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Octobre 1855
La vengeance est un plat qui se mange froid...
L'imposante maison de Piccadilly ressemblait comme une sœur aux autres demeures patriciennes de ce quartier chic de Londres. Mais elle n'impressionnait guère Henry Jones. Il se tenait devant la grille en fer forgé du numéro 181 et secouait la tête.
Le onzième marquis de Powerscourt y habitait depuis trois ans. Il était réputé pour les soirées fastueuses qu'il organisait. On y croisait dans la grande salle de bal des beautés fatales de Londres, des poètes célèbres ainsi que les intelligences les plus aiguisées de la capitale. Ivan Comeragh Tramore, le onzième marquis, semblait avoir tout pour être heureux. Pourtant, il était rare de déceler le moindre sourire sur ses traits sévères. Henry Jones avait su, déjà enfant, qu'il deviendrait un jour le régisseur du domaine de Powerscourt, dans la lignée de son père et de son grand père. Ivan Tramore se montrait toujours correct avec ses employés, mais Henry se serait volontiers passé des silences glacés et des regards opaques qui faisaient la renommée du marquis. Il les craignait tout particulièrement aujourd'hui parce que, pour la première fois, il apportait de mauvaises nouvelles. Mais Henry Jones n'avait pas le choix : il devait de toute urgence informer le marquis sur l'état de ses domaines.
Tandis que le majordome lui ouvrait la porte d'entrée, Henry entendit une sonnette résonner. Le marquis réclamait probablement du cognac. Perchée sur un escabeau, une femme de chambre allumait les lampes à gaz.
Henry retira ses lunettes et frotta ses yeux fatigués.
- Je pense qu'il est dans la bibliothèque, dit-il au majordome.
- Oui, monsieur.
- Ce n'est pas la peine de me montrer le chemin, mon bon ami. J'affronterai la bête tout seul...
Il passa un doigt dans son col empesé, redressa les épaules et se dirigea vers le bastion du marquis.
L'atmosphère de la bibliothèque contrastait avec les lumières et l'activité du hall. Des livres aux reliures précieuses ornaient les quatre murs et de lourds rideaux en velours rouge voilaient les fenêtres pour éviter les courants d'air. La seule lumière provenait du feu de la cheminée, dont les flammes joyeuses éclairaient les lambrequins dorés et le visage implacable du marquis.
Celui-ci paraissait déplacé dans ce décor paisible. Ivan Tramore était le genre d'homme qui convenait mieux aux joutes d'un tournoi médiéval qu'à une bibliothèque. " Il devrait porter une armure, pensa méchamment Henry. Et même une de ces sinistres armures allemandes qu'il y avait à l'Exposition de la reine." Effectivement, une armure en fer aurait avantageusement remplacé les pantalons noirs d'Ivan Tramore et son élégant gilet à motifs cachemire. Henry se disait que lui-même ressemblait plus à un gentheman que le marquis.
- C'est un plaisir de vous voir, monseigneur.
Henry attendit un signe du marquis pour s'approcher. Deux immenses dogues couchés sur le tapis levèrent la tête et le fixèrent, menaçants. Henry s'assit lentement dans un fauteuil, impressionné par cet accueil. Comme à son habitude, le marquis entra aussitôt dans le vif du sujet :
- Vous y avez été ?
- Oui, répondit Henry, sur ses gardes.
- Et alors ?
- Comme nous nous y attendions, le château est dans un état déplorable. En tant que régisseur de votre domaine, je vous déconseille vivement de vous y installer.
Henry lui jeta un regard inquiet. Plongé dans ses pensées, Ivan Tramore frottait la cicatrice qui descendait sur sa joue gauche. Cette balafre lui donnait un charme envoûtant, et on ne comptait plus les veuves et les débutantes qui s'étaient jetées aux pieds de Tramore.
- Combien coûterait la remise en état du château ?
- Beaucoup trop, répondit Henry. Les rats se sont déjà attaqués aux tapisseries...
- Ai-je les moyens de remettre ce château sur pied ?
- Monseigneur, votre fortune a au moins triplé depuis votre héritage. Ce sont vos investissements dans les mines de fer qui...
Le marquis l'interrompit, impatient :
- Alors j'ai ce qu'il faut ?
- Oui.
Henry repoussa ses lunettes et pinça l'arête de son nez comme pour chasser une migraine.
- Vous m'en voyez ravi, déclara Tramore. Maintenant, j'ai une autre mission à vous confier.
- Oui ? demanda Henry, laissant ses lunettes retomber à leur place.
- Elle concerne Mlle Alcester. Je veux qu'on cesse de lui verser sa rente. A partir du mois prochain, elle ne doit plus rien recevoir.
- Mais vous venez de m'envoyer à Riverside pour la voir...
- Pas du tout. Je vous ai envoyé pour inspecter Powerscourt.
- Certes, mais puisque le village de Riverside se trouve au pied du château, j'ai pensé que je devais mener l'enquête habituelle au sujet du bien-être de Mlle Alcester...
- Et comment l'avez-vous trouvée ?
Le marquis regardait fixement les flammes.
- D'après mes renseignements, Elizabeth Alcester se porte très bien. Pardonnez-moi ma question, monseigneur, mais pourquoi lui retirez-vous soudain cet argent ? Je ne les ai jamais rencontrées, ni elle ni sa famille, mais votre geste envers elle est si généreux. Surtout que vous ne l'avez pas vue depuis cinq ans et elle était encore si jeune...
Le marquis releva brusquement la tête et le toisa avec sévérité.
- Vous n'avez pas à vous mêler de ma vie privée, déclara-t-il sur un ton gracial.
- Veuillez m'excuser, répondit Henry en se mordant la lèvre.
Il cherchait un moyen de convaincre Powerscourt.
- Il est vrai que les Alcester ont un passé des plus regrettables, continua-t-il, et les voisins médisent à plaisir au sujet d'Elizabeth. Mais depuis trois ans que vous leur envoyez cet argent, Mlle Alcester ne l'a dépensé que pour les siens. Je suis certain qu'elle ne s'est pas acheté une nouvelle robe depuis des années.
- Ça m'est indifférent, intervient le marquis. Vous allez rédiger une lettre lui annonçant que sa " tante Sophie" est malheureusement décédée à Paris et qu'elle a laissé sa fortune à tel ou tel musée archéologique. Dites-lui aussi qu'à partir du mois prochain elle ne recevra plus rien.
- Je suis certain que vous avez de bonnes raisons pour agir ainsi, mais il faut penser à sa famille. Son frère n'est qu'un enfant et avez-vous oublié que sa sœur est aveugle ?
- Je n'ai rien oublié concernant Elizabeth Victorine Alcester, ni sa famille. Je peux vous l'assurer.
Les yeux noirs du marquis lançaient des éclairs. Il changea soudain de sujet :
- Quand est-ce que le château sera prêt ?
- Les travaux sont importants, dit Henry. Cela prendra des mois...
- Dans le testament, quand le dixième marquis a-t-il stipulé que je pouvais m'installer à Powerscourt ?
- Trois ans après sa mort, monseigneur...
Il était de notoriété publique qu'Ivan Tramore était un bâtard. Et l'on racontait aussi que pendant près de vingt ans, Tramore avait travaillé comme palefrenier dans un domaine voisin. Il n'avait même pas été accepté en tant que serviteur à Powerscourt. Son père l'avait chassé. Et même à l'époque, par son attitude orgueilleuse et ses regards féroces, Tramore n'avait pas suscité la pitié.
Il ne parlait de son père qu'en l'appelant " le dixième marquis", ce qui déconcertait Henry. Encore aujourd'hui, trois ans après avoir hérité de tout ce qu'aurait pu espérer un fils légitime, Tramore refusait de reconnaître la filiation. Se retrouvant soudain à la tête d'une fortune colossale et avec un titre de marquis, il ne lui avait manqué que le savoir. On prétendait qu'il s'était empressé de lire tous les ouvrages de la bibliothèque de son père. Pour s'assurer que le onzième marquis serait aussi cultivé que son prédécesseur.
- Cela fait plus de trois ans maintenant, n'est-ce pas ? demanda Tramore.
- Oui.
- Rappelez-moi, Jones, la raison pour laquelle j'ai du attendre ces trois ans ?
