—Tentez de ne pas bouger, s'il vous plaît, mademoiselle, m'avertit David Cohen à travers le mur loin d'être insonorisé. Détendez-vous, c'est bientôt terminé.
Me détendre ? Mes muscles sont raidis et je peux à peine respirer. Je lutte pour ne pas faire de mouvements brusques et retarder la fin de l'examen. Si je remue, cela élèvera le temps que je devrai attendre avant ma libération de cette affreuse machine ! Je ne me sens pas bien, allongée dans le noir en n'ayant aucun espace. Ma tête emprisonnée dans ce casque ou cette «antenne», comme l'appelle le docteur, me rend fébrile, hystérique. Je me bats intérieurement. Un spasme parcourt tout le long de ma jambe et je butte involontairement, mais brutalement, le tunnel.
—Ne bougez pas, s'il vous plaît, mademoiselle. Vous en avez que pour quelques minutes encore, répète-t-il d'une voix plus rauque et concentrée. Si vous avez un problème, rappelez-vous que vous pouvez toujours me demander d'interrompre le test un laps de temps. Ce serait quand même dommage, car nous n'avons plus beaucoup de temps alloué.
Saurai-je résister encore quelques minutes ? Ma respiration s'accélère à une vitesse fulgurante. Si le docteur est en mesure de voir mon pouls, il doit être bougrement impressionné. Inquiet serait le mot le plus juste dans ce cas-ci ! Pourquoi cette vague de nervosité me prend-elle d'assaut ainsi ? Je n'ai pourtant jamais eu peur du noir, ni même des espaces clos comme celui dans lequel je me trouve en ce moment précis ! Du moins, je pense...
J'ai une envie folle de crier et de détruire cette machine en petits morceaux. Mais je le sais, je ne peux pas. Je ne dois pas. Je serre les poings et me mords les lèvres jusqu'au sang pour étouffer un hurlement strident.
Quelqu'un donne un coup violent sur le métal à l'extérieur de la machine. Je tressaillis. Que se passe-t-il en dehors ?
—Laissez-la sortir de là ! Elle en a assez eu ! Vous voyez bien qu'elle a peur ! vocifère mon frère en allumant les lumières.
En effet, je veux sortir d'ici. Mais pourquoi diable interrompt-il le processus de l'examen ? Ce qui est fait est fait. Je cogne contre le tunnel en criant et je sens mon corps partir vers l'avant. C'est Noah. Il a fait glisser le chariot hors du tunnel pour me sortir de mon état de panique. Il me retire en vitesse l'objet que j'ai sur ma tête.
Je m'assois. Respirant à pleins poumons. Je suis chamboulée. La peur que j'aie ressentie après cette impression de déjà-vécu était si grande que je n'avais pas fait attention à la force avec laquelle j'avais frappé. Mes mains sont amochées et je suis complètement éreintée.
Je lève les yeux et observe la scène bouleversante. Les casiers au fond de la pièce ont été forcés et ouverts. Noah se tient debout près de moi avec mes vêtements dans ses mains. La porte mitoyenne entre le bureau du docteur et la salle d'examen est entrebâillée. Et là, sur le plancher de céramique, je vois une main qui dépasse du cadre de la porte. Je fonce, en oubliant la douleur et en passant entre les bras chargés de mon frère. Il est étendu sur le sol, les yeux clos, et un filet de sang incarnat s'extravase de sa tête. Le radiologue David Cohen a été tué... par mon propre frère. Le bureau est ravagé. Il a dû essayer de tenir tête à son agresseur. Comment cela a-t-il bien pu tourner au carnage presque sous mes yeux ?
Une grande main se referme sur ma bouche pour m'empêcher de hurler, tel un bâillon. Je peine à produire quelques petits gémissements éraillés quasi inaudibles.
—Chut ! Il n'est pas mort ne t'en fais pas, Mila. Calme-toi, il reprendra bientôt ses esprits et nous devons filer au plus vite d'ici.
Lorsqu'il voit que j'ai arrêté de tenter de me dégager de son emprise, il me relâche.
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Déjà-Vu Tome1: Les souvenirs du Flambeau
Aktuelle LiteraturLe Flambeau, c'est moi, Mila, et je tiens à ce que justice soit faite. Le DNA a tué des milliers de victimes, dont mes propres parents. Du haut de mes seize ans, j'arrêterai cette organisation scientifique et meurtrière. C'est une promesse. Par amo...