Chapitre 2

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Néïma n'en croyait pas ses yeux. Devant elle se trouvait au moins cinquante personnes. Les jambes tremblantes, elle se rapprocha de sa mère pour lui adresser quelques mots.

- Maman, qu'est-ce que...

- Tu me remercieras plus tard.

Néïma lança un regard foudroyant à sa mère. Celle-ci savait parfaitement qu'elle n'avait pas d'ami, et que, selon ses dires, c'était très bien comme cela. Dans cette immense foule, Néïma eu le plaisir de reconnaître quelques visages, bien qu'après réflexion, elle fut persuadée que les portraits qui lui étaient connus avait maintes et maintes fois critiqué la pâleur de sa peau et la couleur feu de ses cheveux. Un capharnaüm d'émotions la submergeait entre la tristesse de voir ces visages, la colère de voir le niveau d'hypocrisie dont certaines étaient capables et la joie de voir sa mère aussi heureuse de fêter sa majorité avec elle. Elle ravala tous ses sentiments et affiche un visage neutre, sourire factice sur le visage. Comme si de rien était, Néïma attrapa le bras de sa mère. Elle la remercie pour cette fête improvisée et l'embrasse affectueusement sur la joue. Sa mère partagea sa joie et exprima toute la fierté qu'elle éprouvait pour cette fille fragile qui devenait une femme forte. Puis, elle s'éclipsa afin de laisser les jeunes profiter.

Un jeune homme, sûrement un peu plus vieux qu'elle, tenait le cadeau de Néïma. Sa génitrice lui avait expliqué que c'était de sa part et que ce gentleman avait amicalement accepté de le remettre à Néïma au moment du gâteau. En tout premier lieu, Néïma se demanda pourquoi sa mère ne souhaitait pas (ou ne pouvait pas) lui offrir le paquet elle-même. Son attention se tourna ensuite vers ce bel homme, qui lui était parfaitement inconnu jusqu'à présent. Néïma avait pour habitude qu'on ne se préoccupe pas d'elle, ce geste lui paraissait donc d'une extrême bonté, et surtout redevable. Mais, avant qu'elle n'ait réellement eu le temps de se pencher sur la question, une dizaine d'adolescents l'avaient embarquée vers un endroit tenu secret. Elle le laissa, malgré elle, entrainé par cette foule. Marcher à contre-courant aurait été trop risqué et décevant pour sa mère. C'est en pensant à elle qu'elle marcha avec les autres en dehors de l'appartement.

Au bout d'une pénible marche sous un soleil écrasant, les arbres firent enfin leur apparition. Elle retrouvait sa forêt, son refuge, même si cette fois elle n'était pas seule. Apaisée par l'ombre et l'air frais qui se dégageait des conifères, Néïma s'assit délicatement dans l'herbe et laissa le vent lui caresser le visage. Malheureusement, elle avait oublié qu'une bande de jeunes déjantés l'accompagnait et ces derniers se firent une joie d'écourter le moment de détente qu'elle s'était accordée.

- Quelle est ta musique préférée ? Lança une grande brune dont la voix et le visage lui était jusqu'alors inconnue.

- Je... Je ne sais pas... Balbutia la jeune femme surprise par la question.

- Tu aimes bien les chansons de Jenny ?

- Oui, beaucoup, oui...

Complètement déboussolée, Néïma eu envie de se ruer dans l'une des tentes qui encerclaient le somptueux bois, et d'y rester jusqu'à ce que la fête soit terminée. Elle ne connaissait pas de Jenny et ne souhaitait pas se déhancher sur des rythmes inconnus et sûrement pas du tout à son goût. Tout cela ne l'amusait pas. Elle savait pertinemment que c'était la tradition à Némésia. Chaque jeune atteignant la majorité, se voyait organisé une jolie fête avant ce célébrer cet évènement particulier. L'entrée dans le monde d'adulte était une étape très importante dans la mentalité des habitants. N'importe quel autre jeune avait le droit de s'inviter tout seul dans une de ces soirées, qu'il connaisse ou non la personne célébrée ce jour. Néïma n'ayant pas de véritables amis sur lesquels compter, sa mère avait dû, pour honorer cette tradition, inviter tous les jeunes du quartier, ce qui faisait beaucoup.

NémésiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant