Chapitre 3

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Chapitre 3 :

Yongguk s'écroula sur le sable chaud, fermant les yeux par automatisme et tentant de retrouver une respiration calme. Il tourna lentement la tête vers les autres membres du groupe. Tous semblaient exténués, et nul ne parla pendant plus d'une demi-heure. Ils restèrent calmement allongés, à contempler le ciel bleu, sans un mot, uniquement le bruit des vagues et de leur respiration comblant le silence. Yongguk finit par se lever malgré les vertiges qui le saisissaient. Il avait les oreilles qui bourdonnaient et un violent mal de tête l'empêchait de réfléchir convenablement. Il se rassit près de Daehyun, le jeune homme n'ayant cessé de bercer son petit ami qui restait inconscient malgré le temps qui passait. Le leader contrôla son pouls et fut soulager de savoir son cadet en vie. Il posa une main sur l'épaule du blond qui semblait plus inquiet que jamais. Il lui assura d'un ton convaincant que le plus jeune allait se réveiller bientôt, et que tout allait s'arranger très vite. Zelo frissonna à l'entente des paroles de son Hyung. C'était vrai... Ils avaient survécu à un crash où des centaines de personnes avaient trouvé la mort. Le maknae sentit les larmes lui monter en percevant encore cette angoisse sans nom qui les avait tous saisit quelques heures plus tôt. Il ne parvenait à réaliser leur situation, aucun n'y parvenait d'ailleurs. Il se mit à trembler en revoyant les scènes traumatisantes du crash, et sursauta en sentant les bras du leader l'entourer.

« Jun... Ça va aller...

- Hyung... Toutes ces personnes mortes sous nos yeux, ces enfants, ces familles... Nous ne les avons même pas aidés, comme je culpabilise ! Pleura-t-il de sa voix tremblante,

- Zelo... Dans ce genre de situation, il est difficile de penser à tout ce qui nous entoure, à réaliser ce qui nous arrive et surtout à trouver les bons gestes pour s'en sortir et aider les autres. Il était déjà trop tard pour ces passagers, et ce qui leur est arrivé n'est en rien ta faute... Je sais que c'est une expérience traumatisante, mais avec le temps ça passera... »

Zelo se colla au torse du leader, à la recherche de réconfort que le brun n'hésita à lui donner. Il le serra fortement dans ses bras, tout en baisant ses cheveux humides au goût de sel. Le temps semblait s'être arrêté. L'horizon restait le même depuis des heures, le vaste océan demeurait calme, et tous sentaient la solitude les posséder peu à peu. Seulement une dizaine de personnes avaient survécus et étaient à leurs côtés sur cette île. Ils restaient tous muets, se reposant, réfléchissant, attendant... Mais qu'attendaient-ils précisément ? L'arrivée des secours ? Il y avait très peu de chance pour qu'ils viennent aujourd'hui. Et pourtant, personne ne bougeait, comme paralysés, en deuil, fatigués. Certains avaient perdus des proches, d'autres étaient en mauvais état ou bien mourraient doucement, silencieusement, fixant la mer et guettant la mort qui les enveloppait lentement de son voile apaisant. Nul ne pouvait les aider, eux-mêmes ne le souhaitant guère. Ils attendaient juste d'expirer, de lâcher leur dernier battement cœur, paisiblement.

Himchan se leva, et ajouta avec lourdeur qu'il était temps de trouver un abri où passer la nuit. Le groupe acquiesça simplement et suivirent le noiraud vers la forêt de palmiers. La végétation s'étendait à perte de vue, et nul ne savait quelles bêtes sauvages s'y cachaient. Daehyun installa son amant sur les plantes douces, et pris soin de lui former un oreiller naturel afin de rendre son repos plus confortable. Les autres cherchaient de grandes branches, des feuilles, de la nourriture. Ils ne voulaient guère s'enfoncer trop profondément dans la végétation, mais les plantes en surfaces n'étaient pas assez solides pour former un quelconque abri. De plus, aucun membre n'avait été formé à la survie, et personne ne savait vraiment comment s'y prendre pour bâtir quelque chose de solide et d'assez spacieux pour ne pas y être trop à l'étroit. Il fallait aussi prendre en compte que ce refuge devait les protéger des bêtes sauvages et des intempéries fortement probable dans ce type de climat. Yongguk soupira en observant l'assemblement désastreux de branches et de feuilles qui paraissait peu stable et peu accueillant. Il entendit des pas derrière lui, et constata que tous les survivants restants s'activaient à leurs côtés. Il releva les yeux vers la plage, et vit trois corps, inertes. Ceux-ci avaient péris tristement. Yongguk soupira, et observa son groupe s'appliquer à leur tâche. Et si quelque chose leur arrivait ? Et s'ils ne s'en sortaient pas ? S'ils étaient contraints de rester ici pour un long moment, seuls... Et s'il les voyait tous mourir sous ses yeux, les uns après les autres, impuissant face à la nature et à ses droits. Le leader soupira. Il ne devait pas se laisser emporter par le désespoir, et mettre tout en œuvre pour sauver sa vie et celles de ses compagnons. Il remercia les autres passagers d'un sourire, et s'activa lui aussi autour de la cabane qui prenait peu à peu forme. Ceci dura une bonne heure, et la luminosité baissait doucement, accélérant la pression qui pesait sur leurs épaules. Dans l'obscurité, ils étaient encore plus vulnérables. Il fallait faire vite. Yongguk envoya Himchan et Jongup chercher de quoi manger, charge qui n'était pas très facile d'ailleurs. Ils s'éloignèrent du groupe, main dans la main, silencieux. Ils s'aventurèrent vers les rochers à la recherche de petits êtres comestibles, mais ils ne trouvèrent pas grand-chose. Ils reprirent leur route vers la forêt, le plus jeune aidant son aîné à ne pas glisser sur les rochers. Ils explorèrent la végétation et trouvèrent quelques baies, des bananes et des noix de cocos tombées des palmiers. Ils ramenèrent également du bois sec afin de tenter d'allumer un feu, et de nombreuses feuilles séchées qui leur serviraient d'oreiller. Ils retournèrent rapidement vers la cabane qui était enfin terminée, et ils exposèrent leurs trouvailles aux autres qui ne semblèrent pas très enthousiastes. Partager si peu pour une dizaine de personnes n'allait pas être chose facile. Mais ils n'eurent pas le choix et avalèrent leur maigre repas avec appétit, grimaçant face au goût de sel et de terre fortement prononcé. Puis les plus jeunes se chargèrent d'aménager l'abri et d'y installer les feuilles sèches. D'autres tentèrent d'allumer un feu, mais seule de la fumée en ressortait.

Un Voyage En EnferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant