Chapitre 9 : Haley

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Je ne sais plus quoi penser. Du jour au lendemain je me retrouve sur une autre planète dans l'appartement d'un inconnu martien qui m'annonce que son espèce dissèque les miens. Même un drogué ne me raconterai jamais de telles conneries. Pourtant tout ça c'est ma réalité, et je dois me faire une raison : si je veux partir d'ici je dois aider Huseyin. Mais est-ce que je veux vraiment partir d'ici? Qui m'attend sur Terre ? La seule chose que je sais c'est que je veux c'est libérer les humains capturés.

Une fois rentrés à l'appartement de Huseyin, je vais poser mes nouvelles acquisitions dans sa chambre. Il dort dans son bureau sur son canapé et il me laisse son lit. Galant non ? Quand je redescend dans le salon, je le trouve en jogging et écouteurs sans fils aux oreilles, prêt à partir.


- Où tu vas ? Je lui demande.

- J'vais courir pour me calmer les nerfs. J'ai trop de choses en tête. Me répond-t-il

- Je peux venir avec toi ?

- Seulement si tu peux tenir le rythme chérie ! Me dit-il taquin.

- Tu rigoles je n'ai pas couru depuis longtemps mais je devrais pouvoir tenir quand même ! Je suis pas si faible.

- Alors dépêche-toi de t'habiller !


Nous voilà partis, le générateur de temps nous a fourni une nuit douce légèrement fraîche pour ne pas suffoquer. Je cours à côté de lui me laissant emporter par les musiques dans mes oreilles grâce aux écouteurs qu'il m'a prêté. Nous empruntons un petit chemin caillouteux entouré d'arbres qui se situe à côté de l'appartement d'Huseyin.

La lune fait luire la sueur sur nos visages et petit à petit mon corps devient lourd, mes cheveux toujours attachés me collent au front. Ma respiration s'accélère de plus en plus et je ne vois plus qu'un large dos qui s'éloigne devant moi. Ma vision se brouille avec l'effort et le sang bat dans mes tempes. Je ne suis pas une fille très sportive mais j'ai l'habitude de tenir largement plus de 5 minutes.

Soudain, Huseyin qui est déjà loin devant moi s'arrête et se retourne avec un grand sourire, ses yeux bleus luisants dans la nuit.


- Je t'avais prévenue ! Jamais tu ne tiendras longtemps !

- Pourquoi en étais-tu si sûr ? J'ai l'habitude de courir plus longtemps que ça ! Dis-je vexée

- Je le savais car tu es terrienne chérie, tu n'as pas encore l'habitude d'une telle gravité.

- Oh ! Fais-je étonnée. C'est pour ça que mon corps me semble si lourd ces temps-ci.

- Exact ! Allez viens je veux continuer à courir, monte sur mon dos sa me fera faire un peu plus d'effort !

- Pas question que je monte sur ton dos, je vais te faire mal et de toute façon je n'aime pas ça !


Jamais de la vie je ne ferai ça ! Il croit que je suis devenue sa meilleure  amie ou quoi ?


- Bon si tu ne veux pas, alors donne moi la main je vais t'aider à continuer. Fait-il en riant

- Je sais pas, tu vas à moitié me trainer...

- Mais ne t'inquiète pas !

- D'accord , acceptais-je en prenant sa main.


Son sourire s'élargit et nous nous mettons à courir en rythme, main dans la main. Encore une brèche dans mes convictions, sa main est trop chaude à mon goût. Je vais encore souffrir. Un flash revient dans mon esprit, c'est lui, c'est elle. Des cris, des pleurs, des rires, de l'angoisse. Une immense tristesse et un choc, une peur aussi, m'étreint soudainement la poitrine.

Je lui lâche la main, et je m'arrête après seulement 10 minutes de course. Huseyin me regarde droit dans les yeux, les siens aussi bleus qu'un ciel en été. Il soupire, me tend les clés de son appartement et me dit d'un ton entre la compassion et la déception :


- Tu peux rentrer en passant par le petit sentier qu'on vient de dépasser. Je te rejoins dans une demi-heure.

- M-merci balbutiai-je

- De rien, file et repose-toi.

- Okay.


Il me regarde une dernière fois dans les yeux, comme pour déchiffrer mes pensées, puis il repart en trottinant, la lune faisant briller ses muscles légèrement dessinés : fins mais pas trop.

Je détourne le regard, puis j'emprunte le sentier qu'il m'a indiqué.Les cailloux crissent sous mes pieds et les lampadaires éclairent ce chemin d'un façon inquiétante. Cela fait longtemps que je ne m'étais pas retrouvée seule comme ça. Je pourrais courir et ne jamais revenir chez lui. Mais à quoi bon ? Comment à-t-il fait pourvoir que j'aillais mal ?


Une fois à l'appartement, j'enlève mes chaussures et je file dans la salle de bain spacieuse qui se trouve entre le bureau d'Huseyin et sa(ma) chambre. Je fais couler un bain bien chaud, puis en attendant qu'il se remplisse, je me détache les cheveux. Ils tombent en cascade jusqu'au milieu de mon dos en de délicieuses boucles brunes aux reflets roux. Je me les démêle et je me déshabille.

A moitié allongée dans ce bain chaud presque brûlant je commence à m'assoupir.

Des bruits frappés à la porte me réveillent en sursaut d'un sommeil sans rêves. Merde, je me suis endormie dans le bain. L'eau est maintenant presque froide et je commence à greloter.


- Haley ? Tout va bien ? Je suis rentré depuis un moment et tu es toujours pas sortie. M'annonce Huseyin.

- Euh oui je m'étais assoupie dans mon bain. Dis-je légèrement paniquée. Je sors dans 5 minutes.

- Okay, pas de problème !


Quand je sors du bain, un magnifique son de piano me parvient aux oreilles.Cette douce musique mélancolique qui m'étreint la poitrine est accompagnée d'une voix grave qui chuchote des paroles inintelligibles.

J'ouvre grand les yeux de surprise : Ce que je pensait être un enregistrement est en réalité Huseyin qui joue au piano dans son bureau. Il a les yeux dans le vague et semble être plongé dans ses souvenirs. Je rentre discrètement dans la pièce et je m'assois sur le bord du canapé clic-clac futuriste. Il ne m'a pas remarquée et je l'écoute jouer jusqu'à ce que tout devienne noir.



H.H Parallel WorldsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant