dans son salon ils ont une étagère entière ne refermant que des films ! Entre les films que regarde son plus grand frère et ceux que regardent son petit frère et sa petite sœur ... !

À la fin du film, nous décidons de nous rendre toutes chez Arina, dans le laboratoire de son grand-père, le lendemain après-midi pour étudier cette pierre.

Δ

Le Boulevard St-Jean est toujours un peu bouché. Mais de là à être bouché sur toute sa longueur !?
Je suis dans l'autobus, en direction de la rue Hanry-Favre, bloquée par la circulation. Je pourrais continuer à pied, non ? Mais je suis trop flemmarde pour ça... Les gens assis à côté de moi ont l'air anxieux ; certains énervés, ils doivent sûrement être attendus chez eux, par leur petite famille... Une grosse dame près de moi parle au téléphone :
- Je suis désolée, j'arriverai en retard. La circulation n'avance pas ! Oui, oui, c'est ça. Bon, aller, à tout ! Oui, je sais ! Bisous ! À tout.

La grosse dame raccroche puis range son téléphone dans une petite housse verte. Elle sort ensuite un roman intitulé : " Le jardin à l'eau de rose ". C'est sûrement un roman ennuyeux comme ceux que lisent mes grands-parents... Cette dame à l'air trop excitée  pour lire, elle referme son livre quelques minutes plus tard et entreprend de se ronger les ongles.

En face de moi est assis un garçon de mon âge. Il a des cheveux courts et noirs. Son menton est carré et ses yeux grands, verts et en amande. Quel merveilleux Apollon ! Je prends discrètement mon portable et prends une photo. Raté ! Il a bougé. Je refais une tentative mais cette fois c'est moi qui ai bougé.
- Qu'est-ce que tu fais ?

Aaaaaaahhhhhh ! Il m'a adressé la parole !!!! Qu'est-ce que je lui réponds ???
- Ehhhhh...

Julie ! C'est tout ce que tu sais dire ?!! Tu vas passer pour une nouille ! Allez Julie ! Dis autre chose !
- Ben ehh... Rien, rien, je réfléchis.

Voilà. C'est mieux mais toujours nul.

- Comment tu t'appelles ?
- Ju. Ju. Julie.
- Moi c'est Adrien.

Adrien. C'est nul en fait. Et moche. C'est le nom de mon grand oncle handicapé. Bah, ce n'est pas Apollon mais Héphaïstos !!?

- Prochain arrêt Hanry-Favre.
- Bon, salut ! lui lancé-je.

Je descends du bus. Je ne sais pas comment j'ai pu le trouver beau !?!