Déjà-Vu Tome1: Les souvenirs du Flambeau

Chapitre 15: Les Sauveurs

—Ce n'est pas le temps de jouer le frère poule, compris ? Laisse-moi partir, je vais la sauvée.

—Mais que qui tu parles ? demande-t-il en haussant la voix.

—La fille qui vient de se faire choper par le DNA. Je vais la chercher.

Il se met à rire en claquant la porte et en baissant le loquet. Il me répète sans arrêt que je ne suis pas prête à y aller et que ce serait trop dangereux pour moi. J'en ai assez de ces traitements de faveur. Ce que Chloë m'a dit sur le fait que je ne manquerai aucun repas alors que cela lui arrive tous les jours me frustre. Je ne mérite pas de manger plus ou d'être protégée parce que je suis prétendument la clé de leur délivrance. Je suis un être humain comme tous les autres. Enfin, je pense.

—Comment suis-je sensée être prête ? Dis-le moi. Comment ?!

Il détourne la tête et me répond contre sa volonté :

—Les seuls qui peuvent quitter la protection des Limites sont les Sauveurs. Ils sont entraînés, donc savent se battre et savent comment suivre une procédure. Deux choses dont toi, tu es incapable.

—Alors qu'on m'entraîne, ordonné-je sèchement.

—Je ne...

Je ne l'écoute plus. Ma première préoccupation est de retrouver Klade. Il m'a dit que nous ne sommes pas prisonniers de cet endroit et qu'il est possible de nous en aller quand bon nous semble. Je pense qu'il est l'un d'entre eux. L'homme au cheveux de charbon est un Sauveur.

—Où est Klade ?

—Quoi ?

—Klade, il est où ?

Il sait que je sais et il ne me cachera rien cette fois. Après tout, je suis Maëlia DeLaRue.

***

Après avoir vu défiler des centaines de maisons au centre des Limites et que mes jointures aient créé trois bruits mats sur la porte, Klade m'ouvre, un peu surpris de me voir arriver à l'improviste dans cet état. Je lui explique la raison de ma venue.

—Une équipe de Sauveurs est déjà prévue pour aller la sauver.

—Il y en aura d'autres et plus vite je serai formée, plus vite je pourrai aider. N'essaie même pas de me dissuader de devenir l'une des vôtres. Je ne peux pas rester chez moi à faire une sieste alors que des kidnappings, des tortures et d'autres atrocités se déroulent hors d'ici. Tu comprends ça ?

—Tu es différente. Tu n'as pas connu les souffrances qui nous ont été infligées. En plus, parmi les gens que nous sauvons, plus des trois-quarts meurent avant que nous n'arrivons sur les lieux. C'est dangereux pour toi.

C'est beaucoup. Beaucoup de pertes humaines. Beaucoup de familles dévastées, comme celle de Chloë. Beaucoup de meurtres.

—J'accepte de te soutenir, Mila, me dit-il, mais c'est à l'aînée que tu dois demander l'autorisation. Je ne suis pas une autorité. Je suis Klade, un simple bohème.

Je lui fais un baiser fugace et spontané sur la joue pour le remercier. Il semble paralysé et relève le menton, fier. Il m'ouvre la voie vers la Limite Sud.

Sur le chemin, Klade me parle de l'aînée. Je suis ahurie par cette histoire, mais une chose que j'ai apprise depuis mon réveil à l'hôpital, c'est que rien n'est impossible. C'est de la science. Au début, les scientifiques ont voulu trouver une façon d'éviter la mort : l'immortalité. «Recrutant» au hasard dans les rues des candidats âgés, ils ont usé de tous les moyens pour y parvenir. Ils sont tous morts. Tous, sauf Rosemary.