Après avoir rejoint ma doctoresse, Katherine Brennan, elle nous a conduit jusqu'au bureau de M. Cohen, avant de nous quitter à nouveau. « Centre d'Imagerie par Résonnance Magnétique » est inscrit sur la porte du bureau du docteur. IRM. Situé au sixième étage de cet immense hôpital, il est aménagé en deux pièces séparées par une porte. Dans une, il y a une énorme machine cylindrique, qui semble très technologique, et dans l'autre, plus petite que la première, des ordinateurs.
Ce monsieur n'est pas très grand et est presque totalement chauve. Ses rides ne cachent pas son âge et le situent dans la cinquantaine. Il porte des petites lunettes rondes au bout du nez et une seule petite boucle d'oreille sur son lobe gauche. Un mot qui me vient à l'esprit ? Excentrique.
—Bonjour Maëlia, je suis le Dr. David Cohen, ton radiologue.
—Enchantée, dis-je en lui serrant la main.
—Et qui t'accompagne ? me demande-t-il en balançant la tête vers mon frère.
—Je suis Noah, son frère.
—Très bien, alors bonjour à vous deux !
Il marque une pause avant de continuer :
—Comme Mme Brennan te l'a sans aucun doute déjà expliqué, après ton coma, tu as eu une perte de mémoire. Donc, évidemment, tu as reçu un coup à la tête d'une manière ou d'une autre. J'ai cru comprendre qu'il n'y a rien d'alarmant, car tu sais bien parler et que tu es en toute possession de tes gestes. Mon rôle est de m'assurer que tu n'as rien de cassé ni d'abîmé. Tu verras, ça ne fait pas mal et ce n'est pas dangereux !
Il lève ardemment son poignet gauche et consulte sa montre à quartz.
—Nous avons précisément une heure et vingt-cinq minutes pour votre rendez-vous, alors commençons dès maintenant !
Il se rapproche d'un petit coin de la pièce que je n'avais toujours pas remarqué. Il y a une petite cabine et des casiers étriqués.
—Pour l'examen, il faut que tu retires tous les objets métalliques que tu as sur toi. Monnaie, montre, ceinture et autres trucs du genre. Donne-les moi que je les mette vite dans le casier.
Je n'ai rien dans les poches, mais j'ai une ceinture. Je la détache et la dépose dans la main du docteur. Je sens quelque chose glisser de mes jeans. Noah, debout derrière moi, s'agenouille en quatrième vitesse pour attraper l'objet avant que celui-ci heurte le plancher. Je me retourne discrètement pour voir ce dont il s'agit : ma dague ! Heureusement que mon frangin a des réflexes véloces ! Il la met dans la poche intérieure de son ample veste de cuir. Ce court événement aurait bien pu tourner à la catastrophe en l'espace de quelques secondes, mais le radiologue n'a rien vu puisqu'il avait le dos tourné.
—Je n'ai plus rien sur moi.
—Alors, prochaine étape..., commence-t-il.
Il se retourne et prend une longue chemise blanche unie.
—Tu dois enfiler cette chemise. La cabine est juste là, ne prend pas trop de temps.
Je retire mes chaussures et mes bas de laine et entre dans la cabine très étroite. C'est un véritable enfer de bouger à l'intérieur. J'enlève mon t-shirt, puis mes pantalons et enfile la robe.
—Très bien Maëlia, maintenant passons aux choses sérieuses. Voici la machine à imagerie par résonance magnétique, me dit-il en allant vers l'énorme engin. Elle est ma plus chère collègue. Allonge-toi sur le chariot, m'indique-t-il en pointant une sorte de table coulissante faisant partie de la machine.
Je me mets donc à l'horizontale. M. Cohen me met une sorte de casque sur la tête. Je n'aime pas me sentir si vulnérable et emprisonnée.
—Qu'est-ce que c'est que ce casque ? s'interroge Noah, inquiet.
—C'est une antenne qui sert à me montrer les images de sa tête, son crâne, tout simplement. Maëlia, es-tu prête à commencer ?
—Oui, je le suis, assuré-je.
