- Unique - Tome 2

Chapitre 28 - Faustine

Quelques heures à peine après m'être endormie, j'entends que des petits coups sont donnés à la porte.

En essayant de ne pas réveiller Peeter, je m'extirpe doucement du lit, me dégageant de son bras autour de ma taille. Je prends lentement conscience que je me trouve dans ma chambre. Avec Peeter. Et l'assemblement des deux me donne le tournis.

J'ignore cette sensation pour le moment et me dirige sur la pointe des pieds vers la porte. Juste avant de l'ouvrir, je jette un dernier regard à Peeter qui dort toujours à poings fermés, ses cheveux blonds étalés sur l'oreiller.

J'ouvre la porte et découvre la dernière personne que je m'attendais à voir : ma mère.

Ma mauvaise humeur refait instantanément surface et je sors de la pièce en refermant la porte derrière moi. Sans un mot, je passe devant elle et m'engouffre dans sa chambre à l'autre bout du couloir. Elle me suit en silence et referme la porte derrière nous.

-Qu'est-ce que tu veux ? je demande brusquement, tout en essayant de chuchoter.

-Je voulais te parler.

Son ton est calme et empreint de sollicitude. Voire même, de compassion. Tout ce dont je n'ai absolument pas besoin pour le moment.

-C'est un peu tard pour ça, tu ne crois pas ? Tu avais toutes ces années pour me parler et pourtant, tu as gardé le silence. J'ai tout découvert toute seule, sans ton aide. Alors c'est un peu tard pour lancer une discussion à cœur ouvert, tu ne crois pas ?

Elle encaisse ma réplique et hoche doucement la tête. J'ai envie de la secouer comme un prunier pour qu'elle sorte de son calme olympien qui me tape sur les nerfs.

-Tu as raison d'être en colère.

-Oh non, tu ne vas pas commencer à m'infantiliser et à me psychanalyser. Je me fiche bien de savoir que tu acceptes ma colère et tout le ramassis de conneries qui va avec.

-Tu ne me laisses même pas dire un mot, se plaint-elle en sortant légèrement de son rôle de mère parfaite. J'aimerais juste que nous ayons une conversation... au sujet de Miles.

Je me crispe. Pourtant, je savais qu'elle voudrait en parler. Seulement, je n'ai pas du tout envie de savoir ce qu'elle va dire. J'ai l'impression d'avoir passé mes derniers jours à parler, parler, parler. Je veux de l'action. J'ai besoin de sortir de cette maison et d'agir.

-Si tu me l'avais avoué avant que je le découvre, nous aurions pu en parler. Mais tu attends toujours d'être contrainte à faire quelque chose avant de le faire. Et même dans ce cas-là, tu décides parfois de juste... abandonner.

-C'est ce que tu ressens ? Que je t'ai abandonnée ?

Je serre les dents et les poings pour contrôler ma colère.

-Qu'est-ce que je viens de dire sur la psychanalyse ? je siffle. Et tu ne vas pas me faire croire que ça t'étonne, si ?

Ma mère ouvre la bouche pour me répondre mais se ravise. Bien.

-Je ne veux pas parler de Miles avec toi, je lâche.

-Je comprends.

Je vois bien que la conversation n'est pas close alors je croise les bras sous ma poitrine en attendant la suite.

-Je suis inquiète pour toi. Après ce que j'ai entendu au sujet de la Tour...

-Je ne veux pas en parler non plus, je coupe.