Cette fois-ci, elle part pour de bon. Elle s'éloigne en montant les escaliers menant à l'étage supérieur. Elle ne fait pas marche arrière. Je me retourne lentement vers Noah et lui adresse un sourire. Un malaise s'installe au bout de quelques secondes. Personne ne sait quoi dire à l'autre. Selon moi, les gestes disent ce que les mots ne peuvent exprimer. Je me rapproche de lui et entoure mes bras autour de sa taille. C'est réciproque. Nous restons comme cela, l'un cajolé par l'autre. Il me serre de plus en plus fort et verse une larme.
—Je croyais que je n'aurai plus la chance de te serrer dans mes bras.
Je reste muette. Je ne sais pas quoi lui répondre. Qu'il m'a manqué ? Ce serait un mensonge. Je n'ai manqué de personne. Comment aurais-je pu ? Que je l'aime ? Il ne faut pas trop dramatiser non plus !
—On n'a pas eu le temps de parler seul à seul depuis que tu t'es réveillée. Moi aussi je peux te fournir des informations. Plus que quiconque même !
—Je veux bien parler. Après tout, il va falloir que je t'endure le reste de ma vie ! plansanté-je.
Nous laissons échapper un rire des plus bruyants, sans ressentir aucune gêne dans cet hôpital grouillant d'animation.
—Très bien, mais allons d'abord dans ta chambre, poursuit-il en souriant de toutes ses dents parfaitement blanches.
Nous montons à cor et à cri les niveaux nous séparant de ma chambre. Arrivée sur le bon plancher, je remarque que tous les numéros se situent dans les deux-cents. Des portes et des portes à vérifier. Noah m'appelle et je le rejoins. Il me montre l'ascenseur sur le mur du côté droit. Je le reconnaîs : c'est celui que nous avons utilisé ce matin pour nous rendre à la cafétéria.
—Tu saurais te repérer en partant d'ici ? me demande-t-il.
—Je ne sais pas. J'étais plutôt troublée ce matin, je n'ai pas vraiment fait attention au chemin que nous avons emprunté. Mais je peux essayer.
Je me souviens d'avoir pris à droite après avoir bousculer ma chaise. Puis, ensuite, peut-être à gauche. Je marche plus loin dans le couloir. J'observe les lieux et tourne dans le premier corridor sur ma gauche. Noah ne me suit pas. Tant pis, je continue. Je scrute les murs et là, je m'arrête net.
Je me vois, je me vois moi ! Implanté dans le mur entre deux pièces, repose un grand miroir rectangulaire. Je n'ose même pas me regarder. Cela fait tellement longtemps !Devant moi, se dresse une jeune fille adolescente de taille moyenne pour son âge. Ses cheveux châtains clairs aux mèches blondes ondulent et tombent en cascade sur ses épaules. Son nez est retroussé et ses lèvres, charnues. Ses pommettes sont relevées et prononcées. Elle n'est pas très maigre, mais ne peut pas être qualifiée de grassouillette. Ses yeux en amandes attirent mon attention. Aussi verts qu'une émeraude. Aussi bleus que l'océan. Ils ont un éclat adamantin resplendissant. À leur centre, mes pupilles forment de grands disques de la couleur de l'obscurité. Dans chacune, minuscule mais bien présente, se trouve une étincelle, un faisceau de lumière dont la nitescence épure le néant. Ses yeux me font penser aux mêmes que ceux de Noah. Je lui souris et elle me sourit à son tour, révélant ses dents blanches et sa dentition parfaite.
Je suis... belle.Ne voulant pas laisser ressortir un côté narcissique, je détourne mon regard du miroir. Les numéros se rapprochent du mien. 228, 229, 230... Je jette un œil dans le corridor, mais pas de trace de mon frère.
—Noah !
Aucune réponse.
—Noah ! persisté-je.
—J'arrive, me répond-il en accourant vers moi. Je savais que je pouvais compter sur ton sens de l'orientation !
Je pousse la porte entrouverte de la chambre 231 et y pénètre avec mon frère. En effet, à côté des fauteuils se trouve une jolie petite table de bois verni. Il y a des cadeaux emballés dans des sacs bourrés de papier de soie et d'autres avec du papier d'emballage coloré. Je m'assieds et tends la main vers le premier que je touche. Je regarde Noah qui fixe le présent, impatient de connaître son contenu.
VOUS LISEZ
Déjà-Vu Tome1: Les souvenirs du Flambeau
General FictionLe Flambeau, c'est moi, Mila, et je tiens à ce que justice soit faite. Le DNA a tué des milliers de victimes, dont mes propres parents. Du haut de mes seize ans, j'arrêterai cette organisation scientifique et meurtrière. C'est une promesse. Par amo...