Chapitre 8

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Je restai pétrifiée de peur, incapable de bouger. Mon père... il était là.

L'air de rien, le regard flou et vide, il observait la salle. D'un coup, il pointa son regard noir vers moi. Il eut un minuscule rictus. Il avait deviné. Comment ?

Je m'élançais vers dehors. Mon père me suivait, il me regardait te lun voleur qui me voulait du mal.

Raphaël me prit par le bras alors que je passais devant lui en courant :

« Où tu vas ?

-Je... Je t'expliquerai plus tard. Si je suis encore en vie !


Le sourire de mon père disparu d'un seul coup, et son regard s'assombrit. Je ne discernais même plus sa pupille.

-Que t'avais-je dis ? Cracha-t-il d'un ton coupant.

Je regardais mes chaussures. Il leva la voix :

-Que t'avais-je dis ?!

-De ne pas aller à la gymnastique, répondis-je d'une petite voix.

-Pourquoi ?

-Pour mon bien.

-N'est ce pas. Et tu ne pas écouté ! J'attends des explications.

-J'ai sentis que maman me donnait de la force pour te combattre, signer cette feuille moi-même. Elle aurait accepté.

-Elle n'est plus là et, c'est moi qui décide. Il baissa la voix. Arrête de dire qu'elle te donne la force, elle est morte bon sang, Noémie ! Il avait les yeux brillants, l'iris de sa couleur normale.

-Je ne comprends pas pourquoi tu ne veux pas, papa. Je ferai attention,je te le promets.

-Je ne veux pas, et ça s'arrête là. Qu'allait-il arriver si je n'étais pas arrivé ?

-Je fais attention.

-Les mots ne signifient rien. Tu ne peux pas savoir.

-Moi, je crois que c'est plutôt parce que tu es égoïste.

-Egoïste ?

-Oui ! Tu ne penses qu'à toi. Tu ne pouvais pas me demander mon avis avant de demander en mariage cette... Fabienne ?

-Fabrice...

-C'est pareil ! C'est une femme comme une autre, mais qui n'est pas maman et, ne le sera jamais. Maman sortait du lot ; elle était pétillante, heureuse, souriante, intelligente, maligne, drôle, et surtout très amoureuse de toi. Elle le serait toujours.

-Tu sais bien que j'aime toujours ta mère.

-Alors montre-le ! Pourquoi as-tu épousé cette femme ?

-Maman aurait aimé que je refasse ma vie ! Et ce n'est pas qu'une femme, elle a aussi des qualités.

-Et des défauts, répondis-je du tac au tac.

-Tu es énervante. Maman aussi avait des défauts.

-Normalement,quand on est amoureux, nous ne sommes pas censé voir les défauts.On ne voit que des qualités, car l'amour rend aveugle. Maman ne voyait que des qualités en toi. Elle m'a tant raconté votre rencontre, et votre présent. Elle n'arrêtait pas de me dire qu'elle ressentait de l'amour comme au premier jour. Des étincelles, le cœur qui bat, les bras qui veulent faire le tour de ton corps, des chuchotements, des baisers, la main qui veut effleurer chaque millimètre de ta peau, t'enfouir dans ton cœur à jamais. Elle avait un rêve : vivre avec toi jusqu'à la fin de ses jours,vieux, que vous mourriez ensemble en vous aimant.

Il se tut. Il avait les larmes aux yeux, les lèvres qui exprimait une tristesse sans pareille. Je me retournais, seules mes épaules bougeaient pour laisser échapper mon chagrin.

Une main compatissante se posa sur mon épaule. Ce n'était pas celle de mon père ; elle était bien trop chaude et douce. Je me retournais, Raphaël me regardait avec un faible sourire.

« Qu'est-ce-qui se passe ?

-Rien, ne t'en fais pas. Une affaire à régler.

-C'est grave ?

-Non, ne t'inquiète pas.

-Tu continues la gymnastique, demanda-t-il inquiet.

Je me retournais vers mon père, et baissais la tête. Raphaël comprit ce que mes lèvres n'osaient pas dire, puis tourna les talons déçu. Sans un mot, mon père m'empoigna le bras :

-Je vais te laisser faire de la gymnastique. Il regarda Raphaël, puis planta ses yeux dans les miens. Je comprends que ça te tient beaucoup à cœur.Je n'ai pas envie d'être la source de ton malheur, mais la raison de ton bonheur. Il pinça sa lèvre inférieure, puis dit plus bas :Je n'ai pas réussi à sauver ta mère mais, je vais te rendre la plus heureuse possible malgré tout.

Je n'en croyais pas mes oreilles, j'avais envie de lui sauter au cou, de le serrer comme jamais. Je n'en fis rien. Je lui fis juste un bisou sur la joue en chuchotant :

-Ce n'était pas ta faute...

Il me serra la taille de ses bras, ferma les paupières, me susurra à l'oreille :

-Je ne veux pas te perdre, Nono. Pas comme j'ai perdu ta mère. Je ne pourrai me le pardonner. Ce serait comme si j'avais échoué une deuxième fois dans ma quête. Perdre mes deux seules femmes... Fais attention. » Une larme coula le long de sa joue.


Je suis revigorée d'espoir, les larmes qui tombent en rafale sur mon visage. Je bougeais mes lèvres tremblantes lentement qui forment ce mot rempli de sens : « Désolée ».


Papa fit un mouvement pratiquement indescriptible de la tête, « Je sais, moi aussi ». 

La Gymnastique, une passion. Tome 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant