À toi mon amour

Le commencement

Je ne sais pas vraiment comment m'y prendre, mais je pense que les premières lignes que je devrais écrire sont "Mon cher journal,".

Cher journal, cela fait maintenant quelques semaines que je vois une psychologue, le docteur Lise Lemarchal. Elle m'a conseillé il y a plusieurs jours de me confier à quelqu'un, d'en parler. Le problème c'est que je ne sais pas vraiment à qui, alors l'idée d'un journal m'est venue. Elle m'a dit que c'était une bonne idée, que psychologiquement, écrire et raconter sa journée ou ses moments de bonheur comme ses moments de tristesse aidait beaucoup. Personnellement, et ne m'en veux pas cher journal, mais je pense que plus le temps passera et plus je n'aurais même plus l'envie de t'écrire, mais passons, ce n'est pas pour te dire tout ca que j'ai finalement décidé de t'ouvrir et de me mettre à écrire.

Aujourd'hui, c'est le jour de la rentrée et c'est ma dernière année en tant que lycéenne. C'est aussi l'année du BAC mais je t'avouerais qu'à ce moment précis ce n'est pas vraiment ça qui m'inquiète le plus.
En fait, mes années lycées ont été plus que désastreuses. Je ne sais pas pourquoi les gens ont décidés d'être aussi violents avec moi. Au collège, tout allait bien. J'étais même assez populaire grâce à Sahelle, mon ancienne meilleure amie. Ce n'était pas ce que je recherchais, au contraire. Puis est venue mon entrée au lycée, un cauchemar. Je te passerais les détails mais c'est à la soirée d'anniversaire de Sahelle que j'ai été filmée en train de... sucer un type de terminale. La video a été visionnée par l'ensemble du lycée et est arrivée jusqu'aux oreilles des professeurs. Ma mère a été contactée et forcément elle a vu cet enregistrement. Le cauchemar. Je te passe les mois entiers de punition et nos conflits presque quotidiens. Au jour d'aujourd'hui je n'suis même pas sûr qu'elle me fasse confiance. 
Enfin bref, c'est depuis ce jour que je suis la fille facile attitrée du bahut. Maintenant, je suis presque habituée aux insultes et aux moqueries, mais au début c'était vraiment compliquée. C'était une erreur, j'étais beaucoup trop arrosée pour comprendre ce que je faisais. Je ne sais pas pourquoi les gens s'attardent sur mon passé, l'erreur est humaine, j'étais une gamine qui n'connaissait rien de tout ça.
La preuve en est, je suis toujours vierge, et depuis ce soir là je n'ai plus jamais rien fait.

Il est 08h, le réveil sonne. J'ai la tête enfoncée dans mon oreiller, je tâtonne un peu partout avant de trouver ce foutu réveil. Il est maintenant par terre, comme tous les matins.
Je me réveille avec difficulté. Tu aurais la force toi de te lever pour recevoir des insultes à longueur de journée ?
Me dire que l'an prochain c'est une nouvelle vie qui commence. La Fac, l'endroit où tout devient possible. Tu deviens qui tu veux et personne ne sait qui tu es et ce que tu as fais. C'est ce qui me motive, décrocher ce foutu diplôme pour décrocher un foutu travail.
Il est maintenant 8h10. Mon premier reflex est de relever cette touffe de cheveux en un enorme chignon et d'enfiler un peignoir. J'ai toujours dormi nue. Franchement, c'est le rêve.
Le matin, c'est le calme après la tempête.
J'ai 4 petits frères, des amours. Kaïs, Rannel, Ayyub et Sami. Ce sont des amours, mais ils ne sont JAMAIS épuisés, alors quand ils sont A l'école et que mes parents sont au travail, la maison est calme et reposée, c'est le paradis.
Je descends en bas me préparer un plateau. Des céréales, un grand verre de jus et quelques fraises. Je remonte aussitôt, des fraises plein la bouche.
Je pose tout sur ma commode, je branche mon enceinte et je commence directement à me maquiller tout en engloutissant mon petit déjeuner.
Il est 8h30 passé quand je termine. J'enfile un jean noir, une paire de tropeziennes marrons et un débardeur noir que je combine avec un pull jaune. Je détache mes cheveux, attrape mon téléphone, mon sac et mes clés et voilà déjà l'heure de prendre le chemin direction les flammes de l'Enfer.
J'arrive aux portes de mon lycée, il n'y a pas encore grand monde. Comme d'habitude je sens des regards se posés sur moi. Le jour de la rentrée, c'est le pire. C'est là que tout le monde se souvient des erreurs des gens, alors forcément beaucoup plus d'insultes fusent.
Je repère Lydia, une des seules à avoir été la pour moi et de l'être encore dans les moments difficiles. Elle comprend ma situation et elle ne me juge pas. D'ailleurs elle ne l'a jamais fait.
La principale ouvre les portes. Ca y est, l'année peut commencer. Les gens se ruent à l'intérieur du lycée pour connaître leurs classes et avec qui ils seront. Quant à moi, cela m'importe peu, dans tous les cas l'année se passera mal, comme toutes les autres années précédentes depuis que je suis ici.