Chapitre 11: L'Homme aux Cheveux de Charbon

14 2 16
                                    

        La vision est enfin finie. Je le sais, car je suis couchée sur mon lit, une bouillotte compressée sur le front.

—En voyage, tu disais, hein ? Pourquoi me l'as-tu caché ? prononcé-je en essuyant mes larmes et en essayant de me redresser.

—Doucement, Mila. Tu vas avoir des vertiges.

En effet, ma tête se met à tourner, mais se stabilise après quelques secondes.

–Je ne voulais pas te causer encore plus de peine et je ne voyais pas comment te l'apprendre. Mme Brennan et moi nous sommes entendus pour ne pas t'en parler pour l'instant, mais je vois que c'est déjà fait. Viens là, me dit-il en ouvrant les bras. Un peu de réconfort ne nuira à ta réputation.

Nous nous étreignons un long moment. Je n'ai plus de larmes à verser, mais j'ai un brasier prêt à flamber dans la poitrine.

—Je crois que tout est lié, supposé-je.

—Quoi donc ?

Je réfléchis un instant devant son expression interrogative et son sourcil levé.

—Les déjà-vu et ce que je vois dans la réalité. La photo que tu m'as montrée m'a fait penser aux parents et c'est à ce moment que j'ai eu ma vision.

—Mais l'accident ? Tu étais en train de passer une IRM. Je ne vois pas le lien.

Il a raison. Je ne parviens pas à trouver ce qui rattache ces deux moments. Mais je trouve la réponse soudainement, comme happée par un éclair de génie.

—J'étais prisonnière. J'étais dans l'incapacité de m'échapper. J'étais prise au piège dans un endroit clos d'où je ne pouvais pas sortir.

J'ai un frisson lorsque je pense à un lieu sans issue. C'est de loin ma plus grande peur.

—Mais tu n'as jamais été claustrophobe !

—Non, je n'irai pas jusqu'à dire que c'est une phobie. J'ai juste...

Je me mords la lèvre, car je ne tiens pas à en dire plus que ce qui est déjà dit sur ce sujet horripilant. Maintenant, nous avons trouvé comment je peux retrouver rapidement la mémoire.

—S'il te plaît, montre-moi des choses qui me rappelleront le passé ! le conjuré-je.

Il hésite. Je vois bien qu'il tient à me protéger de certaines choses. Des choses qui me déstabiliseront. Je viens de voir mes parents se faire tuer sous mes yeux il y a à peine quelques minutes. Je suppose qu'il juge que cela me cause assez de douleur pour le moment et qu'il ne voudrait pas en rajouter. Il évite ma demande et se tait. Je déteste quand il fait ça.

—Et maintenant ? On va les arrêter ces... salopards ?!

—Une chose à la fois ! s'exclame-t-il en riant. Il y aura un buffet ce soir pour célébrer ton arrivée. Sois prête ! Tout le monde n'attend que de pouvoir te rencontrer ! Ta garde-robe est pleine. Essaie d'avoir l'air... agréable !

Puis, il quitte ma chambre, me laissant seule avec moi-même.

***

Dès que j'ouvre l'armoire, je sais quelle tenue je porterai. Nul place au doute, ni à l'indécision, je choisis parmi toutes ces longues robes de couleurs vives, ces décolletés plongeants et ces jupes courtes, un simple t-shirt noir et une paire de jeans délavés dans laquelle je glisse ma dague. Quoi de mieux pour un buffet et pour faire des connaissances ? Je peigne mes cheveux vers l'arrière pour en faire une longue queue-de-cheval en y mettant un élastique.

Déjà-Vu Tome1: Les souvenirs du FlambeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant