Chapitre 3

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Néïma était pétrifiée. Elle n'osait plus bouger. Elle restait là, immobile, les sens en alerte plusieurs minutes. Devant elle se trouvait un être. Il n'était ni humain, ni animal enfin pas complètement du moins. Plutôt un espèce de mélange. La jeune femme détailla la créature de la tête aux pieds, étudiant chaque parcelle, des sabots tels ceux d'un bouc lui servaient de pied mais elle était redressée comme une humaine. La silhouette ressemblait à celle d'une femme avec tous les attributs caractéristiques. Son visage était doux, la peau blanche avec des yeux noisette qui s'étaient fixés dans ceux de Néïma. Elle avait de longs cheveux noirs comme le charbon. Tout ce qu'il y a de plus humain, puis elle releva les yeux continuant son inspection, ils s'arrondirent de surprise. La créature mi-humaine, mi-bouc arborait de belles et longues cornes ondulées sur elles-mêmes qui se terminaient en pointe au sommet. Cette particularité lui donnait un côté très mystérieux et fantastique.

Elle avança d'un pas, un pas gracieux empli de légèreté. La jeune femme ne bougea pas d'un millimètre. La créature continua et elles se retrouvèrent bientôt très proches et se regardaient encore. A ce moment, des dizaines voire des centaines de questions traversaient la pensée de Néïma : Qui est-elle ? D'où venait-elle ? Que me voulait-elle ? Mais surtout, était-elle réelle ?

Elle accompagna le geste à la parole et tendit sa main. Elle était sur le point de toucher cette mystérieuse créature, encore quelques centimètres, juste quelques-uns. Or, elle disparut dans un souffle tel un mirage, un rêve, comme si elle n'avait jamais existé. Et puis, le trou noir, le vide, le néant envahie Néïma.

Elle se réveilla avec un mal de crâne abominable. Elle s'extirpa des couvertures et se remémora les événements de la veille : la fête dans les bois, le mystérieux garçon, la nuit à dormir dans la tente. D'ailleurs, celle-ci était vide de toute présence. La jeune femme constatait donc qu'elle avait dormi habillée et probablement seule. Elle parcourut les alentours des yeux. La tente était dépouillée de tout, seul se trouvait le duvet dans lequel elle avait dormi et le cadeau de sa mère encore emballé. Néïma n'avait pas vraiment le cœur à l'ouvrir. Elle rampa jusqu'à la sortie de la tente. La lumière du jour l'aveugla et la fit plisser les yeux.

Elle mit quelques instants pour que ses yeux s'habituent au soleil du matin. Lorsqu'elle retrouva tout son sens, elle parcouru les environs des yeux. Elle se trouvait bel et bien dans une clairière, au milieu de la forêt. De majestueux arbres s'élevaient vers le ciel et entouraient sa tente qui semblait minuscule à côté d'eux. Elle marcha un peu. L'endroit était désert. Toutes les personnes venant célébrer son anniversaire étaient parties aussi vite qu'elles étaient apparues dans la vie de la jeune femme. Cependant, une multitude de canettes, bouteilles d'alcool et sodas jonchaient le sol, plus précisément à l'endroit où avait été allumé un feu quelques heures auparavant. La jeune femme n'avait que de vagues souvenirs de cette soirée non-prévue. Elle essaya de se remémorer un peu. Quelques souvenirs de sa nouvelle résolution de se faire des amis se rappela à sa mémoire, puis elle ressenti encore une fois le sentiment de dégoût qu'elle avait eu lorsque ce blondinet l'avait touché, il avait laissé ses grosses mains baladeuses sur son corps et la sensation la dérangeait encore ce matin.

Elle qui avait pourtant arpenté quelques fois cette forêt ne reconnaissait même pas l'endroit. Comment allait-elle pouvoir rentrer chez elle ? Elle se stoppa quelques instants pour réfléchir. Qu'à cela ne tienne, elle trouverait bien. La jeune femme récupéra un sac à dos dans sa tente, y glissa le cadeau de sa mère toujours emballé et se mit en route. Elle marcha dans la forêt sans vraiment savoir vers quelle direction se trouvait son appartement ou même son école.

Voilà bien vingt minutes que la jeune femme arpentait la forêt, se frayant un chemin parmi la végétation dense. Au détour d'un virage, elle trouva un sentier. L'espoir de rentrer chez elle réapparu, un petit sourire illumina sa peau blanche. L'horizon ne percevait que les arbres mais la ville ne devait pas être bien loin. Elle allait reprendre sa marche quand le bruit d'une branche cassée attira son attention.

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