Prologue

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« Le monde est aveugle rare ceux qui voient »

Amer.Amer est le goût des cendres qui se posent sur mes lèvres.

Horrible. Horrible est la vue de ce qu'est devenue le monde. Mon Monde.

Solitude. Solitude est le seul sentiment que je ressens en ce moment.

*

Le ciel grisâtre et le temps qui se refroidies me rappellent que je suis partie depuis bien trop longtemps.

Le froid me gèle les mains jusqu'aux os et la neige s'insinue dans mes chaussures trouées. Mon regard se pose sur ma hache, son tranchant d'argent me rappelle mon père et quel homme incroyable il fut.

Je n'ai malheureusement pas le temps d'être plongée dans mes souvenirs, bientôt il fera nuit et il n'est jamais bon de trainer dans les parages, on dit que le Diable y rode.

Je ramasse les nombreuses bûches révélant le travail assez physique que j'ai accomplis puis mon attention se porte sur un corps étendu par terre.

Le corps d'un enfant à peine âgée d'une dizaine d'années me rappelle à quelle point notre monde se meurt. Sa poitrine qui se soulève doucement est un signe qu'il vit mais doit souffrir le martyre.

La poix qui recouvre la moitié de son visage indique qu'il est tombé malade il y a une semaine ou deux peut-être. La Poix qui est le terme qu'utilise les villageois pour désigner cette maladie mortelle regroupant grippe, peste et autres saletés.

Personne ne sait comment la soignée et même comment on l'attrape. Je croise son regard et me surprend à prier pour qu'il cesse de lutter, je ne peux l'approcher et me risquer à l'attraper. Mais ma curiosité me pousse à l'observer davantage, si la poix ne lui grignotait pas le visage, il aurait pu être un très bel enfant. Ses cheveux noirs jais et ses yeux noisettes me rappelle mon frère. Ce sentiment douloureux m'oblige à rester auprès de lui comme je suis aussi restée il y a trois ans au chevet de mon cher frère mourant. Vu le peu de vêtement sur lui, ces parents ont dû l'abandonné ici pour qu'il succombe plus vite à la maladie et au froid, je sais à quel point il souffre donc je me résigne à ne lui poser aucune question.

Je commence à fredonner la mélodie que mon frère aimait tant. Quand nous étions enfant ma mère cousait en sifflotant cette berceuse, mon frère ne s'endormait pas avant que ma mère ne finisse. Une boule se forma dans ma gorge, les paroles ont du mal à sortir et les souvenirs de nos moments heureux ressurgissent. Les larmes me montent aux yeux et je sens le regard du garçon comme un énorme poids sur mes épaules. J'inspire et puis je fais comme ma mère je me mets donc à chanter.

-« O mor siriol, gwena seren » (Toute autre lumière est obscurité,)

-« Ar hyd y nos » ( Pour montrer la véritable beauté,)

-« I oleuo'i chwaer ddaearen » (Nous rassemblons notre faible lumière)

-« Ar hyd y nos. » (Toute la nuit)


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