Ivan Tramore avait le talent pour mettre les gens mal à l'aise. Par moments, il paraissait d'une perversité effrayante.
- Il m'est difficile de croire que vous ayez oublié, monseigneur... Votre père a exigé ce délai car, selon ses propres paroles, il ne désirait pas que " vous marchiez sur sa tombe avant qu'elle ne fût froide".
Le marquis éclata d'un rire sombre. Son beau visage vibra avec une rare intensité.
- Quand vous étiez à Powerscourt, avez-vous vérifier que la tombe était bien froide ? demanda-t-il sur un ton sec.
- Vu le mauvais temps qu'ils ont eu dans le Nord, elle était même tout à fait glacée.
Henry se leva, espérant que cette entrevue pénible touchait à sa fin.
- Je veux que les travaux commencent tout de suite à Powerscourt. Je compte y habiter dans un mois.
- Un mois ! Mais le délai est trop court. Je ne peux pas vous assurer que tout sera prêt.
- N'oubliez pas que le dixième marquis ne se réchauffe pas dans sa tombe, Jones. Mon heure est venue.
Henry fut piqué au vif. " Quel personnage odieux !" songea-t-il.
- Dites-moi, Jones, depuis combien de temps votre famille occupe-t-elle la place de régisseur chez les Powerscourt ?
- Depuis six générations.
Pour la deuxième fois de la journée, Henry pensa qu'il aurait mieux fait de devenir chimiste comme son frère.
- Je vois. Alors vous êtes le seul qualifié pour ce travail. Quand ce sera fini, vous serez largement récompensé, je vous le promets.
Le marquis esquissa un sourire et lui tendit la main.
- Je vous verrai à Powerscourt dans un mois.
- Oui, monseigneur, répondit le régisseur, déconcerté par cette soudaine familiarité.
Le marquis avait faire pire que le menacer. Il lui faisait confiance. Henry avait trente jours pour redonner à Powerscourt son ancienne splendeur. Sinon, il était déshonoré.
Se demandant comment diable il y parviendrait, il quitta Piccadilly et se dirigea d'un pas décidé vers le carlton club.
Dans la bibliothèque, le marquis avait repoussé un des rideaux et regardait par la fenêtre. Sa respiration formait une légère buée sur la vitre. Quand Jones tourna au coin de la rue, Tramore laissa retomber la lourde étoffe.
Préoccupé, il passa un doigt sur sa cicatrice. Soudain, on frappa à la porte.
- Qui est-ce ? demanda-t-il brusquement.
- Mme Myers, monseigneur.
La gouvernante apportait un carafon et des verres.
- C'est inutile, madame Myers. Jones est déjà parti et je n'ai besoin de rien.
- Je suis désolée de ce retard, monsieur. Les filles nettoyaient les lampes et il n'y avait personne pour vous apporter le cognac. Alors je suis venue moi-même...
Mme Myers était une femme rondelette et joufflue. Elle portait une coiffe de dentelle qui recouvrait des boucles blondes de bébé. Tramore ne réagit pas lorsqu'elle entra dans la pièce. Il semblait avoir l'habitude qu'elle ne lui obéit pas. Sous la robe noire et le tablier blanc, la crinoline en crin craquait à chaque pas. Elle s'approcha de la cheminée et posa le plateau sur une petite table.
- Voilà. Je vous laisse tout de même les alcools au cas où. Avez-vous besoin d'autre chose avant que je parte ?
- Oui. Je dînerai dans mes appartements ce soir et j'aurai de la compagnie. Faites préparer un repas pour deux.
- Très bien, monsieur, répondit la gouvernante, mais son expression pincée traduisait son mécontentement.
- Que vous arrive-t-il ? Vous êtes malade ? demanda le marquis d'un air faussement innocent.
- Pas du tout, monsieur ! Je vais de ce pas m'occuper du dîner.
- Vous n'approuvez pas ma conduite, n'est-ce pas ?
- Comment ?
- Vous n'appréciez guère mes... amies ?
- Ce n'est pas à moi de vous juger, monsieur.
- Mais si vous le pouviez, vous me jugeriez comme un malotru. Je me trompe ?
Il croisa nonchalamment les bras et fixa la gouvernante de son regard aigu.
- Je crois au mariage, monseigneur.
- Seriez-vous étonnée si je vous disais que j'y croyais, moi aussi ?
- Je n'en suis pas surprise. Le souvenir de votre mère vous fait encore souffrir. Si seulement vous vouliez bien l'admettre...
Surpris par la franchise de la vieille gouvernante, Tramore tressaillit.
- Ça suffit, madame Myers. Vous vous égarez.
Prenant son courage à deux mains, elle s'exclama :
- Je vous connais depuis votre naissance, lord Ivan, et je me souviens de la mort de votre maman ! J'ai vu comment un petit garçon dévient silencieux et farouche lorsqu'il est jeté à la rue... Pardonnez-moi, monseigneur, ajouta-t-elle en baissant la tête.
Puis elle lança un coup d'œil autour d'elle pour s'assurer qu'il n'avait besoin de rien.
- Doit-on vous apporter encore du charbon pour le feu ?
- Non, vous pouvez partir.
Sur le seuil de la porte, Mme Myers hésita.
- Auriez-vous oublié quelque chose ? demanda Tramore.
- Ce n'est pas à moi de vous dire ces choses, monsieur... Mais si je puis me permettre, vous êtes un homme exceptionnel. J'espère qu'un jour vous rencontrerez une jeune fille qui saura vous en convaincre.
Soudain, comme si elle réalisait qu'elle allait trop loin, elle se redressa.
- Je vous prie de m'excuser, monseigneur.
Mme Myers fut soulagée de quitter l'atmosphère oppressante de la bibliothèque.
Le marquis fronça les sourcils. Quelque chose le tracassait. Il se frotta la joue, puis sortit à son tour.
Gravissant les marches de l'escalier deux par deux, il arriva rapidement au grenier. Une bougie à la main, il se fraya un passage entre des malles abandonnées et de vieux miroirs brisés, puis s'immobilisa devant une peinture. D'un geste brusque, il arracha le drap qui la recouvrait. La flamme vacillante éclaira le portrait d'une femme magnifique. Elle avait des yeux d'un bleu cristallin, ombrés de cils épais, et son épais, et son regard était dénué de toute coquetterie. Cette jeune femme ingénue semblait détenir un secret qu'elle ignorait encore. Mais le jour où elle comprendrait combien elle était belle, tous les hommes tomberaient à ses pieds.
Sauf le onzième marquis.
Lui restait debout, les traits tirés. Son visage exprimait aussi bien la haine que l'amour, la joie que la douleur. Il étendit la main, caressa la joue peinte. Puis il remonta vers le nez, effleura les cheveux blonds et suivit une boucle qui descendait jusqu'à la bouche. Il s'arrêta sur la lèvre inférieure, ourlée comme une rose. Un instant, il ferma les yeux.
- Lissa, murmura-t-il d'une voix rauque.
Il était subjugué par la féminité de la jeune fille. Elle était à la fois si vulnérable et d'une beauté si envoûtante... Il essuya la poussière qui recouvrait la plaque en bronze. On y lisait le nom du modèle : Mlle Elizabeth Victorine Alcester de Riverside, 1850. Puis, comme s'il se trouvait soudain ridicule, il renversa la tête en arrière et éclata de rire. S'apitoyer sur lui-même lui était insupportable. Il replaça brutalement le linge sur le portrait et quitta le grenier.
Quelques heures plus tard, la calèche dorée de Fanny Kimbel s'arrêta devant le perron. Une brume légère était tombée sur la ville. Fanny veillait toujours à ce que ses filles voyagent dans de bonnes conditions. Lorsque la beauté sortit de la voiture, elle n'eut qu'à rajuster légèrement sa cape de renard pour ne pas prendre froid. Elle franchit rapidement les quelques pas qui la séparaient du hall illuminé.
Le marquis l'attendait dans ses appartements. Vêtu pour le soir d'une redingote et d'un pantalon noirs, Tramore illustrait parfaitement l'aristocrate fortuné et maître de lui. Une belle cravate en soie bleu marine et un gilet qu'on apercevait sous son veston atténuaient la sérénité de l'ensemble. Il se tenait dans l'antichambre, un verre de cognac à la main. La fille la plus chère de Mme Kimbel entra dans un bruissement de soie. Roseanne était une créature splendide. Ses boucles brunes ondulaient le long de son cou gracieux. Sa robe en soie bleu ciel était d'une élégance parfaite. Elle inclina légèrement la tête.
- Je m'appelle Roseanne, monseigneur. Mme Kimbel m'envoie pour vous tenir compagnie.
Tramore esquissa un sourire. Le majordome referma doucement la porte et les laissa seuls.
- J'espère que ce mauvais n'a pas rendu le voyage trop désagréable, commença Tramore.
- Rien ne pouvait m'être désagréable ce soir, monseigneur.
Roseanne était heureuse de trouver en Tramore un homme si séduisant. Elle admira sa haute stature, ses cheveux noirs, sa peau mate. Le marquis la dévisageait, lui aussi. Une lueur de désir brilla dans son regard.
- Fanny a un goût parfait, dit-il enfin.
- Mme Kimbel voulait à tout prix quelqu'un qui vous plairait.
Roseanne s'approcha et lui posa un doigt sur les lèvres.
- Et j'ai bien l'intention de vous plaire...
Tramore évita son regard. Inquiète de le voir soudain si distant, Roseanne attira son visage vers elle et l'embrassa avec sensualité. Puis elle attendit une réponse aussi sensuelle, mais le marquis se contenta de l'observer, les yeux mi-clos.
- Ne soyez pas aussi loin de moi, lord Ivan, murmura-t-elle. Surtout par cette nuit si pluvieuse. Laissez-moi vous réchauffer...
Roseanne déboutonnait déjà son gilet. Elle s'attaqua ensuite à sa chemise. Sa paume tiède parcourut bientôt la poitrine du marquis, ses doigts jouaient avec la forme de ses muscles.
- Tu es une petite gourmande, dit-il en posant une main sur la sienne.
- Vous devriez l'être aussi, chéri, souffla-t-elle, passant la langue sur ses lèvres gonflées. Fanny dit qu'elle ne vous a envoyé personne depuis des mois, monseigneur... Des mois... Seigneur, vous devez être tel un taureau enragé. J'ai supplié Fanny de venir ce soir. Rachel était ici il y a trois mois. Elle n'a jamais oublié sa nuit avec vous. Elle prétend que c'était exquis.
Elle répéta à mi-voix :
- Exquis.
Tramore détailla la généreuse poitrine de la jeune femme où se nichaient quelques boucles soyeuses. Il en saisit une et la retourna entre ses doigts. Roseanne sourit. Son amant commençait à succomber.
D'une main habile, il lui dégrafa sa robe, emprisonnant sa bouche dans un baiser ardent. Ils furent bientôt étendus nus sur le lit. Le feu dans la cheminée les enveloppait d'une douce chaleur et Roseanne frissonnait d'excitation en caressant le corps musclé de Tramore. Elle devait à tout prix lui plaire. Lorsqu'il sourit, enfin, elle en fut si contente qu'elle voulut caresser sa joue mutilée. Mais il lui attrapa la main. Sa poigne était ferme, presque douloureuse.
- Qu'y a-t-il, monseigneur ? demanda-t-elle, inquiète.
- N'y touche pas.
- Si je dois éviter votre visage, où puis-je vous caresser ?
- Ici.
Il fit descendre sa main.
- Je comprends, murmura-t-elle.
Elle sourit, coquette, certaine de ses talents. Pourtant, l'attitude de Tramore la déconcertait. Certes, le marquis l'embrassait et ses caresses expertes la transformaient en une coulée de lave ardente, mais il était comme... absent. Roseanne sentit soudain que lord Powerscourt aurait préférer tenir une autre femme entre ses bras. Et cela lui fit peur.
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L'ange de la vengeance
RomanceIvan le bâtard est de retour. Lissa l'a autrefois humilié, il ne l'a jamais oublié. Mais l'heure de la vengeance a sonné : il est aujourd'hui un lord puissant, elle est ruinée ! Ivan a mis au point un plan machiavélique pour faire tomber dans ses f...