Chapitre 8: Des Hauts et des Bas

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        Je tapote vivement l'épaule de mon frère, car il ne m'entend pas crier son nom. À première vue, il se porte bien. Il n'est pas blessé. Ce n'est pas son sang.

        Il réagit beaucoup plus vite que moi. Il enlève son manteau et retire son t-shirt. Noah se penche vers Mme Brennan et lui applique le linge sur son épaule en faisant une pression. La cartouche a détruit la fenêtre de mon côté, puis a traversé le siège et l'épaule droite de la pilote avant de faire un trou dans le plafond. Kathy continue de contrôler l'appareil malgré la douleur. Des gouttes de sueur perlent sur son front. J'assiste au spectacle en me sentant totalement inutile, superflue.

        De sa main ensanglantée, Mme Brennan pointe des objets déposés sur le siège à sa droite. Des casques d'écoute.

***

        —C'est moi qui bosse en médecine et c'est moi qui me fais soigner ! Vous savez, j'ai toujours cru que j'allais mourir d'une balle perdue au cœur d'un affrontement où je n'étais pas conviée. Vous savez, la loi de la victime au mauvais endroit,  au mauvais moment.

        —C'est encore loin d'être votre moment, dis calmement Noah. Vous nous êtes excessivement vitale. Continuez, il va falloir trouver un endroit où atterir près du lac.

        —Qu'est-ce qui est derrière le lac ? le questionné-je.

        —La maison.

        Enfin, la maison ! Ma maison ! Je suis fébrile, mais je ne peux pas l'exprimer en ce moment, à la vue du sang. Tout depuis ce matin est anormal. Je ne peux plus supporter tout ce poids sur mes épaules. Mes yeux m'irritent. J'expire l'air de mes poumons et laisse couler un flot de larmes.

        De sa main libre, Noah prend la mienne. Il me fixe de ses yeux secs. Je remarque qu'il déglutit difficilement sa salive.

        —Bienvenue dans la réalité, Mila. Ne retient pas tes larmes. Chaque goutte est de tristesse ou d'anxiété, alors évacue-les. Ça permet de rester fort après, de pouvoir se relever et d'être confiant. Mais c'est le passé. Pourquoi s'en faire si on ne peut plus le changer ?

        Il a raison, ce philosophe. Je lui souris et acquiesce. Nous restons silencieux quelques secondes avant que je ne parle :

        —Je crois que tu me dois tout de même des explications, non ?

        —Pas maintenant...

        —Qui sont ces gens ? insisté-je. Pourquoi nous veulent-ils morts ? Pourquoi nous, Noah ?

        —Tu trouveras les réponses par toi-même. Commençons tout d'abord par parler de ton déjà-vu...

        —Hum... eh bien... On était dans... Attends, comment sais-tu que j'ai eu une vision ? Je ne t'en ai pas encore parlé avant maintenant.

        —J'ai cru comprendre que lorsque ton corps se met à trépider et que, quelques minutes plus tard, tu sembles complètement étourdie, c'est qu'il se passe quelque chose dans ta tête, dit-il en tapotant ma tempe avec son index. Maintenant, continue.

        —Cet accident, c'est bien celui dont vous parliez tous les deux ? L'impact vous disiez. Celui qui a causé mon amnésie. Je l'ai vu, avec beaucoup de détails, comme si j'étais présente.

Déjà-Vu Tome1: Les souvenirs du FlambeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant