Chapitre 18 - Faustine

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-Où est-ce que l'on va ?

Je finis par poser la question car Peeter m'entraine toujours plus loin dans le Secteur 9 sans un mot. C'est à peine s'il me regarde.

-Chez moi. Enfin... l'ancienne maison où je vivais.

Il semble extrêmement mal à l'aise et évite mon regard. J'aimerais lui demander pourquoi nous nous rendons là-bas alors que, visiblement, il n'a pas du tout envie de s'y rendre. Mais je m'abstiens de tout commentaire. Il va falloir que nous ayons une conversation tous les deux et je préfère garder mes forces pour le moment où il me faudra affronter la vérité.

Nous marchons depuis près d'une heure lorsqu'il ralentit l'allure. Le chemin que nous empruntons ressemble en tout point à tous les autres et pourtant, je sens le corps de Peeter se tendre dès que nous tournons dans sa rue.

Les quelques mètres qui nous séparent de sa maison d'enfance se font dans un silence lourd et pesant. Aucune voiture n'est garée dans l'allée et la maison en brique a l'air abandonné. Mais Peeter s'avance jusqu'au perron, prend une grande inspiration, et frappe plusieurs fois à la porte.

J'entends presque son cœur tambouriner contre sa poitrine alors qu'il retient sa respiration. Alors je fais quelque chose qui, j'en suis sûre, ne me ressemble pas.

Je lui prends la main.

Stupéfait, il expire bruyamment et me dévisage avec inquiétude. Alors je souris. Enfin, ce que j'espère être un sourire mais qui doit plus ressembler à une grimace. Des décharges électriques parcourent mon corps au moment où il me renvoie mon sourire. Et inexplicablement, je me dis que tout ira bien.

Dans le chaos que sont devenues ma vie, mon corps et mon cerveau, une certitude de plus s'ajoute à ma liste : j'aime Peeter. Et il m'aime aussi.

Au bout de quelques minutes sans réponse, Peeter me lâche doucement la main pour fouiller dans sa poche. Il en retire une petite tige métallique et s'accroupit devant la porte d'entrée pour se mettre au niveau de la serrure.

-Surveille les parages en attendant que je crochète la serrure, me demande-t-il calmement.

J'acquiesce et regarde autour de nous. La rue est calme, déserte. Je vérifie que personne ne nous observe derrière les rideaux des maisons environnantes, mais j'ai plutôt l'impression que le quartier a été abandonné il y a longtemps. Il n'y a qu'une petite fille en vélo qui me prouve le contraire, mais elle disparait rapidement à l'angle de la rue.

Je me tourne vers Peeter et soupire. Je me sens toujours très étrange, nauséeuse et perdus, et nous venons de marcher en plein soleil pendant plus d'une heure. J'ai soif et mes muscles endoloris réclame de se reposer.

-Je peux essayer quelque chose ? je demande.

Peeter s'éloigne de son trou et acquiesce à contrecœur. Il doit bien reconnaître qu'il n'a pas l'âme d'un cambrioleur. Alors je m'avance vers la porte, et appuie sur la poignée.

Elle s'ouvre.

J'éclate de rire et la sensation de ma cage thoracique secouée par mon hilarité est douloureuse, mais je n'arrive pas à m'arrêter. Peeter rit lui aussi, mais surtout, il m'observe. Notre fou rire continue quelques instants encore et je m'accroche à la sensation de bien-être qui envahit ma poitrine. Je me sens vivre à nouveau.

-Tu n'as même pas pensé à regarder si la porte était déjà ouverte, je me moque en reprenant ma respiration.

-N'en rajoute pas, me sermonne-t-il avec un grand sourire qui contredit son ton moralisateur.

- Unique - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant