Enfants du désert

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                Hier mes parents sont morts. Enfin je crois. Les gens qui m'ont emmené ne m'ont pas vraiment expliqué. Je sais juste que nous roulons vers le désert. C'est trop long. J'en ai marre. Pourquoi a-t-on pris la voiture et pas l'avion ? Le Tadistan. Je ne connais même pas ce pays. Me disent-ils la vérité ? Ils mentent peut être. Je n'ai pas vu mes parents après tout. Je ne comprend pas ce qui m'arrive. Mais je n'ai pas le choix.

Apparemment, là ou nous allons je vais retrouver d'autres jeunes orphelins comme moi. Je n'ai rien demandé. Je ne veux pas de leur pitié. Et puis moi, peut être que je ne suis pas orphelin. Ils se sont peut être trompés et mes parents sont toujours vivants. Je leur ai déjà demandé,  et leurs réponses sont toujours trop vagues. Ils ne veulenr pas discuter. Je dois me contenter du paysage pour m'occuper.  La végétation se raréfie,  nous approchons donc du désert.

Le Tadistan se trouve quelque part au Moyen-Orient. C'est un pays en guerre. Pourquoi m'emmènent-ils ici ? C'est dangereux. J'étais mieux chez moi. Je ne veux pas etre ici. Je veux rentrer a la maison. Cest trop tard maintenant. Une ville. Nous sommes arrivés. Nous descendons de voiture. Il fait trop chaud. Il y a beaucoup de poussière. Le soleil m'aveugle.

Je pensais que le trajet était terminé, mais j'avais tort. Les hommes qui m'emmenaient ont conversé avec d'autres hommes. Ces derniers m'ont forcé à les suivre. Nous avons pris une Jeep et nous nous dirigeons maintenant au coeur du désert, en dehors de la ville. Verrai-je la fin de ce périple ? Je suis exténué. J'ai soif. Je n'ai plus de forces. Mes paupières sont lourdes. Trop lourdes. Noir total.

Je me réveille sur un lit de paille. C'est très inconfortable. Ou suis-je ? La pièce dans laquelle je me trouve est totalement vide. Quatre murs en béton,  pas de fenêtres. Juste une porte en face de moi, sous laquelle filtrent quelques rayons de soleil. Je me lève et décide de sortir.

C'est immense. Je suis stupéfait. Des dizaines, non des centaines de cabanons comme le mien s'étendent à perte de vue. Je me trouve sur une portion vallonné,  je peux donc voir au loin. En contrebas se trouvent des bâtiments plus grands, ainsi que plusieurs terrains étrangement aménagés. Mon excellente vue me permet de distinguer des obstacles, des cordes, de la boue. Des parcours du combattant. A côté se trouvent des stands de tirs. Je les reconnais car j'en ai déjà vus dans des films. qu'est-ce que c'est que cet endroit ? L'armée ?

Un homme est venu me chercher. Son gros fusil me dissuadait de résister. Il m'a conduit à une sorte de briefing. Je n'étais entouré que de jeunes comme moi. Certains semblaient majeurs, d'autres ne devaient même pas avoir terminé l'école primaire. En dépit des différences d'âge, tous avaient ce même regard, plein d'incompréhension. Un militaire d'un certain âge nous parla. Sa grosse barbe blanche aurait pu faire de lui un homme sympathique en d'autres circonstances,  mais ses cicatrices et son regard dur en faisait un personnage terrifiant.

C'est l'heure de manger. Le réfectoire est immense,  la nourriture immonde. De la bouillie. Je repense aux paroles du vieux barbu. Il nous a expliqué que nous étions dans un camp d'entraînement pour les jeunes "perdus", abandonnés par le destin. Nous serons nourris, logés,  blanchis et entraînés. En échange, nous devrons accomplir différentes missions. Je n'ai pas tout compris lorsqu'il nous a désignés comme des futurs mercenaires à la solde des gouvernements qui nécessiteraient notre aide. Pour l'instant ce n'est pas important. Je me concentre pour ne pas vomir mon repas. Les plats de ma maison me manquent. Je veux rentrer.

Les entraînements sont trop durs. Ils oublient que nous sommes des enfants. Le soleil nous brûle la peau,  la soif est omniprésente,  et l'eau est rationnée. En plus d'une préparation physique inhumaine du matin jusqu'au soir, nous apprenons à manier les armes, à nous battre au corps à corps. Le dimanche,  unique jour de repos, nous faisons les corvées de nettoyage. Les journées s'enchaînent,  aussi fades les unes que les autres. Peut être aussi les semaines, les mois, les années. Un jour, l'imposant barbu me convoque.

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