—Alors c'est parti ! Si tu te sens mal, préviens-moi. Noah, tu peux rester ici sur la chaise à côté de ta sœur ou bien venir avec moi dans le bureau.
Comme j'aurais pu le parier, il s'assied sur la chaise et me regarde.
—Les patients trouvent l'examen assez long, donc certains décident d'y trouver le sommeil. À toi de voir !
Il appuie sur un bouton et la machine se met en route. Le radiologue se dirige vers la porte, ferme les lumières et entre dans son bureau. Le chariot entre doucement dans le tunnel.
Tout est feutré dans l'appareil. Je ne me sens pas très bien, allongée ici. Je respire tout l'air présent pour me calmer. Mon rythme cardiaque ralenti et je ferme les yeux. Je tente de m'endormir pour que le temps me paraisse moins interminable, mais j'ai toujours cette crainte de garder mes paupières closes à jamais. Depuis combien de temps suis-je dans ce tunnel ? Cinq, dix minutes peut-être.
***
Tout est sombre. Des bruits saccadés déchirent les cieux nocturnes. Les gouttes de pluie se déchaînent dans un bruit tapageur.
Un rêve. Lucide.
Dehors, une pluie battante et un brouillard à couper au couteau rendent la vision impossible. Je suis sonnée à l'arrière d'un véhicule. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je hurle, sans savoir pourquoi, des « Hé ho ! ». Aucune réponse. Peut-être ne m'entendent-ils pas ? Ou bien, font-ils la sourde oreille ? Une chose est sûre : les conducteurs ne veulent pas notre bien. Malgré ma profonde affliction, je parviens à me lever, quoiqu'un peu recroquevillée dans cet espace restreint. Avec toute la force qu'il me reste, je rosse vigoureusement le plafond et les parois de ma prison. Le véhicule cahote et je manque de trébucher sur un grand obstacle assez robuste. Je me penche pour l'identifier. Ce n'est pas un objet, mais plutôt une personne inerte. C'est...Noah ! Son visage est sanguinolent et il a des hématomes bleus foncés, voire noirs. Ce n'est pas un rêve, non. C'est un cauchemar, un cauchemar ! Cette scène est trop réelle pour n'être que le fruit de mon imagination. Je sais que je l'ai vécue. C'est un déjà-vu. Pourquoi sommes-nous ici, à l'arrière d'une voiture ?
Cette scène est bien trop réelle pour n'être que le fruit de mon imagination. Je sais que je l'ai vécue.
C'est un déjà-vu...
Les événements subséquents ne me laissent pas indifférente. Je m'apprête à venir en aide à Noah, lorsqu'un crissement de pneus annonce le début d'un dérapage catastrophique. Le véhicule tombe à la renverse, nous envoyant projetés hors de la fenêtre arrière. Mes yeux n'ont plus la force de verser des larmes. Des éclats de verre et des taches de sang me voilent la figure. J'entrevois la fourgonnette blanche en feu tournoyant sur elle-même sur une plaque de verglas. Elle finit sa course dans un effroyable fracas contre un arbre, heurtant la partie arrière.
Je ne sais pas où je suis. Nous roulions sur une chaussée d'asphalte au milieu d'une forêt boréale de sapins et autres conifères. Les phares de la fourgonnette toujours allumés, je distingue deux formes humaines qui déguerpissent. Cagoules, gilet à manches courtes, tatouages, ces deux criminels de noir vêtus nous laissent pour morts, gisant sur le sol enneigé et froid de la forêt. Ils disparaissent dans l'air caligineux.
Le gel, la pluie et nos blessures ont finalement raison de nous. Noah en premier et moi par la suite, nous perdons connaissance...
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Déjà-Vu Tome1: Les souvenirs du Flambeau
Ficción GeneralLe Flambeau, c'est moi, Mila, et je tiens à ce que justice soit faite. Le DNA a tué des milliers de victimes, dont mes propres parents. Du haut de mes seize ans, j'arrêterai cette organisation scientifique et meurtrière. C'est une promesse. Par amo...