Chapitre 5

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5.
Au moment où j'accrochais ma veste au porte-manteau, j'entendis Maya frapper à la porte. Je lui ouvris en hâte .
- Alors ? Qu'est-ce qui se passe ? Ça a été ton interview ? m'empressa-t-elle.
- Viens à la cuisine.
On traversa le hall pour se diriger à la cuisine ou notre thé attendait d'être préparé.
- Bon. Il ne m'est rien arrivé de grave. Enfin, pas encore... Bref. Ce que je dois te dire est très ...
- Important ?
- Oui et personnel, acquisai-je. Il n'y a pas eu d'interview. J'ai juste parlé avec la dame. Figure-toi que c'était elle qui m'a volé ma carte et qui s'était introduite chez moi.
- Oh mon dieu ! Et elle ne t'as rien fait ?! s'inquiéta Maya en écarquillant les yeux.
- Ne t'en fait pas Maya ! Je vais on ne peut mieux. Donc, on a parlé.
- De quoi ?
- De moi, dis-je en faisant la grimace.
- De toi ? Mais pourquoi ? Elle te connait ? Et puis, pourquoi elle a volé ta carte ?
- Non elle ne me connait pas, enfin, pas vraiment. Pour vérifier que c'était bien moi.
- Toi quoi ?
- Moi qui était bien la fille qu'elle recherchait pour accomplir une "mission" ... Maya j'aurais des pouvoirs ! J'appartiendrais à un autre monde, et il faudrait que j'aide ce monde ! explosai-je en pleurant.
Elle me prit dans ses bras en me disant que ça allait aller. Elle n'avait rien compris mais elle faisait ce qu'elle pouvait. Je commençais à me calmer et finis par tout lui raconter en détails. De la réceptionniste au fait que je sois une Sortcallie sans oubliez le Graphonne. Maya m'écoutait en silence, pesant mes paroles. Lorsque j'eus fini, elle ne dit rien et le calme se fit. Elle finit par le briser.
- La première chose à faire d'après moi est d'aller voir ta grand-mère, histoire d'être sûr que c'est bien vrai.
- Je suppose, oui. Mais elle habite à Paris. Et nous sommes à Londres.
- Appelle-la, elle viendra, me sourit-elle.
On continua à débattre un peu sur cette mésaventure lorsque mon amie eut une idée.
- Je sais ce que tu as besoin toi !
- De quoi ? souriais-je.
J'avais déjà retrouver le moral.
- Un bon spa !
- Oh oui ! Tu es parfaite Maya !
- Je sais, je sais, rit-elle.
Nous avons donc réserver un massage complet à un petit spa non loin de Londres pour ce week-end. Maya repartit peut de temps après non sans me rappeler que demain serait la "mission Fern" comme elle aimait bien l'appeler. Une fois qu'elle m'eut quitté je partis chercher le téléphone et appeler ma grand-mère.

Ça sonna mais elle ne décrocha pas. Je soupirai et lui laissai un message.
- Meïma ? C'est Kila ... On m'a dit certaines choses concernant toi et tes ... pouvoirs et moi aussi. J'ai besoin qu'on parle. Rappelle, s'il te plait.
Je ne pouvais rien faire de plus pour le moment.
Une heure plus tard elle me rappela et j'eus droit à une conversation des plus étranges.

Je me levai tôt le lendemain car je devais encore travailler un peu. Je me rendis à l'école non sans appréhension pour de un, le contrôle de math, de deux la "mission Fern" et même être à côté de lui sans passer pour une cruche ! Et de trois, raconter ma discussion d'hier avec ma grand-mère à Maya. Qu'importe, ça serait une journée normal. Tout du moins je l'espérais. Pour mon plus grand bonheur je passai le test de math sans souci et sans trop me ridiculiser. J'avais à peine échanger quelques mots avec Fern et ça en revenait à ça :
- Tu as un effaceur ?
- Oui tiens, et t'as une équerre ?
- Ouais, voilà.
Bon c'était pas super mais c'était déjà pas mal ! En tout cas je me voyais mal lui avouer dans quelques heures que je l'aimais plus que le Nutella ou les fraises de chez Francine ! J'en était à ces réflexions lorsqu'enfin je pus me ruer au-dehors pour aller voir Maya. Sans que je m'en rende compte Fern s'était aussi dépêché et marchait avec de grandes enjambés près de moi. Je pris mon courage à deux mains et lui demandai :
- Tu es pressé ?
- Que ... Ah euh oui j'ai un rendez-vous.
J'écarquillai les yeux et mes joues rosirent. Je me mordis la lèvre tellement j'avais honte. J'espèrais au fond de moins qu'il n'avait pas remarquer mon désarroi. Je jetai un rapide coup d'œil vers lui et aussi étonnant que cela puisse paraître il était rouge tomate ! Il parut remarquer que je le regardais et bafouilla timidement :
- Oui un rendez-vous avec Lourou. Tu sais quand j'ai été absent vous avez parler d'une matière importante alors euh... Il m'a demandé que je passe le voir ce midi.
Je me détendis aussitôt et hochai de la tête. Lourou était notre professeur de français et c'était un mec. Je n'avais aucune raison de m'inquiéter. Mon plan, ou plutôt celui de Maya, ne tombait pas à l'eau.
- Très bien, souriais-je, bon rattrapage alors !
Je me dirigeai vers la cafétéria, reprenant des couleurs plus normal petit à petit. Une fois à la table habituelle je mis mes mains devant les yeux de mon amie et demandai-je d'une voix enjouée :
- Qui c'est ?
- À ton avis, Kila ?
- Chris ?
Maya gloussa.
- Le jour où ça arrivera ! Allez viens manger plutôt !
Je m'installai à la table et mordis à pleine dents dans mon sandwich italien.
- J'ai appelé Meïma hier.
Maya écarquilla les yeux et déglutit.
- Elle t'a dit quoi ?
- Eh bien ... On va dire que c'est compliqué.
Je haussai les épaules et lui racontai la discussion :
- Je lui ai raconté le rendez-vous et je lui aie parlé de la dame. Elle m'a demandé sa couleur d'yeux ! Elle croit vraiment que j'ai regardé ces yeux !? Et aussi si j'avais vu un animal, elle a encore plus insisté sur ça. Mais il n'y avait rien, je l'aurais vu non ?
Maya haussa un sourcil et murmura :
- Je ne sais pas mais en tout cas ta grand-mère est toujours aussi étrange.
- Ouais ... Elle paraissait ennuyée et très agitée. Pourtant tu la connais, on ne trouve personne de plus calme sur terre.
Maya dut se pencher vers moi pour m'écouter car je parlais de plus en plus bas.
- Elle m'a demandé de ne plus reprendre contacte avec cette dame et qu'elle arrivait samedi après-midi.
- Oh non ! Et notre Spa ?
- Maya !
- C'est bon je rigole ! N'empêche c'est étrange. Elle était sympa cette dame non ?
- Oui... Pour moi oui...
Je creusai dans m'améliore pour trouver un détail révélateur mais rien ne me venait. Il y avait bien quelques petits expressions suspectes mais rien de plus.
- Bizarre. Et ta copine ...
- Ce n'est pas ma copine ! fis-je indignée.
- Oui enfin la dame, elle ne venait pas chez toi ce soir ?
Je fis la grimace, j'avais effectivement reçu un SMS peu de temps après l'avoir quittée. Elle avait eu mon numéro par je ne sais quel moyen mais elle voulait que je m'entraîne au plus vite avec mes "super-pouvoirs" donc elle avait décidé de venir chez moi. Au moins je ne devais pas lui expliquer où j'habitais...
- Viens chez moi alors et ne repasse pas par chez toi, proposa Maya, on a tout ce qu'il te faut, me rassura-t-elle devant mon air ennuyé.
- Tu es sûre ?
- Aie-je le choix ?
Je ne répondis pas, comprenant qu'il serait de tout façon inutile de discuter et surtout que ça m'allait plutôt bien.
- Je pourrais te surveiller de loin en rentrant, fis Maya les yeux pétillants.
- Oh non, rigolai-je.
"La mission Fern"... Je n'avais plus tellement ça en tête ces derniers temps mais ça en valait peut-être la peine, surtout d'après ce que j'avais pu voir ce midi.

