Rouge et Blanc (Tome 1)

Chapitre 1

Je me réveille en sursaut, alarmé par un cri guttural provenant de la pièce d'à côté. Je fouille du regard la petite pièce qui me sert de chambre en tentant de trouver ce son étrange qui vient de me tirer du sommeil, lorsque je vois Téa, ma coloc, qui danse sur du métal très agressif. Je me lève et vais éteindre sa musique pour me rendormir, mais je réalise que nous sommes samedi et que je dois me dépêcher pour me rendre chez mes parents pour déjeuner. J'enfile donc un jeans noir, serré, un chandail blanc et des baskets Converses noires pour filer ensuite. Téa et moi, on vit dans un petit appartement à New-York, dans le Queens. Notre loyer est très modique, il est dans la grande ville, nous sommes donc plutôt avantagées. Je salue mon amie et me dirige vers mon automobile pour me rendre chez mes parents.
La radio de ma bagnole est ouverte et les chansons défilent. Je chante avec One Direction, Shawn Mendez et Selena Gomez en me foutant du fait que ma vitre est baissée et que des gens peuvent m'entendre. Arrivée chez mes parents, qui vivent en banlieue de la ville, je stationne mon auto dans la rue, sur le bord du trottoir, et je sors pour aller cogner. Cependant, en traversant la rue, une voiture sport qui arrive à toute vitesse manque me frapper. Je crie des insultes au chauffeur imprudent, qui sort de la voiture à ce moment. Je suis tellement enragée par le fait que dans un quartier résidentiel, une personne ait tellement peu de respect pour les autres qu'elle se permette de rouler si vite et de prendre le risque de tuer quelqu'un. Le chauffeur sort de sa voiture, une cigarette dans la bouche, me soufflant sa fumée au visage en me traitant de tous les noms:
-Hey salope, tes parents t'ont pas appris à regarder avant de traverser?, me hurle-til au visage.
Je remarque alors que le gars est beau. Pas une beauté saine. Une beauté manipulatrice, suspecte. Il est grand, mince, il a les cheveux noirs dépeignés, la barbe de trois jours, un piercing au sourcil gauche et des stretchs dans les oreilles. Des tattoos dépassent du col de son chandail et des manches de sa veste.
-Excuse-moi connard, mais tu roulais à 80 dans une zone de 40. Pour ce qui est des règles de vie, on reparlera.
Il me jette un regard meurtrier. Je suis surprise par mon culot, habituellement, je n'agis pas ainsi, même lorsque je suis en colère, mais ce type, je l'ai déjà sous les ongles.
-Va te faire foutre, me dit-il enfin.
Je le regarde partir, heureuse d'être débarrassée de ce con et me dirige vers chez mes parents. Lorsque je cogne à la porte, ma mère m'ouvre la porte et m'ouvre les bras. Elle me serre fort et me laisse ensuite aller saluer mon père. Sur la table, il y a une tour de crêpes qui me fait saliver, mais je me dirige d'abord vers la chambre de mon père. Je le vois étendu sur son lit, avec la prise du sac de soluté dans son avant-bras, et au moment où j'entre dans la pièce, il ouvre les yeux. Je m'approche, je prend sa main et lui demande : "Ça va papa?"
Avec la voix qui tremble, il me répond "Bien, merci, je sens que je vais bientôt en finir..."
Parce que mon père a un cancer généralisé qui touche ses poumons, son foie, son cerveau et son sang. Je vais le voir les fins de semaines pour lui tenir compagnie et profiter de ses derniers moment de vie pour lui dire que je l'aime, que je pense à lui. Je lui prend la main, cette main qui autrefois, était toute en chair et qui, aujourd'hui, n'a que la peau sur les os.
"C'est l'heure de déjeuner, lui dis-je, veux-tu venir avec moi?"
Il me regarde et acquiesce, je traîne donc sa chaise roulante, l'y assis et le pousse vers la cuisine. À la table, ma mère ajouté un couvert pour mon père. Nous mangeons, nous parlons, nous rions, je suis soudain nostalgique car il s'agit d'un des derniers moments comme ça, en famille, que je vais passer. J'en profite donc un maximum. Alors que je suis pleine et que là moindre bouchée de plus me ferait rendre mon déjeuner, mon père va prendre sa sieste. Je reste après pour donner un coup de main à ma mère avec la vaisselle et je pars avec des petits plats pour Téa et moi pour nos soupers de la semaine.