Me voilà dans l'espace. Dans cette immensité vide et pourtant peuplé d'étoiles et de planètes. Je ne peux les atteindre, elles semblent reculer encore et encore en me voyant alors j'abandonne. Elles sont trop pures. En un instant, je me rends compte de ma nudité. J'inspire, en position de l'ange. A travers ma peau pâle, il semble se dégager une lumière chaude, douce, du creux de ma poitrine. Mes côtes formant une maigre barrière face à son éclat.
Pourtant, plus bas au creux de mon ventre, ma peau se creuse vers l'intérieur, prend une teinte sombre. Noire. Grise. Et à sa surface des mouvements se font savoir, comme un battement d'ailes. Alors de mes doigts, je creuse ma chair, m'écorche , pour faire sortir ce mal-être. Je m'y efforce. Après avoir percé la dernière couche de mon hypoderme, une fumée noire s'échappe de mes entrailles, m'enveloppe, me cajole. Je ne dois pas m'y conforter, je ne dois pas laisser cette illusion continuer. Au risque que la fumée entre par mes narines, irrite mes yeux, prenne le chemin des pores de ma peau, elle m'emplirait toute entière. Elle me propulserait vers cette sphère bleue, m'enfouirait six pieds sous terre comme elle l'a fait autant de fois avant pour tant d'autres Hommes. Alors je résiste, et quand cette noirceur se dissipe, je pars en quête d'étoiles et de papillons pour remplir le vide que ce grand Mal a laissé. Car la vie n'a pas de sens,.le bonheur pas de clé, puisqu'il suffit de faire son chemin et de prendre ce qui nous convient.