La fin de la journée passa au ralenti. Je n'écoutais même plus les profs tellement mon stress grandissait à l'approche de la sonnerie qui clôturerait la journée. Et si la dame venait me chercher directement au lycée ? Si elle avait deviné que j'allais chez Maya ? Et puis comment allais-je m'en sortit avec Fern ? Lorsque la sonnerie retentit enfin je me levai soudainement et partit rapidement.
Je ne pris même pas le temps de chercher Maya ; elle serait sûrement en retard car elle avait gym.
Je me dirigeai donc vers le parc ou Fern passait normalement. Je regardai bien autour de moi, vérifiant que la jeune femme n'était pas là. Le fait de ne pas la voir m'enleva déjà un poids.
Je m'assis sur un banc qui bordait l'allée de peupliers. J'inspirai et expirai calmement. Enfin aussi calmement que le permettait mon coeur qui allait à une allure folle. Il fallait que je me calme ! Je sortis mon magazine, faisant mine de lire lorsque j'entendis des voix masculines. Je dressai l'oreille, à l'affût. Je tournai discrètement la tête pour découvrir Fern ... Avec tout son groupe d'amis ! Jamais je n'oserais lui parler avec eux, je comprenais ce qu'il pouvait ressentir quand j'étais avec Maya, enfin si il voulait me parler.
J'étais en train de paniquer quand Fern bifurqua vers moi sans ses amis. Je soupirai, rassurée. Je me ressaisi vite et l'observai arriver.
Je ne savais comment commencer... "Salut !" Non ça ne va pas je ne vais pas lui dire bonjour si je l'ai déjà vu. "Fern je dois te dire quelque chose" Non plus ça fait un peu bizarre et puis je ne veux pas l'effrayer. Tout en réfléchissant je ne le vis pas s'approcher.
- Kila ? Que fais-tu la, toute seule ?
Je sursautai, surprise mais heureuse que ça soit lui qui m'ai abordée.
- Désolé, je ne voulais pas te faire peur.
- Oh euh ... Non, rien. Pardon, ce n'est rien. Oui...
Ça commençait mal. Je respirai un bon coup et dis :
- Je ne suis pas ici par hasard. Je voulais juste ... Te parler.
A nouveau ses joues prirent une légère teinte rosé.
- Me parler ? À moi ?
- Oui à toi, souriai-je, reprenant peu à peu de l'assurance devant son visage d'enfant perdu et épaté par l'importance que je semblais lui donner. J'avais l'impression d'être une reine quand il me regardait comme ça.
- Et qu'as-tu de si important à me dire ? demanda-t-il dans un souffle s'approchant de moi.
- Je ... En fait j'y pense depuis longtemps mais je n'osais pas me l'avouer. Maya m'a ouvert les yeux et m'a obligé a regarder la vérité en face : je suis amoureuse ! dis-je d'une traite.
Mon estomac fit des bonds. Qu'avais-je dis déjà ? J'étais complètement perdue alors je le regardai pour guetter une réaction.
Il écarquilla les yeux et vint s'asseoir ou plutôt s'effondrer à côté de moi.
- J'aurais du m'en douter ...
- Te douter de quoi ? fis-je, intriguée et effrayée par sa répartie.
Il semblait triste. Était-il déjà en couple ? Venais-je de commettre la plus grosse gaffe possible ?
- Que j'étais bien trop minable pour espérer que tu m'aimes !
Il s'affaissa encore plus sur le banc.
Je ne comprenais pas. Ne venais-je pas de dire que j'étais amoureuse ?
- Qui et l'heureux élu alors ? reprend-t-il en regardant le sol.
- Mais... Fern ! Enfin, je ... Toi ! criai-je presque.
Il releva la tête et demanda d'une toute petit voix chevrotante :
- Moi ?
- Mais oui ! Enfin après tout dépend de toi si tu ne veux pas je compren...
Je ne pus finir ma phrase car ses lèvres s'étaient posées sur les miennes. Je profitai de ce qui fut le plus long baiser de mon existence, de son odeur douce et sucré et de ses lèvres.
J'étais épatée par son audace. Lui qui paraissait si fragile il y a quelques minutes, avait pris une inspira ce incroyable en l'espace de deux secondes, mais j'aimais ça.
Lorsqu'enfin nous nous détachâmes il me murmura :
- Kila ...
Je plongeai mon regard dans le sien, le vert de son iris était frappante. Nous restèrent ainsi à nous contempler un long moment.

Graphonne [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant