L'histoire De Leur Vie

elise

Je suis partie pensive.
Je ne savais pas ou aller. J'espérais rencontrer Louis en vérité. Il arrive bien à me calmer quand j'angoisse.

Je me questionne sur mon avenir depuis que je suis au lycée. Depuis que mon frère aîné est décédé.
Avant qu'il tombe dans la drogue il était très ambieux. «Je vais être président de la République lili» me disait-il quand on était plus jeune. Après il m'avait dit qu'il préférait devenir astronaute. Je me souviens que le jour où il m'avait dit ça, j'avais été très triste de savoir qu'il devrait partir dans l'espace, sur la lune ou autre -j'avais 7 ans à l'époque. Pour me rassurer, il m'avait dit qu'il donnerait mon nom aux étoiles les plus brillantes. Cette annonce avait suffit à apaiser ma peine.

Et nous avons grandit. Nous nous sommes rendus compte de la dure réalité de la vie, il ne suffisait plus de vouloir à présent.
Il était revenu à la raison en grandissant. Il voulait sérieusement reprendre l'entreprise de notre père. Il se voyait déjà changé le slogan de la société pour créer le nouveau : «Le bâtiment de père en fils». Il en était fière. Mon père avait été enchanté de cette idée. Ma mère et moi aussi.

Puis il est mort.

Quelque temps après sa mort, mon père avait fait écrire ce slogan sur ses cartes de visite et sur les camionnettes de la société.
Je sais que ça le brise à chaque fois qu'il doit expliquer cette histoire aux nouveaux clients.

J'aurai donné tout, tout ce que j'ai pour pouvoir m'entretenir avec mon frère, pour qu'il me rassure, qu'il me dise pourquoi il m'avait laissé seule. Mon grand frère. Tu devais me protéger... Aujourd'hui je suis seule.

Une main m'a attrapé le bras alors que les larmes venaient noyés mes yeux verts.
Un regard bleu s'est plongé dans le mien. Louis. Toujours là quand on a besoin de lui, même quand on ne le lui dit pas.
Il m'a prise dans ses bras. N'a rien dit.

Nous ne parlions pas de notre avenir commun. J'avais exigé des le début de vivre dans le présent sans faire de plans dans le futur. J'étais persuadée que tout été éphémère et je ne voulais pas être déçue. Surtout à la vue de son passé... Qui pouvait me certifier qu'il ne replongerait pas ? Personne.

Son parfum délicat me chatouillait les narines. J'ai fait un pas en arrière. Il m'a scruté de haut en bas puis de bas en haut. J'ai dit :

- Je vais bien.
- Comme toujours, a-t-il répondu, très peu convaincu.

Je n'aime pas me plaindre. Même à la mort de Tyler, je ne supportais pas tous ces gens qui venaient nous dire à quel point ils étaient désolés. «Un ange parti trop tôt» disaient-ils souvent. Ah oui, un ange. Que c'est beau. Mais que c'est faux. Mon frère était loin d'être un ange.

- Dis moi qu'est ce qui te tracasse ? A-t-il fini par me demander.

J'ai hésité quelques secondes et j'ai répondu :

- Je ne sais pas quoi faire de ma vie. Je ne sais pas où aller l'année prochaine. Je n'ai pas envie de quitter ma mère et mes amies. C'est difficile.

- Ta mère, tes amies et... Et moi ? M'a-t-il fait remarqué.

Sur le moment, j'ai eut envie de lui dire qu'il ramenait tout à lui et que ça devenait exaspérant. Puis j'ai vu ses yeux tristes de voir que je ne pensais pas à lui quand je parlais des gens que j'allais quitté l'année prochaine.
Bien sûr que si, je pensais à lui mais... C'est vrai que je pense a lui plus tard.

- Et toi, évidemment ai-je fini par avouer.

La sonnerie a empêché une probable dispute, la reportant ainsi à la pause déjeuner...

Il m'a pris la nuque pour me tirer vers lui et m'a embrassé sur le front.

Il est parti sans rien dire de plus et m'a laissé seule au milieu d'une foule naissante.